Porto Rico 1/3 : Généralités

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GEOGRAPHIE

Avec une surface de 10 000 km2, Porto Rico (ou Puerto Rico) est la plus petite des cinq îles composant les grandes Antilles (les autres étant Cuba, Haïti, la République Dominicaine et la Jamaïque). Son point culminant, le Cerro de Punta, s’élève à 1339 m. La présence d’un relief montagneux descendant rapidement vers la mer) a permis aux cours d’eau de creuser de profondes vallées et à la mer de pénétrer en avant dans les côtes, créant naturellement des ports en eaux profondes.

HISTOIRE

A. Conquête et colonisation espagnoles

Avant l’arrivée des Européens, l’île était peuplée par les Tainos, des Amérindiens arawaks. Ils parlaient une langue arawak, le taino. Ils avaient nommé île Boriken. Les Tainos était au nombre d’environ un million, réunis sous l’autorité d’un seul cacique. Ils seront complètement décimés en quelques années par les conquérants espagnols et leur cortège de violences et de maladies.

Porto Rico est découverte par Christophe Colomb le 15 novembre 1493, lors de son deuxième voyage. Il la baptise du nom de San Juan Bautista (Saint-Jean-Baptiste) et en fait une possession espagnole. En 1504, le premier gouverneur espagnol, Juan Ponce de León, se serait écrié en débarquant : « Que puerto rico ! » (« Quel riche port ! »), d’où le nom actuel, officiel depuis le 17 mai 1932. L’île ne sera colonisée qu’à partir de 1508 et la ville de San Juan fondée en 1511.
Diego Colomb (fils de Christophe Colomb) lui succède en 1511 à Juan Ponce de Léon, alors que jusque là la Couronne espagnole avait refusé de reconnaître le droit des descendants de Christophe Colomb à devenir gouverneurs des colonies du Nouveau Monde.

Les Espagnols décident de développer l’exploitation de la canne à sucre, du tabac, du café. Pour ce faire, ils tentent de récupérer les Tainos pour travailler dans les plantations, mais celle-ci, comme un peu partout dans les Amériques, ne supportent pas cette servilité et en meurent rapidement. À l’exception de quelques toponymes et de termes relatifs à la flore et à certains produits alimentaires, la langue arawak (le taino) disparait complètement.

À partir de 1515, les Espagnols commencent à remplacer les autochtones Taino par des esclaves importés d’Afrique, afin de travailler dans les plantations et dans les mines d’or. Une fois ces dernières épuisées, les colons partirent pour le Pérou, censé regorger d’or. En 1536, le premier diocèse de Porto Rico est créé puis transféré à l’Archidiocèse de Santo Domingo créé en 1546. De 1536 à 1545, l’île depend de l’audience de Santo Domingo.

Les colons espagnols venaient du sud de l’Espagne (l’Andalousie) et des îles Canaries. Ils apportaient avec eux leur idiome particulier, l’andalou, une langue espagnole sensiblement différente du castillan parlé dans le centre de l’Espagne. La culture portoricaine consiste donc en un mélange des patrimoines taïno, africain et espagnol.
Le premier régime institué dans les colonies espagnoles fut celui de l’”encomienda”, lequel consistait à distribuer aux colons un certain nombre d’indiens pour le travail force non rémunéré. Après les protestations des ordres religieux (Las Casas) et l’instauration des Nouvelles Lois (1542), l’encomienda fut remplacé par le “repartimiento” selon lequel les Espagnols étaient censés rémunérer le travail des Indiens et les christianiser. On a souvent compare le repartimiento à la corvée du Moyen Âge ou à la mita des Incas. Dans la réalité, on revint très vite au système esclavagiste initial.

En 1580, la capitainerie générale de Porto Rico est créée (en même temps que celles de Cuba, Guatemala et Yucatan), se détachant de l’Audience de Santo Domingo sous l’autorité de laquelle elle était précédemment placée. Le but était de prévenir une avancée des autres puissances européennes. La capitainerie durera jusqu’à l’installation d’un gouvernement local autonome, quelques mois avant le transfert de Porto Rico aux Etats-Unis en 1898. En 1580, en raison des conflits militaires grandissants avec les puissances européennes, en Europe et dans le Nouveau Monde, le gouverneur de Porto Rico devient en même temps capitaine general.

Au cours des 16e et 17e siècles, l’île doit faire face à des incursions répétées de la part des Anglais, des Français et des Hollandais. La première attaque d’envergure est celle lancée en octobre 1595 par Francis Drake et John Hawkins, avec leurs 26 vaisseaux. Ils sont défaits grâce à la riposte de 5 frégates espagnoles, et repartent, non sans avoir mis auparavant le feu à San Juan. L’île est à nouveau attaquée en 1615 par les Hollandais, tandis que les Anglais pillent la ville d’Arecibo en 1702. Ces différents conflits entravent le développement économique de l’île et décident les espagnols à procéder à sa fortification et cela d’autant plus que, située au nord-est de la mer des Caraïbes, Porto Rico est un point stratégique pour l’empire espagnol. En effet, dénommé la “clé des Indes”, Porto Rico de par sa situation par rapport aux courants marins et aux vents de l’Atlantique, était le premier port où les navires venant d’Europe faisaient halte, avant de gagner Cuba, le Mexique ( le port e Vera Cruz), l’Amérique central (Nombre de Dios, à l’entrée de l’isthme de Panama) et l’Amérique du Sud (Cartagena, en Colombie). A Porto Rico, les navires trouvent des chevaux, du cuir, des ateliers de réparation des navires et une importante production de manioc.

Malgré cela, l’Espagne mit un certain temps avant de procéder aux travaux de fortification de l’île. Le premier bâtiment à être fortifié fut, aux alentours de 1520, la résidence de Ponce de León (aujourd’hui la Casa Blanca). Quelques années plus tard, fut édifié le premier vrai fort, La Fortaleza, à l’entrée de la baie puis, en 1539, un ensemble de bâtiments défensifs autour de San Juan, dont les forts San Felipe del Morro, San Cristóbal, et San Jerónimo. Avec la création de la capitainerie en 1580, le gouverneur-capitaine Diego Menéndez de Valdés (1582–1593) continua à entourer San Juan d’ouvrages de défense. La garnison postée à San Juan passera de 50, sous Menendez, à 400 en 1596.
Puerto Rico constitue également un important bastion pour la défense de l’Espagne contre les attaques de pirates qui se multiplieront pendant près de deux siècles. Plusieurs pirates espagnols (dont Miguel Henriquez) attaquaient également les possessions anglaises, françaises et hollandaises de la région. La contrebande alimentait l’économie locale. Pour compléter le faible nombre de soldats, des milices locales furent mises en place dans les différents districts de l’île, chacune étant supervisée par un représentant du capitaine général.

Encore sous le choc des pertes ayant suivi la guerre de 7 ans, en particulier la capture de Cuba par les anglais en 1762, Charles III envoya Alejandro O’Reilly à Porto Rico en 1765. Il ordonna plusieurs travaux de fortification et effectua un recensement qui établit 44 883 résidents, dont 5 037 esclaves. Pour contrer l’économie de contrebande, il encouragea l’agriculture.

B. Autonomie ou indépendance

En avril–mai 1797, le général Ralph Abercromby, à la tête d’une armée de 6 000 hommes, tente de prendre la colonie de Porto Rico au nom de la couronne britannique. Au bout d’une semaine de combat, les Anglais sont repoussés et doivent battre en retraite et évacuer. Le général Ralph Abercromby tenta de rebaptiser l’île en Richport. Finalement, l’île retrouva son nom initial mais légèrement modifié : l’île principale fut appelée San Juan, mais l’archipel conserva le nom de Porto Rico. Pour leur part, les descendants des esclaves l’ont appelée Terre de Oyá («déesse du vent et des ouragans»).

En 1809, la Supreme Central Junta, reconnaîssant les possessions d’outre mer comme faisant partie intégrante de la nation espagnole, les invite à envoyer des délégués à la junta. Les élections sont organisées dans les cabildos (San Juan, San Germán, Aguada, Arecibo et Coamo). A peine les élections réalisées, la Supreme Junta se dissout et reconvoque le traditionnel parlement espagnol, les Cortes.

Le créole Ramón Power y Giralt, élu par les cabildos, se montre très actif aux Cortes. La loi Power introduit un certain nombre de réformes administratives et économiques, dont un gouvernement local et un conseil local administratif et législatif (le Diputación Provincial). Pour récompenser la loyauté de Porto Rico, le roi d’Espagne, par un décret de 1815, autorisa une ouverture de l’économie locale, dont la naissance d’une industrie sucrière locale (ce qui entraînait un accroissement des importations d’esclaves). Durant la seconde période constitutionnelle, le gouvernorat sera séparé de la capitainerie. Francisco González de Linares sera nommé gouverneur et Miguel de la Torre capitaine général.

Ouverte au commerce international en 1804, l’île de Porto Rico connut un renouveau économique au 19e siècle. En 1815, les habitants obtinrent de l’Espagne (Ferdinand VII) une plus grande autonomie au plan économique du fait que, contrairement aux autres colonies espagnoles, l’île était restée fidèle aux Bourbons d’Espagne. Tout au long de ce siècle, les relations commerciales entre Porto Rico et les États-Unis se développèrent à un point tel qu’à la fin du siècle les États-Unis étaient devenus le premier partenaire commercial de Porto Rico. De plus, de nombreux riches marchands américains achetèrent des haciendas et formèrent de petites enclaves anglophones dans certaines régions rurales.

La production sucrière passe de 17 000 tonnes en 1820 (produites sur 5,8 % de la surface de l’île) à 62 000 tonnes en 1897 (14,3 % des terres), les grandes plantations remplaçant les petites exploitations traditionnelles. La production de café passe de 70 million de livres en 1818 à 130 millions en 1830. Le développement agricole se fit au prix d’un accroissement de la main d’oeuvre esclave. La traite, théoriquement arrêtée par un traité signé en 1817 avec la Grande Bretagne, continua jusqu’en 1815. Les esclaves n’atteindront jamais la proportion des îles voisines et leur proportion ne dépassera pas 15 % de la population totale. L’esclavage sera aboli à Porto Rico en 1873.

Le début du 19è siècle sera marqué par l’invasion de l’Espagne et la révolte des possessions d’Amérique. La proximité de Porto Rico avec le Vénézuela (Porto Rico est le premier port de halte pour les navires venant du Vénézuela) joua un grand rôle à cette époque. Les juntas sont créées au Venezuela en 1810 pour gouverner le pays mais il n’en fut pas de même à Porto Rico. San Juan refusa d’établir une junta. Seul San German affirmait son droit à l’autonomie. Quelques individus, comme Antonio Valero de Bernabe, choisirent de se joindre aux luttes pour l’indépendance. Le Gouverneur Salvador Meléndez reçut les pleins pouvoirs pour mâter toute rebellion, pendant que de nombreux royalistes arrivaient à Porto Rico, fuyant le Vénézuela. Des troupes furent envoyées de Porto Rico au Vénézuela.

En 1867, Porto Rico comptait 656 328 habitants, dont 346 437 blancs et 309 891 personnes de “couleur”. De cette hétérogénéïté était né un début de culture nationale représentée par la musique, les arts, les langues vernaculaires et l’architecture. La majorité de la population, très pauvre, vivait de l’agriculture, dans des campagnes isolées, manquant de moyens de communication. Le taux d’analphabétisme était de 83,7 %. De plus, l’Espagne imposait à Porto Rico de lourdes taxes sur les produits importés, ayant besoin de ces ressources pour entretenir ses troupes dans l’espoir de reconquérir la République Dominicaine.

L’année 1867 marqua l’échec d’une révolte des partisans de l’indépendance de Porto Rico, mais les révoltes contre l’autorité de Madrid se poursuivirent. Beaucoup de Portoricains furent bannis de l’île par la Couronne espagnole en raison de leurs activités subversives ; ils émigrèrent dans d’autres colonies espagnoles des Antilles ou aux États-Unis, surtout à New York, en Floride et dans d’autres États du Sud.

En 1897, l’Espagne accorda à Porto Rico l’autonomie politique réclamée, avec un parlement composé de deux chambres, ayant pouvoir de légiférer, sous le contrôle d’un gouverneur général.

Le 23 septembre 1868 éclate une révolte indépendantiste (Grito de Lares) conduite par le Dr. Ramón Emeterio Betances et Segundo Ruiz Belvis, fondateur du « Comité Revolucionario de Puerto Rico », qui s’en prennent au système colonial exploitant le people portoricain. Le 24 septembre, la République de Puerto Rico est proclamée sous la présidence de Francisco Ramírez. Tous les esclaves qui s’étaient joints au movement étaient declarés libres. Les autorités espagnoles rétablirent l’ordre et le movement échoua.
La révolte glorieuse (The Gloriosa Revolt) de 1868, qui voit le départ de la reine Isabelle II réaffirme le droit de Porto Rico à participer au gouvernement espagnol. Porto Rico élit 7 députés aux Cortes. Le Diputación Provincial fut remis en place, avec l’intention de proposer à nouveau un statut d’autonomie. Trois facteurs s’y opposèrent : l’instabilité du gouvernement espagnol (qui désigna 5 gouverneurs de PR entre 1871 et 1874), la révolte de Lares qui montra aux autorités que la situation à PR n’était pas aussi calme qu’elle le paraissait, et la guerre de dix ans à Cuba qui rendit le gouvernement espagnol très réticent à accorder une autonomie à une des deux îles. Lors de la restauration des Bourbons en 1875 et l’accès au trône d’Alfonso XII, un suffrage fut accordé, limité aux grands propriétaires. Les premiers partis politiques émergèrent : le Patido Liberal Refomista, partisan d’une autonomie de l’île, et le Partido Liberal Conservador, en faveur d’une plus grande assimilation au système politique espagnol.

La présence, entre 1869 et 1873, d’un gouvernement libéral en Espagne entraîna quelques libertés dans les Caraïbes dont le droit des cubains et portoricains d’envoyer des représentants aux Cortes et d’avoir des partis politiques. La portion conservatrice, représentée par les métropolitains, souhaitait un statu quo politique et social, avec le maintien de l’esclavage et de leurs privilèges. La faction libérale souhaitait l’intégration complète de Porto Rico comme une région espagnole, bénéficiant de tous les avantages de la métropole, ainsi que l’abolition de l’esclavage.

En novembre 1870, le Partido Liberal Reformista (Liberal Reform Party) est fondé par Román Baldorioty de Castro, José Julián Acosta, et Pedro Gerónimo Goico, avec deux courants, un assimilationiste et autonomiste. Peu après, les conservateurs fondèrent le Partido Liberal Conservador (Liberal Conservative Party).
En 1873, la monarchie constitutionnelle espagnole est remplacée par une république qui proclame l’abolition de l’esclavage sur l’île le 22 mars 1873.
Le retour à la monarchie espagnole en 1874, à la suite du coup d’Etat militaire contre la république, entraîna la suppression de toutes les pratiques démocratiques précédemment mises en place sur l’île.

En 1895, au début de la guerre d’indépendance de Cuba, la question de l’autonomie de Porto Rico refait surface. En 1897, une constitution autonomiste est rédigée par le gouvernement espagnol pour Porto Rico, prévoyant un parlement, deux chambres, et un gouverneur-général représentant la métropole. Les élections législatives et municipales eurent lieu en 1898. Le parlement se réunit en juillet, huit jours avant l’invasion américaine de l’île. Les Portoricains ne purent expérimenter leur autonomie politique que pour une courte durée

C. Mainmise américaine

A maintes reprises, les Etats-Unis firent savoir leur intention d’étendre leur domination à Cuba et Porto Rico. En 1819, John Quincy Adams déclara que c’était la destinée des Etats-Unis de dominer l’hémisphère occidental ; en 1825, Henry Clay, Secrétaire d’Etat américain, écrivit au gouvernement espagnol que Porto Rico était vital pour le commerce américain ; en 1854, les ambassadeurs américains en France, Grande-Bretagne et Espagne écrirent le Manfeste d’Ostend où ils proposaient l’achat de Cuba pour 120 millions $ ; en 1867, le roi du Danemark proposa aux Etats-Unis de leur vendre les îles danoises, dont Saint Thomas ; en 1871, une missions fut envoyée par le Congrès américain pour sonder la réaction de la République Dominicaine à une annexion américaine ; quelques années après la révolte “Grito de Yara” à Cuba (1868) et “Grito de Lares” à Porto Rico (1868), les Etats-Unis offrirent d’acheter Cuba et Porto Rico pour 150 millions $.

Pour les Etats-Unis, Cuba et Porto Rico étaient stratégiques car ils comprenaient les principaux points de passage entre l’Atlantique et la mer des Caraïbes : le canal du Yucatan entre le Mexique et Cuba, le passage Windward (au vent) entre Cuba et Haïti, le passage Anegada (détroit entre les Îles Vierges Britaniques et Anguila) et le passage Mona entre la République Dominicaine et Porto Rico. Le canal de la Mona est un détroit qui sépare Porto Rico et Hispaniola et relie l’océan Atlantique à la mer des Caraïbes. Le canal Winward (large de 80 km) et le canal de la Mona (large de 140 km) sont des passages importants sur la route maritime entre la façade atlantique des États-Unis et le canal de Panama.

L’explosion du bâtiment militaire Maine dans le port de la Havane le 15 février 1898, tuant 300 US marines, sera l’élément déclencheur du conflit. Le 21 avril, le Président McKinley demande l’autorisation au Congrès de declarer la guerre à l’Espagne qui, après quatre mois d’affrontements, sera facilement vaincue par la marine américaine. Le 1er mai 1898, les forces américaines coulent la marine espagnole dans la baie de Manilles (Philippines). Les troupes US débarquent à Cuba et détruisent le 17 juillet la flotte espagnole stationnée dans la baie de Santiago de Cuba. Le 18 juillet, une troupe de 18 000 soldats américains quittent Guantanamo pour Porto Rico. Le Président McKinley demande alors le transfert de Cuba et Porto Rico aux Etats-Unis.

Le 13 août, l’Espagne consent à signer un traité de paix. Le traité de Paris du 10 décembre 1898 signe le retrait de l’Espagne dont les dernières troupes quittent Porto Rico le 18 octobre 1899. Le 12 avril 1900, un gouvernement civil américain remplacera le gouvernement militaire.

La loi Foraker, qui fut ratifiée le 12 avril 1902 par le Congrès américain, instaurait l’organisation suivante :
– un gouverneur nommé par le président des États-Unis, assisté de six chefs de département américains;
– deux chambres : un conseil exécutif formé de 11 membres, dont six Américains et cinq Portoricains, désignés par le président ; une chambre des délégués de 35 membres élus par le peuple de Porto Rico;
– une cour suprême de huit juges nommés par le président des États-Unis ;
– les États-Unis se réservaient le droit d’annuler tout acte adopté par la législature de Porto Rico.

Devenue une importante base militaire américaine assurant la défense du canal de Panama pendant la Seconde Guerre mondiale, l’île de Porto Rico obtint le droit d’élire son gouverneur en 1948.

D. L’État libre associé aux États-Unis

Sous l’initiative de Luis Muñoz Marín, premier gouverneur portoricain (de 1949 à 1965), une nouvelle constitution fut adoptée par référendum, le 25 juillet 1952. Elle accordait à Porto Rico le statut d’«État libre associé aux États-Unis» jouissant de l’autonomie politique et culturelle. Les Portoricains sont juridiquement des citoyens américains, bien qu’ils ne paient aucun impôt fédéral sur le revenu et que leur délégué au Congrès des États-Unis ne prenne part à aucun vote. Même si les Portoricains ne paient apparemment pas d’impôt sur le revenu au gouvernement fédéral américain, ils les paient autrement au gouvernement local, sans compter que d’autres impôts fédéraux, tels que ceux reliés aux importations, demeurent en vigueur. La Défense nationale et la politique étrangère de l’île sont assumées par le gouvernement américain. Pour le reste, Porto Rico fonctionne sur le même modèle politique que les États américains (gouverneur élu et Assemblée législative bicamérale).

La Constitution de 1952, encore en vigueur, proclame dans son article III (paragraphe 5) que les députés doivent connaître soit l’espagnol soit l’anglais pour être élus, mais ne proclame aucune des deux langues comme «officielle». Dans son préambule, la Constitution précise aussi que «la coexistence à Porto Rico des deux grandes cultures du continent américain» (l’anglaise et l’espagnole) est fondamentale à la vie du peuple portoricain (« la convivencia en Puerto Rico de las dos grandes culturas del hemisferio americano »). Au début des années 1990, les principaux partis politiques de Porto Rico étaient le Parti populaire démocratique ( »Partido Populaire Democratico »), qui prônait le maintien du statut du Commonwealth au sein des États-Unis, et le Nouveau Parti progressiste ( »Partido Nuovo Progresista »), qui souhaitait que Porto Rico devienne un État des États-Unis.

La quasi-totalité des portoricains (96,6 %) est hispanophone, une partie d’entre eux ayant émigré de la République Dominicaine. Depuis la colonisation espagnole, la langue espagnole est devenue la langue dominante de la grande majorité des Portoricains. Les autres langues, nettement minoritaires sont l’anglais (2,2 %), puis, parmi les immigrants, le chinois cantonais, l’hindi, le français, l’italien, l’allemand ou le créole haïtien.

Le gouverneur actuel de Porto Rico, Luis Fortuno, fait campagne pour que l’île devienne le 51e Etat américain.
Jusqu’à présent, les électeurs de Porto Rico ont régulièrement mis en minorité les partisans du rattachement aux Etats-Unis en tant que 51e Etat, lui préférant le statut d’état libre associé (comme celui des Mariannes du Nord).

Pour le référendum du 6 novembre 2012, l’administration Obama a proposé une consultation en deux étapes. La première pour déterminer si la population est prête à un changement de statut, la seconde définissant les conditions de ce changement : indépendance, Etat américain à part entière ou prorogation du statut actuel d’«Etat libre associé».

La vie politique est le fait de trois tendances : les annexionnistes, les autonomistes et les indépendantistes. Les grands partis politiques sont le Partido Nuovo Progresista (Nouveau Parti progressiste ou PNP, favorable à l’annexion aux USA en tant que 51e État), le Partido Popular Democrático (Parti populaire démocratique ou PPD, pour un État libre associé avec plus d’autonomie, d’où les autonomistes) et le Partido Independentista Puertorriqueño (Parti indépendantiste portoricain ou PIP, partisan de l’indépendance pure et simple). Ces trois partis représentent les trois options offertes aux Portoricains. Les conflits sont plus virulents entre annexionnistes et autonomistes, les indépendantistes étant nettement minoritaires.

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