Ghana 1/4 : Histoire

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Le Ghana actuel (240 00 km2, 26 millions d’habitants) doit son nom à son premier président, Kwame N’Krumah, qui voulut se référer au prestigieux ancien empire du Ghana qui occupa à partir du Xè siècle le territoire de l’actuel Mali.

L’empire soninké du Ghana (situé à l’emplacement de l’actuel Mali) fut le premier des trois grands empires ouest-africains : l’empire du Ghana (VIIIe au XIIe siècle), l’empire du Mali (XIIIe au XIVe siècle) et l’empire du Songhai (XIIe au XVIe siècle). L’empire du Ghana atteint son apogée au 10e siècle et englobe alors une partie des actuels états de Mauritanie et du Mali. C’est à cette époque, en 990, que le Ghana annexe Aoudaghost, grande cité berbère, centre des échanges en or, sel, ivoire et esclaves partant de l’Afrique noire équatoriale vers l’Afrique du Nord. L’empire du Ghana décline à partir du XIe siècle, avec la prise de sa capitale, Koumbi-Saleh, en 1076 par le chef almoravide Abu Bahr, puis en 1203 par Soumaoro Kanté, roi du Sosso, et finalement, en 1240, par l’empereur du Mali, Sundjata Keïta, qui la détruira. Le Ghana perd alors définitivement son indépendance et est intégré dans l’Empire du Mali. Fondé au XIIIe siècle par Soundiata Keita, l’empire du Mali atteint son apogée ai XIVè siècle sous le règne de Kankou Moussa, célèbre pour le fastueux pèlerinage qu’il effectue en 1324 à la Mecque. Le Mali tire sa richesse du commerce transsaharien des esclaves, du sel et de l’or (mines du Bouré) ainsi que de l’agriculture, qui bénéficie des terres fertiles de la boucle du Niger. Attaqué par les Mossi, les Touaregs puis les Songhaïs, le Mali entame progressivement son déclin marqué par la prise de Tombouctou en 1430 par les Touareg qui se partageront l’empire avec les Mossi. Ce sont les Bambara qui, au début du 18è siècle, porteront le coup de grâce au Mali. Au siècle suivant plusieurs petits royaumes mandingues se constitueront (Kaarta, Bambouk, Dentilia, Tenda, Oulli, Yani, Saloum, Fouini, …) dont aucun ne parviendra à égaler le rayonnement de l’ancien Mali. L’empire du Songhai, ancien vassal des empires du Ghana et du Mali, devenu la nouvelle puissance, connaît son apogée sous la dynastie musulmane des Askia avant de s’effondrer en 1591 suite à l’invasion des armées du sultan marocain Ahmed al-Mansur Saadi.

Dans la zone forestière, des États Akans se développent à partir du 14è siècle, près des mines d’or. Le plus puisant d’entre eux est l’Etat Ashanti, dont le premier souverain est Obiri Yebora auquel succède Osei Tutu. Les Ashantis obligent les peuples voisins à leur payer un tribut en or et en esclaves.

Un autre Etat puissant est le royaume de Mamprusi (peuples molé-dagbani) qui contrôle d’autres Etats (royaumes mossi de Yatenga et Ouagadougou, royaume dagomba du Dagbon…) mais devra à son tour payer tribu à l’Ashanti, sous forme d’esclaves.

Plus au sud, les peuples Ga-Adangbe s’unifieront progressivement sous l’autorité de souverains comme l’Okai Koi (17è siècle).

En 1471, les Portugais débarquent sur la côte du futur Ghana et fondent, en 1482, un premier comptoir commercial à São Jorge da Mina. Ils se lancent alors, pendant près de deux siècles, dans le commerce de l’or et des esclaves. Ils bâtissent la forteresse d’El Mina, base militaire qui leur permet de forcer les ethnies côtières à leur fournir or et esclaves. Ce commerce attire inévitablement les convoitises des autres nations européennes. Ainsi, en 1637, les Néerlandais s’emparent d’Elmina. En 1652, Henry Caerlof, navigateur et marchand néerlandais d’origine polonaise, facilite l’implantation des Suédois, à Carolusburg, qui deviendra en 1665 le Fort de Cape Coast des Anglais. Henry Caerlof construit également le Fort Christiansborg, alors appelé Fort Osu, à Accra. En 1666, les Néerlandais construisent à Elmina un deuxième fort, le fort Saint-Jacques.

Le commerce européen favorise la domination des Achanti auquel les peuples voisins doivent verser un tribut en esclaves. A la suite de l’interdiction de la traite négrière en 1807 par les anglais, le royaume Ashanti, craignant de perdre le bénéfice du commerce des esclaves, s’attaque aux Fanti, peuple côtier. Ceux-ci s’allient aux anglais qui, tout au long du XIXe siècle, mènent de nombreuses guerres contre les Achanti.
L’Empire Ashanti continue de prospérer grâce au commerce de l’or, de la noix de cola et de quelques produits manufacturés, avec les Etats voisins du Dahomey, d’Oyo, du Benin, du Songhaï et des Cités-Etats Haoussas. En 1874, lorsque les hollandais se retirent, la Gold Coast devient une colonie britannique. En 1895, Sir Francis Scott quitte le fort de Cape Coast avec une armée et dépose le roi ashanti Agyeman Prempeh. Le territoire est intégré à la colonie de la Gold Coast, auquel est ajouté le pays Ewé (partie ouest de l’ancien Togo allemand) en 1922. La Gold Coast devient vite une colonie prospère grâce au cacao et aux mines. Les Britanniques appliquent deux régimes différents : «administration indirecte» dans le territoire achanti et le Nord, et «administration indirecte» dans le reste de la colonie.
En 1925, les premières élections permettent d’installer un conseil législatif des chefs indigènes. En 1951, des élections législatives voient la victoire du Parti de la convention du peuple (Convention People’s Party, CPP), fondé en 1949 par Kwame Nkrumah, qui prend la tête du gouvernement local, amène le pays à l’indépendance en janvier 1957 et lui donne le nom de Ghana le 6 mars de la même année.

Nkrumah se fait le porte-parole du panafricanisme, seul moyen de reconstruire un continent détruit économiquement, politiquement, socialement et culturellement par la colonisation. Face à l’échec de son programme, Kwame Nkrumah se tourne vers le socialisme et le bloc communiste. Le «Programme pour le travail et du Ghana vers le bonheur», adopté en juillet 1962 par le XIe Congrès du Convention People’s Party (CPP) réuni à Kumasi, devient le texte fondateur du socialisme d’État. La même année, dans une démarche d’émancipation à l’égard du colonisateur anglais, le gouvernement de Nkrumah choisit d’enseigner neuf langues ghanéennes : l’akuapem-twi, l’asante-twi (achanti), le dagbani, le dangbe, l’éwé, le fanti, le ga, le kasem et le nizima. Quelques années après sa prise du pouvoir, Nkrumah se trouve de plus en plus contesté pour ses méthodes autoritaires (limitation du pouvoir judiciaire, parti unique, …) et sa gestion économique (crise due à un fort endettement contracté pour moderniser le pays). Alors qu’il effectue une visite officielle en Chine, il est renversé par un coup d’état militaire, le 24 février 1966.

Durant trois années, le Ghana est dirigé par un Conseil de libération nationale, puis est transféré en 1969, à un gouvernement civil dirigé par Kofi Busia, qui sera lui-même renversé en 1972 par le colonel Ignatius Acheampong. Ce dernier suspend la Constitution, interdit toute activité politique et limite la liberté de la presse et les activités syndicales. En 1978, Acheampong est remplacé par le général Frederick Akuffo qui est lui-même chassé un an plus tard par un jeune lieutenant de l’aviation, Jerry Rawlings. En septembre de la même année, Rawlings se retire en faveur d’un président civil élu, Hilla Limann, mais, la situation économique ne cessant de se dégrader, Rawlings reprend le pouvoir par un coup de force, le 31décembre 1981. Jerry Rawlings dirige autoritairement le pays de 1981 à 1992, date à laquelle une nouvelle Constitution est approuvée par référendum, instituant un régime pluraliste. Les présidents se succèdent alors, à l’occasion d’élections régulières : Rawlings (1993-2002), John Kuoffor (2002-2009), John Evans Atta Mills (2009-2012), John Mahama (depuis 2012).

L’économie du Ghana, basée sur l’agriculture (cacao) et les mines (bauxite, aluminium), est en pleine expansion. Les difficultés de la Côte d’Ivoire et du Nigeria ont poussé la plupart des investisseurs à transférer leurs capitaux vers le Sénégal et le Ghana. Depuis les années 2000, le Ghana détient, avec la Chine et le Cambodge, les plus hauts taux de croissance du PIB national (plus de 10 %).

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