Liban 2/5 : Deir al Qamar

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Deir Al Qamar (couvent de la lune) est un village du Chouf au Liban, situé à 16 km du littoral méditerranéen, à 900m d’altitude. Région montagneuse située au coeur historique du Mont-Liban, le Chouf fut le berceau du Liban moderne. Auparavant, le village se nommait « Dar Al Qamar » qui signifiait « La demeure de la Lune », car il s’y trouvait un temple romain consacré à la lune. Situé à coté de la ville de Beiteddine, Deir al Kamar est aujourd’hui un village majoritairement chrétien, un des rares villages chrétiens du chouf demeurés intacts à la fin de la guerre du Liban, mais rendu tristement célèbre par la guerre de la montagne qui le PSP druze et les Forces libanaises chrétiennes à la fin de l’été 1983, et se solda par le départ des chrétiens.

Au cours de la domination ottomane, dès 1516, les gouverneurs du Mont-Liban dirigent les territoires qui leur sont assignés à partir de leurs résidences successives : Baakline, Deir Al Qamar et Beiteddine. Le plus célèbre d’entre eux, l’Emir Fakhreddine II Maan, parvient dès 1623 à étendre son pouvoir au delà du territoire qui constitue le Liban actuel. Lorsque son grand-père Fakhreddine 1er accède au pouvoir en 1518, il s’établit à Baakline puis, à cause des difficultés d’approvisionnement en eau potable, à Deir Al Qamar qui devient capitale du Mont-Liban. Avec la disparition du second et dernier Emirat de la dynastie des Emirs Chéhab, successeurs des maanides, vers la moitié du XIXe siècle, l’importance de Deir Al Qamar décline peu à peu au profit de Beiteddine puis de Beyrouth, l’actuelle capitale de Liban.

Bordant la place au nord, la Kaïssariyyé, le Kharj et le palais de l’Emir Fakhreddine II forment un bel ensemble architectural dont le rez-de-chaussée, formé de salles voûtées servait d’écuries. Le centre de la place est occupé par un bassin du XIXe siècle, alimenté par l’eau du Chalout. A l’ouest de la place fut construite en 1493 la première Mosquée de la montagne par l’Emir Fakhreddine 1er, premier Emir de la dynastie Maan, pour ses mercenaires sokmans. Des inscriptions sur les façades de l’édifice mentionnent le nom de l’Emir, la date de construction ainsi que trois versets du Coran. Le monument, du plan carré, est constitué d’une salle voûtée d’arêtes et d’un minaret octogonal dont l’inclinaison est la conséquence d’un tremblement de terre survenu en 1630.

Dominant la mosquée et le Midane, le souk des cordonniers était autrefois le plus animé de la ville et comprenait 38 boutiques et ateliers. Aujourd’hui restauré mais fortement réduit, il abrite encore quelques petits commerces.

Quelques marches plus haut et donnant sur la rue qui mène à la Kaïssariyyé, se trouve le palais de l’Emir Younès Maan qui était le commandant en chef de l’armée durant l’exil volontaire de son frère Fakhreddine II en Italie en 1613. Un étage de son palais fut détruit vers la fin du XVIIIe siècle par l’Emir Youssef Chéhab (1770 – 1789) qui utilisa ses matériaux pour construire son propre sérail, l’actuelle municipalité. On y pénètre après avoir franchi un portail dont la richesse de la décoration et la polychromie des pierres contrastent avec la façade austère de cet édifice.

Non loin, se trouve la Kaïssariyyé. Construite en 1595 sous le règne de l’Emir Fakhreddine II, elle fut un marché public fermé destiné, à l’origine, au commerce de la soie, industrie florissante à l’époque dans la région. Avec sa cour à ciel ouvert, son bassin central et ses magasins s’ouvrant sous des portiques, cet édifice adopte la disposition classique d’établissements similaires: les khans ou caravansérails des époques mamelouk et ottomane. De nos jours, il accueille les manifestations culturelles organisées par la Comité d’Initiative de la Ville.

Au fond de la cour, quelques marches permettent d’accéder au Kharj. Destiné à l’origine pour servir de caserne aux mercenaires de Fakhreddine II, en même temps que de dépôt de munitions, ce bâtiment fut transformé sous l’Emir Béchir III (1840 – 1842) en entrepôt de provisions alimentaires réservés essentiellement aux soldats. Il abrite depuis 1992 les locaux du Centre Culturel et Linguistique que la mairie a mis bénévolement à la disposition de la Mission Culturelle Française.

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