D’une superficie de 1 137 000 km2, l’Éthiopie est, avec sa population de 94 millions d’habitants, le second pays le plus peuplé d’Afrique, après le Nigéria et avant l’Egypte. La dépression du Grand Rift, qui parcourt le pays d’ouest en est sur 600 km, évacue vers l’Océn Indien les principaux cours d’eau de la Corne de l’Afrique. La topographie du pays est extrêmement diversifiée, allant du désert du Danakil situé à 120 m sous le niveau de la mer au sommet enneigé du mont Rash Dashan qui culmine à 4 550 m, en passant par le plateau central (1 800 à 3 000 m), les massifs et canyons escarpés, la savane et le désert. L’histoire du pays est aussi diversifiée que sa géographie.
● Berceau de l’humanité
L’Ethiopie fait partie des pays africains où ont été découverts les plus anciennes traces d’hominidés. Le cas le plus célèbre est celui de Lucy, découverte en 1974 sur le site de Hadar. Premier fossile relativement complet (40 %) datant d’une période aussi reculée (3,2 millions d’années), Lucy est bipède, montrant ainsi que la bipédie était beaucoup plus ancienne qu’on ne le pensait. A quatre kilomètres du site de Lucy, Selam, « bébé de Lucy », a été découvert en 2000. L’Ethiopie est également le pays où ont été retrouvés les plus anciens fossiles d’Homo Sapiens : Omo 1 et Omo 2, découverts à Kibish en 1967 (- 195 000 ans) et Herto I (-154 000 ans) découvert en 1997. Les découvertes faites en Ethiopie, et ailleurs dans le continent, confortent la théorie faisant de l’Afrique le berceau des hommes modernes.
● Aksoum
Durant l’Antiquité, l’Ethiopie est connue comme le pays de Pount. Divers royaumes s’y succèdent jusqu’à l’émergence au 1er siècle avant Jésus Christ, du royaume d’Aksoum, situé au bord de la Mer Rouge. Aksoum se caractérise par le développement de l’alphabet éthiopien et son architecture monumentale dont les obélisques de granit sont visibles encore aujourd’hui. Aksoum marque aussi l’entrée du pays dans le christianisme, avec la conversion vers 330 d’Ezana, de l’empereur d’Aksoum par Saint Frumence de Tyr. A partir de la fin du 6è siècle, l’expulsion, avec l’aide des Perses, des bases aksoumites installées en Arabie méridionale, et l’expansion de l’Islam marquent la fin d’Aksoum qui s’effondre définitivement vers 990.
● Zagwé
Après plusieurs affrontements pour le contrôle du centre du pays, ce sont les Zagwés du Lasta qui prennent le pouvoir vers 1140. Ils étendent leur empire vers le nord (Tigré, Bégemeder, Wello), sous Gebre Mesqel, et entreprennent, avec le soutien de l’Eglise éthiopienne orthodoxe, la construction des célèbres églises taillées dans le roc de Lalibela. En 1270, le dernier souverain zagwé, Yetbarek, est renversé par Yekouno Amlak, premier monarque de la dynastie Salomonide qui gouvernera le pays sans discontinuer jusqu’en 1974. S’ouvre alors « l’âge d’or de la dynastie salomonide » avec un développement culturel et une expansion territoriale menée par Amda Syon I (1314-1344) et ses successeurs Dawit I et Yeshaq I et surtout Zara Yaqob (1436-1468) qui étend l’emprise du christianisme. Cette époque faste prend fin avec l’agression des sultanats islamiques voisins.
● Musulmans et Portugais
En 1527, les musulmans, conduits par Ahmed Ibn Ibrahim Al Ghazi, et soutenus par les Ottomans, déclarent la guerre à l’Empire chrétien éthiopien. Celui-ci vacille et ne doit son salut qu’aux Portugais qui viennent au secours de l’empereur Lebne Dengel et le débarrassent d’Ahmed, à la bataille de Wayna Daga le 21 février 1543. Le pays, presque ruiné, assiste à l’arrivée des populations Oromos venues du sud et à celle des Jésuites qui imposent la religion catholique au roi Sousnéyos. Une véritable guerre de religion s’ensuit avec les orthodoxes. Sousnéyos abdique alors, en juin 1642, en faveur de son fils Fasilides.
● Gondar
Fasilides fonde Gondar qui devient la nouvelle capitale du pays, avec la construction de plusieurs châteaux de type médiéval. Les divisions théologiques, la montée de l’islam et les offensives Oromos affaiblissent alors l’empire au profit des seigneurs locaux qui imposent leur règle jusqu’au milieu du 19è siècle.
● Ere moderne
Le pouvoir impérial est restauré avec trois souverains qui se succèdent à partir de 1855 et vont moderniser le pays. Téwodros II (1855-1868) étend et unifie le pays ; Yohannes IV (1872-1889) le défend contre les Egyptiens, les Italiens (défaits à Dogali en 1887) et les Madhistes soudanais ; Menelik II bat les Italiens à Adoua en mars 1896. Après le début du 20è siècle marqué par les règnes de Ledj Eyassou et Zewditou I, le régent Tafari Makonnen ouvre le pays en le faisant adhérer à la Société des Nations et en abolissant l’esclavage. Couronné le 2 novembre 1930 sous le nom d’Haïlé Sélassié, il ne peut empêcher l’invasion mussolinienne de 1935. De retour au pays après sa libération en 1941, il poursuit sa politique d’industrialisation. Toutefois, il ne parvient pas à faire face aux troubles qui éclatent (Tigré en 1943, Godjam, Balé, Ogaden et Erythrée en 1960) et aux manifestations contre son pouvoir.
● Derg
En 1974, Haïlé Sélassié est destitué par le Derg (gouvernement militaire provisoire) qui met ainsi fin à une des plus vieilles monarchies du monde. Après avoir été enlevé de son palais et emprisonné en août 1974, le vieux roi est confiné durant près d’un an dans l’ancien gebbi de Ménélik II, avant de mourir étouffé par un médecin militaire, en présence de Mengistu Hailé Maryam, dans la nuit du 26 août 1975. D’inspiration soviétique (nationalisations, parti unique, …), le Derg mène une répression massive (Terreur Rouge) d’où Mengistu Hailé sort comme l’homme fort du pays qu’il dirige de 1977 à 1991. La fin de l’URSS, qui ne peut plus soutenir le régime, et les victoires des guérillas du Tigré et de l’Erythrée aboutissent à la chute du Derg en mai 1991.
● Premières élections
L’arrivée au pouvoir du FDRPE (Front Démocratique Révolutionnaire du Peuple Ethiopien) marque le début d’une nouvelle période dans la vie politique du pays. Les années qui suivent seront marquées par les premières élections multipartites du pays, une nouvelle constitution, l’indépendance de l’Érythrée en 1993 (qui fait perdre à l’Ethiopie son accès à la mer), suivie par un conflit de deux ans entre les deux pays, les rébellions de l’Oromo et de l’Ogaden, le pouvoir fort de Meles Zenawi, premier ministre de 1991 à 2012, année où il décède brutalement. Depuis octobre 2014, Mulatu Teshome est le président, un poste essentiellement honorifique, la gestion de l’État étant entre les mains du Premier ministre (Hailemariam Desalegn).
● Religions
Le christianisme est la religion majoritaire de l’Ethiopie. La population chrétienne se répartit entre l’Eglise éthiopienne orthodoxe (43 % de la population totale), les protestants (20 %) et les catholiques (moins de 1 %). Le christianisme a été introduit en Éthiopie vers 330 lorsque Saint Frumence de Tyr convertit le roi Ezana d’Aksoum. L’Ethiopie est ainsi considéré comme le plus vieux pays chrétien au monde, après l’Arménie. Quant à l’Islam, il serait pratiqué par un tiers de la population.