Alep, entre Méditerranée et Mésopotamie
Alep est, avec deux millions d’habitants, la deuxième ville de Syrie. Elle est le chef-lieu du gouvernorat d’Alep, le plus peuplé des 14 gouvernorats du pays.
1. Histoire
Alep serait encore plus vieille que Damas, étant habitée depuis le VIe millénaire av. J.-C. Elle doit cela à sa situation stratégique entre la Méditerranée et la Mésopotamie. Plusieurs civilisations s’y sont succédé. Durant l’époque paléo-babylonienne (2004-1595 av. J.-C.), elle se nomme Halab. Elle est ensuite la capitale du royaume amorite du Yamkhad (écriture cunéïforme). En 1595 av JC, elle est prise par les Hittites et devient une grande étape pour les caravanes entre la Syrie et la Mésopotamie. A partir de – 1000, Alep devient la plaque tournante du marché du savon, position qu’elle occupe encore aujourd’hui. En 738 avt JC, elle est rattachée à l’Assyrie. Conquise par Alexandre le Grand en 333 avt JC, elle devient Beroaia, sous les Séleucides. Elle passe sous la coupe romaine en 65 avt JC, puis sous les perses sassanides en 540. En 637, Alep est conquise par Khalid ibn al-Walid. Les Arabes entreprennent alors plusieurs grandes constructions : la grande mosquée (bâtie en 715 par le calife Al Walid), la Madrassé Halawiyé (école) bâtie sur l’emplacement de l’ancienne cathédrale Sainte-Hélène, la Citadelle bâtie par l’Hamdanide Ali Sayf al-Dawla, les souks (marchés couverts), les khans (caravansérails).
En 944, Alep devient la capitale des Hamdanides et vit son âge d’or avec l’émir Sayf al-Dawla. La ville passe ensuite sous les Fatimides, puis les Seldjoukides et en 1183 les Ayyoubides de Saladin. En 1260, Alep est prise par les Mongols avant d’être reprise par les Mamelouks en 1317. La ville renaît au XVe siècle pour devenir une grande place commerciale entre l’Orient et l’Occident, avec surtout le commerce de la soie.
De 1516 à 1918, Alep est incorporée dans l’Empire Ottoman. Le déclin, à partir du 17è siècle, des voies commerciales terrestres entre l’Extrême-Orient et le Proche-Orient entraîne celui de la ville. En 1832, la ville passe sous administration égyptienne comme toute la Syrie. La ville est enlevée aux Turcs en octobre 1918 par le général anglais Allenby et est placée avec la Syrie sous le mandat des français qui en font la capitale de l’Etat d’Alep entre 1920 et 1925.
Durant la guerre de Syrie commencée en 2011, Alep est le théâtre, depuis 2012, d’une violente bataille entre l’armée syrienne et les rebelles.
Alep a un artisanat traditionnel et une activité industrielle importante (industries agroalimentaires, textiles, cimenterie, verrerie, chimie, constructions mécaniques, etc.). La zone industrielle de Sheikh Najjar compte près de 3 000 usines et représentait, avant la guerre, 1/3 de la production industrielle du pays et 1/4 de ses exportations.
2. Christianisme
Sur une centaine de kilomètres à l’Est et au Sud d’Alep, s’étire un interminable massif calcaire recouvert de collines couvertes de cailloux et d’oliviers, portant plus de 700 sites antiques, édifiés entre le 1er et le 6ème siécle ap JC). Ce sont les fameuses villes-mortes, avec des églises ou des sanctuaires (dont le plus fameux est celui de Saint-Siméon). Ces villages byzantins, qui ont vu fleurir les débuts du christianisme, ont été abandonnés à la suite des conflits incessants dans la région mais aussi de plusieurs tremblements de terre.
Les missionnaires européens arrivent au Moyen-Orient à partir du 17è siècle et bâtissent plusieurs églises à Alep : Cathédrale Saint-Élie (Saint Elias), Cathédrale des Quarante Martyrs (arménienne), Cathédrale Saint-Joseph d’Alep (rite chaldéen), Cathédrale Saint-Elie (maronite), Cathédrale Saint François d’Assise (rite latin), Archéparchie d’Alep des Arméniens, Archéparchie d’Alep des Maronites, Archéparchie d’Alep des Melkites, Archéparchie d’Alep des Syriaques, Eglise Sainte-Assia (syriaque), Eglise de la Dormition (orthodoxe), Eglise de la Sainte Mère de Dieu (arménienne), Vicariat apostolique d’Alep.
La cathédrale Saint-François-d’Assise est la cathédrale catholique latine d’Alep. Elle est dédiée à Saint François d’Assise et elle est le siège du vicariat apostolique d’Alep qui compte environ douze mille baptisés. La cathédrale est de style classique néorenaissance. Elle est desservie par les franciscains.