ADDIS ABEBA, CAPITALE DE L’ETHIOPIE ET TOIT DE L’AFRIQUE
Concentrant en son sein toute la diversité du pays, Addis Abeba est une immense agglomération qui compte aujourd’hui 5 millions d’habitants, population qui pourrait tripler d’ici 2024. Toit de l’Afrique, avec son altitude de 2 500 m, et siège de l’Union Africaine, Addis Abeba a l’ambition de devenir la plaque tournante incontestée du continent.
● Histoire
La capitale de l’Ethiopie doit son histoire à l’empereur Menelik II (1844-1913) qui voulut régner sur le pays depuis son cœur, et non depuis ses marges, comme l’avaient fait ses prédécesseurs (Axoum au nord, Gondar à l’ouest). Il avait tout d’abord établi ses quartiers à Entoto, colline surplombant Addis. Mais son épouse, Taitu, le convainc de descendre quelques centaines de mètres plus bas, près de sources d’eaux chaudes qu’elle affectionnait. C’est là que la cour s’installe et que naît en 1886, Addis-Abeba, « la nouvelle fleur » en amharique, langue locale. En 1886, Menelik II ordonna la construction d’un palais à Addis Abeba, mais c’est à partir de la famine de 1889-1892 et de la victoire d’Adoua en 1896, que le développement de la ville commença véritablement, avec l’installation de nombreux migrants de l’intérieur du pays et de l’étranger (indiens, arabes, italiens, grecs).
● Miyazya 27
Miyazya 27 est un monument situé au centre de la place « Adebabay Miyazya 27 » qui commémore la victoire nationale face aux forces italiennes occupant le pays (1935-1941). « Miyazya 27 » est la date, dans le calendrier éthiopien, du 5 mai 1941, jour de la libération d’Addis Abeba. Sur le monument original, figurait un relief d’Hailé Sélassié dernier empereur, déposé en 1974) tenant le drapeau éthiopien. Chaque 5 mai, Haïle Sélassié se rendait au pied du monument et y déposait une gerbe après avoir assisté à un service à l’église Meskia Hazunan Medhane Alem. A la révolution, le Derg a remplacé le relief d’Hailé Sélassié par celui d’un soldat, avant que le régime du FDRPE ne rende le monument à son modèle original. Lors des visites officielles, les Chefs d’État continuent de déposer une gerbe.
● Yekatit 12
Yekatit 12 est une place d’Addis Abeba au centre de laquelle se dresse le monument du Yakatit 12, en mémoire des victimes du massacre de Graziani perpétré durant l’occupation italienne. Il se trouve au milieu d’un rond point d’où part l’avenue Entoto qui mène à la colline du même nom. L’ampleur des massacres marqua le début du mouvement de résistance à l’envahisseur italien, les Éthiopiens ayant compris qu’ils n’avaient plus d’autre solution que de se battre.
● Tiglachin
Tiglachin (« notre lutte » en amharique) est un monument à la mémoire des soldats éthiopiens et cubains ayant participé à la guerre de l’Ogaden. Il fut érigé sous Mengistu Haïlé Mariam, celui qui renversa Haïlé Sélassié. Le monument est composé d’une statue centrale, d’un grand pilier, de deux reliefs muraux sur les côtés et de deux squares avec les portraits de soldats cubains. La guerre de l’Ogaden oppose l’Ethiopie alors dirigée par le Derg (Gouvernement militaire provisoire de l’Éthiopie socialiste) et la Somalie, entre juillet 1977 et mars 1978. Le conflit débute avec l’invasion de l’Ogaden par l’armée de Siad Barre, président somalien, qui souhaite constituer la Grande Somalie. En effet, la Somalie, dès sa naissance le 1er juillet 1960, de la réunion de l’ancien Somaliland britannique et de la colonie italienne de Somalie, n’a pas correspondu aux aspirations du nationalisme local puisque plus d’un million de Somaliens se trouvaient à l’extérieur de ses frontières, en Somalie française, au nord du Kenya et dans la province éthiopienne de l’Ogaden. Dès le départ, la Somalie a refusé de reconnaître ses frontières, ce qui se traduisit par exemple, sur le drapeau national, par l’adoption d’une étoile blanche à cinq branches, chaque pointe représentant un segment de la Somalie divisée par les puissances coloniales. La guerre de l’Ogaden s’achève par une victoire éthiopienne.
● Eglise Baata Maryam
L’église Baata Mariam abrite le mausolée où repose le corps de Ménélik II, fondateur de l’Ethiopie. Construite par des architectes grecs et allemands, elle a été inaugurée le 12 décembre 1928 en présence de la reine Zawditu et du Negus Tafari (qui deviendra Haïlé Sélassié). C’est la reine qui en aurait été le principal commanditaire. Le mausolée est érigé au sommet de la colline du palais. Le gouvernement voulait ainsi placer le pouvoir royal et la ville sous la protection de Ménélik II, l’illustre souverain défunt, reconnu et célébré comme un des créateurs de l’Éthiopie contemporaine. Baata comporte les divisions traditionnelles des églises éthiopiennes : elle compte quatre entrées, et son espace intérieur est divisé en trois parties. Les attributs de l’ancien roi sont inscrits dans l’architecture du bâtiment : le toit est surmonté d’une couronne, visible à distance. L’initiale du souverain est gravée sur le fronton de l’église, et deux lions en pierre sont postés devant chacune des quatre entrées. Ils illustrent la devise royale « Il a vaincu le lion de Juda ». La tombe de Ménélik II est située dans une crypte, entre celle de son épouse Ṭayṭu et celle de la reine Zāwditu, décédée en 1930. Les fresques de l’église ornent les quatre voussures de la partie supérieure de l’église. Une de ces fresques représente la rencontre de la reine de Saba avec le roi Salomon. Cette scène, extraite du Kebra Nagast (Gloire des Rois), confère une origine biblique au pouvoir de Ménélik II. La fresque suivante fait écho à la première, puisque Ménélik II est représenté dans la même position que la reine de Saba, dans une scène où il reçoit la couronne des mains du métropolite orthodoxe, au centre de l’image. Cette peinture rappelle les fondements chrétiens du pouvoir royal éthiopien et l’alliance du pouvoir et de l’Église. La troisième scène représente la bataille d’Adoua (1896) contre l’armée coloniale italienne, victoire qui constitue l’un des épisodes les plus marquants du règne de Ménélik II. La quatrième peinture relate le don des clefs de Harar par Ménélik au Ras Makonnen, père de Tafari, après la prise de la ville en 1887.
● Eglise de la Trinité
Alors que Baata Maryam a été achevée en 1928, Haïlé Selassié commandite quelques mois après son intronisation en 1930 la construction de l’église de la Trinité, ou Qeddest Selasse, qui devait lui servir de lieu de sépulture. La nouvelle église est construite dans le voisinage immédiat du siège du site choisi pour l’édification du Parlement. Si Baata ressemble à une église byzantine, le plan en croix et les décorations de Qeddest Selasse l’apparentent plutôt à une église romaine. Interrompue par l’invasion italienne en 1936, l’édification de Selasse est reprise en 1941 et son inauguration a lieu en 1943. Contre toute attente pour une église éthiopienne, des niches sont creusées autour du bâtiment pour accueillir des statues, qui ornent aujourd’hui également le parvis. L’espace intérieur du monument est divisé en une nef centrale et deux nefs collatérales. L’édification de Qeddest Selasse est parallèle à la construction de l’indépendance religieuse de l’Éthiopie vis-à-vis de l’Église copte d’Égypte. C’est en effet en 1948 qu’un accord entre les deux parties est signé et que Basileos devient le premier Éthiopien à pouvoir consacrer des évêques. L’Église d’Éthiopie devenait ainsi autocéphale. Qeddest Selasse est alors désignée pour accueillir les cérémonies de consécration des nouveaux dignitaires de l’Église éthiopienne. Elle est surnommée « cathédrale », sur le modèle de l’église romaine où la cathédrale est l’église de l’évêque et le lieu où il est consacré. L’architecture de l’église et ses nombreuses statues rappellent les églises catholiques. Veulent-elles faire une comparaison avec l’Église de Rome, dont l’Église éthiopienne, indépendante, est désormais l’égale ? À son retour d’exil en 1941, Haïlé Selassié transforme le bâtiment en lieu de mémoire pour les patriotes éthiopiens tués pendant l’occupation italienne. Monuments, tombes des soldats, plaques commémoratives, drapeaux et peintures mettent en scène la lutte de la royauté et la résistance éthiopienne pour la libération de l’Éthiopie. Quatre fresques surplombent le chœur de l’église. La première représente la Crucifixion de Jésus. La seconde représente Haïlé Selassié à la tribune de la Société des Nations, en juin 1936, dénonçant l’invasion italienne. La troisième fresque représente le retour de Haïlé Selassié en Éthiopie avec les forces britanniques en 1941. La dernière fresque représente les funérailles de la princesse Zenabe Warq, fille de Haïlé Selassié et de Menen, née en 1918 et décédée en 1933. Les tombeaux du roi et sa femme se trouvent dans une chapelle à gauche du chœur. Leur forme évoquee à la fois Aksum et Lalibela, deux hauts lieux de l’histoire de l’Ethiopie. La cathédrale de la Trinité était l’église officielle de la famille royale pour la célébration des fêtes religieuses.
● Musée National d’Éthiopie
Le Musée National d’Ethiopie présente l’héritage historique, culturel et archéologique du pays. Le musée a été créé en 1952 et se développe à partir de la création d’un Institut national d’archéologie en 1958. Le musée est divisé en 4 sections : section historique et archéologique (période pré-Axoum jusqu’au XXe siècle), section paléoanthropologie, section moderne (œuvres d’art contemporain traitant de l’histoire de l’Éthiopie), section ethnologie (habits, bijoux, objets de plusieurs groupes ethniques). Les nombreux fossiles exposés, incluant originaux et reproductions, permettent de retracer les grandes étapes de l’évolution humaine et de la préhistoire. Aux côtés de Lucy, découverte en 1974 à Hadar, on retrouve l’ensemble du registre fossile éthiopien, le plus riche du continent africain. Il inclut d’autres célébrités, comme Ardi, le plus ancien squelette d’hominidé connu à ce jour. Datant de 4,4 millions d’années, il a été découvert en Éthiopie et les résultats de son étude, publiés en 2009, ont apporté des informations fondamentales sur le dernier ancêtre commun aux humains et aux chimpanzés et sur les tendances évolutives des différentes lignées. L’exposition héberge aussi Selam, un autre fossile exceptionnel trouvé en 2000 dans la même région que Lucy. Le squelette quasi complet de ce bébé australopithèque âgé de 3,4 millions d’années a notamment permis de mieux comprendre le mode de croissance de l’espèce Australopithecus afarensis. La galerie accueille également les plus anciens représentants de notre espèce, des Homo sapiens vieux de 160 000 ans, et les plus anciens outils au monde.
● Institutions africaines
Addis Abeba assume des fonctions politiques internationales depuis 1963, date de création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) sous le patronage d’Haïlé Sélassié. L’OUA était d’abord situé sur le site de l’Africa Hall, œuvre de l’architecte italien Arturo Mezzedimi. L’immense vitrail recouvrant une surface de 150 m2 a été réalisé par le célèbre artiste éthiopien Afewerk Tekele. Son titre « Afrique, passé, présent et futur » parle de lui-même. Sous l’effet de la lumière qui le traverse, le vitrail dessine une gigantesque mosaïque de couleurs sur le sol du hall. L’Africa Hall abrite aujourd’hui la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique. L’Union Africaine a quant à elle emménagé dans son nouveau siège construit par la Chine et inauguré en 2012. La Chine a investi 200 millions de dollars pour ériger ce bâtiment de 99,9 mètres de haut et de trente étages, le plus élevé de la ville selon ses concepteurs. Les Chinois ont payé jusqu’au mobilier, fourni la plus grande partie du matériel de construction, et mobilisé une équipe de 1 200 ouvriers chinois et éthiopiens qui se sont relayés depuis janvier 2009 afin de terminer l’ouvrage dans les temps. Le cadeau de Pékin montre que les autorités chinoises ne veulent plus paraître se concentrer uniquement sur l’exploitation des matières premières en Afrique.
● Université d’Addis Abeba
L’Université d’Addis Abeba a été fondée en 1950 par Haïlé Sélassié. L’université dispose de 25 facultés répartis sur 15 campus et serait la plus grande d’Afrique.
● Aéroport de Bole
La capitale éthiopienne est desservie par l’aéroport international de Bole situé à moins de 10 km au sud du centre-ville. Il a été réaménagé en 2003 et joue un rôle de hub entre l’Afrique de l’Est (région des Grands Lacs, Kenya, Tanzanie), l’Asie et l’Europe. La compagnie aérienne Ethiopian en a fait son aéroport d’attache et y a établi ses ateliers. Avec 8,7 millions de passagers, l’aéroport d’Addis Abeba est le quatrième d’Afrique après Johannesburg (21 millions), Le Caire (16 millions), Le Cap (10 millions). Addis Abeba est suivi par Casablanca (9 millions), Alger (8 millions), Lagos (7 millions), Tunis (5 millions), Dakar (2 millions) et Abidjan (2 millions).
● Métro
Addis-Abeba est la première ville d’Afrique subsaharienne à se doter d’un réseau de métro léger. Inauguré en septembre 2015, le métro d’Addis totalise 34 km et 39 stations. Sur une partie du tracé, la voie est en viaduc comme un métro, à d’autres endroits elle est aérienne, et à d’autres endroits encore elle coupe les routes de la ville. La construction du métro a été financée et réalisée par la Chine. 18 mois après sa mise en service, il a transporté 50 millions de personnes. Il a un impact positif, notamment pour les plus pauvres, en raison de ses bas tarifs.