Le Krak des Chevaliers
Le Krak des Chevaliers (le terme « krak » vient du syriaque karak qui signifie « forteresse ») ou Qal`at al-Hosn (La forteresse imprenable) ou Hisn al-Akrād (forteresse des Kurdes) est un château fort datant de l’époque des croisades. Il est situé dans l’ouest de la Syrie, sur les derniers contreforts du jabal Ansariya. Dominant d’environ 500 mètres la plaine d’El-Bukeia, le Krak des Chevaliers occupe une place stratégique au carrefour des routes menant à Homs, Tartous, Antioche et Tripoli-Beyrouth. C’est l’un des châteaux croisés les mieux conservés.
1. Origines
En 909, les Fatimides chiites, s’opposant aux Abbassides de Bagdad, fondent une dynastie qui régnera sur le Maghreb et la Palestine. C’est la répression des Fatimides à l’encontre des chrétiens et des pèlerins chrétiens qui déclenchera les croisades. En 1055, les Seldjoukides, turcophones islamisés, s’emparent de Bagdad, puis de l’Anatolie, l’Iran, l’Anatolie, la Syrie et la Palestine jusqu’aux frontières de l’Égypte fatimide. Le Krak est alors reconstruit sur le site d’une petite forteresse, sans doute occupée depuis l’antiquité, en 1031 par les Abbassides qui y installent une garnison kurde pour résister à la pression seldjoukide. La forteresse devint connue sous le nom de Hisn al-Akrād la « forteresse des Kurdes ».
2. Première croisade
En janvier 1099, à l’arrivée de la première croisade, la garnison kurde fut évincée par Raymond de Saint-Gilles qui abandonna les lieux presque immédiatement, son objectif étant Jérusalem. Il tenta en vain de reprendre la forteresse en avril 1102 et c’est finalement Tancrède, le régent d’Antioche, qui s’en empara en 1110 et y installa une garnison franque sous l’autorité du comte de Tripoli. En 1115, une offensive d’Arslan, l’émir d’Alep, fut repoussée. Au fil des années, l’importance du krak des Chevaliers crut parallèlement à l’influence des croisés vers l’est mais le coût de sa maintenance conduisit Raymond II à le confier à la garde des Hospitaliers (1142). C’est de cette époque que date le nom « krak des Chevaliers », le terme « krak » dérivant du syriaque karak signifiant « forteresse ». Sous l’impulsion des Hospitaliers, plusieurs autres ouvrages défensifs furent construits dans les environs et le Krak des Chevaliers fut dès lors relié par signaux de feu et par pigeons voyageurs aux fortifications d’Akkar et Chastel Rouge (Hospitaliers) et de Chastel Blanc et Arima (Templiers).
3. La deuxième croisade
L’arrivée au pouvoir de Nur ad-Din redonna l’avantage aux musulmans sur les croisés et la pression sur le Krak des Chevaliers se fit plus forte. En 1157, un important tremblement de terre ébranla le château. En 1163, Nur ad-Dîn tenta de s’emparer du Krak mais échoua. Un second siège échoua aussi en 1167. Un second tremblement de terre (1170) ayant causé des dégâts considérables, le krak des Chevaliers fut reconstruit et consolidé en incluant de nombreux éléments d’architecture militaire empruntés aux Byzantins. Saladin ne parvint pas à s’emparer du krak des Chevaliers. Couvrant une surface totale de 2,5 hectares, le krak hébergeait alors une garnison de 2 000 hommes et possédait des vivres pour cinq ans.
4. La chute du krak
Les chevaliers de l’Hôpital (ou Hospitaliers) gérèrent le fort de 1142 à 1271, date de sa conquête par Az-Zâhir Rukn ad-Dîn Baybars al-Bunduqdari (Baybars Ier), sultan des Mamelouks. Les Mamelouks renforcèrent le krak des Chevaliers. L’intérêt stratégique du krak diminua parallèlement à la menace franque.
La bataille de Qadesh, qui a opposé Ramsès II aux Hittites en 1214 av. J.-C. et est relatée sur les bas-reliefs du temple de Louxor, a probablement eu lieu sur le Tell Nébi Mend à cinquante kilomètres au sud-est du Krak.
5. Le Krak actuellement
Passé sous l’autorité de la Syrie devenue indépendante en 1946, le Krak a été inscrit en 2006 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le 20 mars 2014, le château, tenu par la rébellion depuis 2012, a été repris par les forces gouvernementales.