L’art n’a jamais été aussi vivant au Rwanda, les horreurs du passé ayant laissé place à une explosion de créativité. Son pouvoir thérapeutique façonne la culture populaire et transcende l’ethnicisme, ouvrant le pays à la circulation des idées.
- Reconstruire le pays
L’amour de leur pays n’a jamais quitté les artistes rwandais. Par leurs œuvres, ils aident le pays à retrouver le goût du vivre-ensemble et à faire face aux enjeux de la reconstruction. Pour eux, il n’y a jamais eu un autre chemin à prendre, un autre choix à envisager. Par leurs œuvres, ils montrent que quelque chose de beau et d’inattendu peut surgir à tout moment, bousculant les certitudes. Ils invitent ceux qui se retrouvent seuls avec un trop-plein d’amour à le donner à ceux qui en ont le plus besoin. Ils disent à tous qu’ils partagent les mêmes collines, les mêmes réalités visibles ou invisibles et qu’ils doivent reconstruire ensemble le pays sur des meilleures bases. Les artistes veulent faire en sorte que tous se sentent vivants et concourent à l’évolution et à l’affinement de l’âme rwandaise. Grâce à leurs œuvres, ils aident la population à récupérer ce sourire perdu à cause d’un terrible passé et à y apporter un remède efficace. A travers ce regard particulier qu’ils posent sur le monde, ils ont pour mission d’émouvoir en cherchant à montrer leurs propres émotions. Leur public en a terriblement besoin, formaté par un monde économique, politique et social agressif. Bref, ils veulent réapprendre à leur peuple le plaisir, la joie, et le goût du combat intérieur et de la croissance.
- Peintres
Côté peinture, même si le spectateur n’est pas expert sur les couleurs et les ombres, les règles de composition et de perspective, ce qu’il voit l’aide à communier avec lui-même et à devenir libre, sincère et capable d’exprimer ses sentiments en découvrant les notes de musique qui sont en lui. Créant du lien avec la société, les peintres rwandais traduisent la vie en suscitant la liberté d’expression. Passeurs de gué, faiseurs de voyage, ils sont là pour aider les autres à passer, à coup d’émotions, sur l’autre rive. Ils disent tout haut ce que nous avons de si secret, sans même le savoir. Leur audace nous rend, après la traversée, à la fois plus différents et plus nous-mêmes.
- Acy Amoy, Kalungi et les autres
Dans le domaine de la peinture, de nombreux centres dans le pays permettent de découvrir les artistes rwandais. A Kigali, on a : Inema Art Center, Nivo Art Gallery, Ivuka Arts Center, Ivuka Arts Kigali, Kigali Arts Center, Tongo Art Gallery, Mothaland Arts, Ikaze Showroom, Yego Arts Studio,…
Parmi les peintres les plus en vogue, citons Acy Amoy, Kalungi Godfrey, Emmanuel Nkuranga, Innocent Nkurunziza, Tutu Semutwa Emmanuel, Mucyo Mu, Denis Nkotanyi, Jjukoo Hoods, Ruganzu Bruno, Timoth Akimanzi, Sam kambari, Abdelilah Bensas, Kwizera Trezor, Keneth, Ben Praylle, …
Parlons de deux d’entre eux. Acy Amoy, Saleh Twizeyimana de son vrai nom, est né en 1986 à Bujumbura, au Burundi. Il a grandi dans une famille d’artistes qui lui ont transmis leur amour de l’art. Il est l’un des fondateurs du Yego Arts Studio à Kigali. Ses peintures et sculptures reflètent son attirance pour l’art abstrait. Il a participé à de nombreuses expositions : Move Africa, Belgium School (Kigali, 2008), Coco Jambo (Congo, 2012), Yego Art Studio Gallery (Kigali, 2013), Solo Exhibition, Heaven Restaurant (Kigali, 2014).
Kalungi Godfrey est né en Ouganda d’un père rwandais et d’une mère ougandaise. Il a grandi en Ouganda, y a fait ses études et y a enseigné. Au Rwanda, il a participé à la création du Inema Art Center et enseigne à l’ISKR (International School of Kigali, Rwanda).
Acy, Godfrey, … et les autres, à travers des styles aussi divers que les vies sur la planète, nous font découvrir le monde et toucher du doigt ce qui ne va pas dans la société de notre temps. Visionnaires, ils critiquent et caricaturent le réel afin d’éveiller la société à d’autres goûts et d’autres intérêts.