Martinique 5/7 : Sainte Marie

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Sainte-Marie

La commune de Sainte-Marie est au cœur de l’industrie sucrière de la Martinique. La production annuelle de canne est d’environ 200 000 tonnes dont près de 90 000 tonnes sont consacrées à la production de sucre, le reste ayant été livré aux distilleries de rhum agricole.

C’est Christophe Colomb qui, lors de son second voyage en 1493, introduisit la canne à sucre aux Antilles. Elle remplacera, à partir de 1640, la culture de l’indigo et du tabac.

Le moulin à vent est l’élément central de toute habitation puisqu’il permet le broyage de la canne. Selon qu’on emploie la force des bêtes, de l’eau ou du vent pour le mouvoir, il prend le nom de moulin à bœufs, à eau ou à vent. Le plus répandu est le moulin à bêtes. Après avoir écrasé la canne, le jus ou vesou extrait est acheminé vers la sucrerie pour y être cuit et devenir un sirop. La sucrerie est selon sa taille, équipée de 4, 5, 6 ou 7 chaudières servant à la cuisson du sucre : la grande chaudière, la propre, la lessive, le flambeau, le petit flambeau, le sirop, la batterie. Le sirop sortie de la dernière chaudière était mis à refroidir et affiner, dans la purgerie deux façons : soit dans des tonneaux à fond percé (boucaux) ; soit dans des céramiques coniques (formes-à-sucre) dont la partie pointue tournée vers le bas était percée. Le sucre, conditionné de cette façon, portait le nom de pain de sucre car il conservait la forme conique du récipient. Une fois le sucre cuit, il est transporté dans la purgerie et stocké afin d’y être blanchi. En 1750, on compte 355 moulins en Martinique.

En 1694, le Père Jean-Baptiste Labat (1663-1738), missionnaire dominicain, arrive en Martinique. Il est affecté à la paroisse de Macouba. En 1696, il prend la direction du monastère de Fonds Saint Jacques, exploitation sucrière près de Sainte Marie, où il construit une purgerie et une distillerie. Sous son impulsion, l’habitation deviendra le centre industriel le plus avancé de l’île.

La distillation commence en 1650 avec l’arrivée du Père Du Tertre qui sort de ses alambics une eau de vie (encore appelée guildive ou tafia) très forte. Le rhum doit sa qualité à aux connaissances du Père Labat sur les techniques de distillation et à l’introduction d’alambics de type charentais qu’il fait venir de métropole.

La production de tafia commence en 1685. L’exportation de tafia vers la métropole se développe malgré un édit royal proclamé le 24 janvier 1713 à la demande de la corporation des distillateurs des eaux-de-vie métropolitaines, interdisant la consommation de tafia de toute provenance. La contrebande s’organise et c’est en 1763 qu’un premier édit autorise les îles à faire commerce de leurs sirops et tafia. On compte 124 habitations sucreries en 1939 pour une production de 12 millions de litres de rhums, dont la moitié est consommée sur place et l’autre moitié exportée.

Contrairement à la côte Caraïbe où les zones d’avitaillement des navires sont sans grande difficulté, la côte atlantique ou côte au vent est directement exposée aux vents alizés et à la houle atlantique venant du large. De l’extrême nord jusqu’à Sainte Marie, la côte est bordée de falaises avec très peu de mouillages et d’accès à la mer. La pointe du pain de sucre, au sud de l’Anse Charpentier, bénéficie d’un abri naturel pour les navires. Les petites embarcations (pirogues) pouvaient charger quelques tonneaux et les porter vers les navires de cabotage qui ne pouvaient approcher de la côte. Cet embarcadère naturel a servi à l’acheminement de la production des sucreries du district.

Beaucoup moins nombreuses qu’à leur apogée, au début du 20ème siècle, lorsque les distilleries martiniquaises étaient les premières productrices de rhum au monde, les distilleries sont actuellement au nombre d’une dizaine. Parmi elles, la Distillerie Saint-James, installée dans la commune de Sainte-Marie, a été créée en 1765. A l’époque, la distillerie se trouvait sur le territoire de la commune de Saint-Pierre où le Révérend Père Edmond Lefèbure, Supérieur du Couvent des Frères de la Charité, réalise un alcool blanc de grande qualité. Après l’éruption de la Montagne Pelée de 1902 qui détruisit entièrement Saint-Pierre mais épargna en partie la distillerie qui se trouvait dans une vallée trés encaissée, les propriétaires viendront s’installer à Sainte-Marie.

Le Musée du Rhum Saint-James a été installé en 1981 dans l’ancienne maison du directeur de l’usine sucrière de Sainte-Marie. Il présente, sur 2 étages, l’histoire et les procédés de fabrication (machines, alambics, …) utilisés à l’époque pour l’élaboration du tafia puis du rhum. Dans les jardins, sont exposés les anciens moulins, les paillottes, les colonnes à distiller, les chaudières « Père Labat », les machines à vapeur et la locomotive.

La commune de Sainte-Marie, située au nord-est de l’île, tient son nom de ce que, en 1658, les colons chassèrent les Amérindiens pour y installer un fort dédié à la Vierge Marie, d’où l’origine du nom de la commune. La commune de Sainte-Marie possède un riche patrimoine historique et culturel avec le Musée du Rhum réalisé par la distillerie Saint-James, le Centre Culturel de Fonds Saint-Jacques et, au Morne-des Esses, un atelier d’artisanat d’art qui a conservé les techniques de travail de la vannerie caraïbe.

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