Trinidad 3/8 : Economie

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Economie

1. Sucre

L’importante industrie sucrière de Trinidad n’est plus qu’un lointain souvenir. Le pays a en effet fermé les portes de son industrie sucrière il y a quelques années, à la suite de la réforme du tarif douanier de l’Union Européenne. Philippe Rose Roume de Saint-Laurent, un français né à l’île de la Grenade, quitta celle-ci quand elle passa des mains de la France à celles de la Grande Bretagne en 1763. Arrivé à Trinidad en 1777, avec ses compagnons et leurs esclaves, c’est lui qui recommanda pour la première fois l’introduction de la culture de la canne à sucre à Trinidad. Ses conseils furent suivis et une ordonnance royale espagnole datée du 20 novembre 1783 encouragea l’immigration à Trinidad et la culture de la canne à sucre. Cette mesure provoqua un flux important d’immigration, laquelle fit passer la population de 1 400 habitants en 1777 à plus de 15 000 en 1789 (TT Sweet sugar cane story), in http://thannas.com/trinidad-and-tobagos-sweet-sugar-cane-story). Roume quittera T&T à la fin des années 1790 et fera partie des trois commissaires envoyés par l’Assemblée Nationale à Saint-Domingue pour y ramener le calme. Il retournera à France en juin 1792, sera de nouveau envoyé comme commissaire à Saint-Domingue en 1796. Très lié à Toussaint Louverture, il quittera Saint Domingue lorsque la présence française y prendra fin et mourra en France en 1805.

Le passage de Trinidad sous l’autorité anglaise en 1797 fut le départ d’un accroissement important de la production sucrière. La culture de la canne se déplaça progressivement du nord vers le centre puis le sud de l’île, en même temps que l’importation des esclaves africains permettait l’expansion de la production. La Jamaïque, la Barbade et Trinidad et Tobago furent les trois grandes îles sucrières des anglais. A partir de 1675, chaque année, 400 navires transportaient chacun 150 tonnes de sucre vers la Grande Bretagne.

A l’abolition de l’esclavage (1er août 1838), la main d’œuvre noire fut relayée par les travailleurs sous contrant venus de la Chine, Madère mais surtout de l’Inde. En 1937, un puissant syndicat des travailleurs de la canne fit son apparition : le « All Trinidad Sugar Estates Factory Workers Trade Union » conduit par Adrian Cola Rienzi. Un des plus grands sites sucriers du pays était Brechin Castle qui racheté par l’Etat en 1975. Le déclin de l’industrie sucrière, en partie provoquée par l’érosion des tarifs préférentiels européens pour le sucre de Trinidad ainsi que par l’émergence de l’industrie pétrolière, amena à la fermeture de la dernière usine de Brechin Castle en 2003. Les 4 000 ouvriers de la canne poursuivront cette culture à leur propre compte jusqu’en 2007, libérant ainsi 9 000 ha de terres agricoles pour d’autres productions.

Les agriculteurs abandonnant la canne à sucre ont alors bénéficié d’aides du gouvernement pour la transition vers d’autres cultures. Dans les années 1970, près de 10 000 ha de champs de canne à sucre se sont ainsi prêtés à une reconversion. Quant aux entreprises du secteur sucrier, elles se sont intéressées, aux côtés d’entreprises locales, indiennes et brésiliennes, aux usines de sucre en cours de privatisation en Jamaïque. Le secteur agricole n’a cessé de régresser et ne représente plus que 1 % du PIB. Les principales productions exportées sont le café, le cacao, le coprah, les noix de coco et les agrumes. Malgré l’accroissement de la production vivrière (riz, maïs, racines, tubercules), une grande partie des produits alimentaires du pays sont importées.

2. Pétrole et gaz

L’économie nationale a très peu ressenti la fin de la production sucrière, en raison du relais assuré par la production et la transformation du pétrole et du gaz. Ces deux produits sont aujourd’hui devenus le principal moteur de l’économie trinidadienne et ont permis à Trinité-et-Tobago d’avoir l’une des économies les plus dynamiques de la Caraïbe. L’industrie pétrolière contribue à la moitié du produit intérieur brut (P.I.B.) et pour plus des trois quarts des exportations. Les champs pétrolifères, surtout offshore, sont exploités par plusieurs sociétés, surtout américaines, dont l’Amoco Trinidad Oil Company, qui fournit un peu plus de la moitié de la production. Deux raffineries sont installées dans les villes de Pointe-à-Pierre et Point Fortin, dans le sud-ouest du pays.

Grâce au pétrole et au gaz, Trinidad & Tobago a également construit une solide base industrielle reposant sur la production de fer et d’acier, la pétrochimie et la cimenterie.
La chute des cours mondiaux dans les années 1980 et la crise de 2009 ont cependant révélé la fragilité d’une économie trop dépendante de la production des hydrocarbures, et a déterminé le pays à rechercher des secteurs de diversification, notamment le tourisme.

Trinidad possède, par ailleurs, les plus grandes réserves mondiales d’asphalte (Pitch Lake, dans le sud-ouest de la Trinité, est exploité depuis le 16è siècle et exporte 100 000 tonnes/an).

L’exploitation du gaz naturel est en voie d’expansion, contribuant à soutenir l’effort industriel du pays. D’importants gisements de gaz naturel sont régulièrement découverts. Trinidad et Tobago est le cinquième producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL). La transformation du gaz est source d’une valeur ajoutée importante. Ainsi, L’archipel exporte 20 % du méthanol mondial et est le premier exportateur mondial de méthanol et d’ammoniac.

La dépendance aux hydrocarbures est importante. En plus du budget et des exportations, la production locale de gaz naturel alimente les centrales électriques et celle de pétrole les raffineries. Du fait de la faiblesse des investissements, les réserves prouvées et la production de pétrole décroissent, tandis que celles de gaz se stabilisent. Le pétrole ne représente plus qu’un dixième de la production d’hydrocarbures, nécessitant d’en importer afin de satisfaire les besoins domestiques et rentabiliser les raffineries. Les réserves de gaz représentent une dizaine d’années au rythme actuel d’extraction. En l’absence d’un accroissement des investissements, la production de gaz risque de baisser à son tour. Les autorités devront compter avec l’essor du gaz de schiste nord américain. Alors qu’en 2004, la totalité du gaz était achetée par les Etats-Unis, à présent, ils n’en achètent plus que 20%.

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