Bolivie 7/7 : Inkallajta

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A. Le site d’Inkallajta

Situées à 150 km de Cochabamba et à 2 950 m d’altitude, les ruines d’Inkallajta (le Machu Pichu Bolivien) sont, après celles de Tihuanaku, le site archéologique le plus important du pays. Ce sont, avec les Îles du Soleil et de la Lune du lac Titicaca, les plus importantes ruines incas de Bolivie. S’étendant sur 70 ha, le site inca d’Inkallajta (qui signifie « ville de l’Inca » en quechua) fut un centre politique, administratif, militaire, religieux et même scientifique (observatoire astronomique), construit par Tupac Inca Yupanqui, le dixième empereur inca, pour protéger l’est de l’empire des incursions des Chiraguanos (Guaranis), indiens de l’Amazonie, et conserver ainsi les vallées fertiles de Cochambamba et de Pocona.

Inkallajta fut détruite et pillée par des envahisseurs venus de l’est de la Bolivie, et reconstruite en 1525 par l’empereur Huayna Capac. Inkallajta est situé au centre de l’ancien Collasuyo, une des quatre régions du Tahuantinsuyo, l’empire Inca.

Sept murailles concentriques entourent le site. Une longue muraille aurait supporté le toit de ce qui était le plus grand bâtiment couvert des Incas. La construction principale d’Incallajta a pour nom Kallanka. Il s’agit d’une immense salle de rassemblement de 78 m sur 25 m, encore très bien conservée.

B. Empire Inca

L’empire Inca a été le plus étendu du continent américain. Le siège impérial était la ville de Cusco (actuel Pérou). L’empire Inca se dit Tahuantinsuyo en langue quechua, provenant de Tawa, qui signifie « quatre » et Suyo qui signifie « état ». La surface du territoire couvrait 3 000 000 km2, avec plus de 5 000 km de côte pacifique. À son apogée, l’empire Inca s’étendait de la Colombie jusqu’à l’Argentine et au Chili, par-delà l’Équateur, le Pérou et la Bolivie.

L’empire Inca était divisé en quatre suyos ou nations : au nord-ouest le Chinchaysuyo, allant jusqu’au fleuve Ancashmayo en Colombie ; au nord-est l’Antisuyo qui s’étendait jusqu’aux vallées sub-tropicales de la jungle amazonienne ; au sud-ouest le Contisuyo, sur la côte péruvienne jusqu’au fleuve Maule (au Chili) ; et au sud-est le Collasuyo, occupant une grande partie de l’actuelle Bolivie, jusqu’à Tucumán (Argentine).

Les légendes et chroniques racontent qu’il y a eu 13 empereurs Incas : Manco Cápac, Sinchi Roca (1230-1260, Lloque Yupanqui (1260-1290), Mayta Capac (1290-1320), Capac Yupanqui (1320-1350), Inca Roca (1350-1380), Yahuar Huacac (1380-1400), Viracocha Inca (1400-1438), Pachacuti Yupanqui ou Pachacutec (1438-1471), Tupac Yupanqui (1471-1493), Huayna Capac (1493-1527), Huascar (1527-1532) et Atahualpa (1532-1533).
Pachacutec fut celui qui étendit le territoire et en fixa l’organisation.

Manco Cápac est le premier empereur Inca. Selon la légende, Manco Cápac et Mama Ocllo, enfants du dieu soleil Inti (fils de Viracocha, le dieu créateur), étaient frère et sœur et mariés l’un à l’autre. Nés du bouillonnement du lac Titicaca, ils fondèrent Cuzco, la capitale du futur empire Inca. Manco Capac apprit aux hommes l’agriculture et l’artisanat et Mama Ocllo, aux femmes, le tissage. En signe de remerciement au soleil, Manco Capac et Mama Ocllo bâtirent le temple du soleil, en même temps que Manco se présenta comme le fils de Dieu et l’initiateur de la civilisation.

C. Organisation sociale

La société Inca était basée sur une hiérarchie sociale stricte : au sommet l’empereur Inca au pouvoir de droit divin et à l’autorité absolue ; puis les nobles, encore appelés orejones, nom espagnol que leur donnèrent les conquistadores en raison des oreilles agrandies par le poids des boucles d’oreilles qu’ils portaient comme signe distinctif. Venaient ensuite les runas ou mitimaes, affectés au travail obligatoire dans les mitas. Puis enfin, les yanaconas ou yanakunas, serviteurs domestiques.

Les mécanismes qui servirent à unifier la diversité culturelle furent la langue Quechua, langue officielle étendue sur tout le territoire, ainsi que des principes moraux de vie commune. Trois de ces principes étaient à la base de l’organisation sociale de l’Empire Inca : Ama Súa (ne sois pas un voleur), Ama Llulla (ne sois pas un menteur) et Ama Kella (ne sois pas paresseux).

La stricte hiérarchie sociale s’accompagnait d’une redistribution de la production agricole au niveau local mais aussi au niveau de l’empire, grâce à un réseau de transporteurs. Ceci explique que la population n’ait jamais souffert de faim et, bien plus, ait pu accumuler suffisamment d’énergie pour réaliser les nombreuses constructions (religieuses et administratives) et routes dans tout l’empire. On a là une différence essentielle avec la colonisation espagnole qui, elle, n’organisera pas cette redistribution alimentaire et provoquera une hécatombe démographique de l’empire Inca.

Par ailleurs, les conquêtes étaient suivies par une reconnaissance et une incorporation de la culture des peuples conquis

D. Religion

La religion des Incas était basée sur le culte du Soleil. Avec Inti (dieu du soleil), les Incas adoraient Viracocha (dieu créateur) et Inti Illapa (dieu du ciel, du tonnerre et de la foudre). Viracocha organisa le monde en 4 parties : Chinchaysuyu (à l’ouest), Collasuyu (à l’est), Antisuyu (au nord) et Cuntisuyu (au sud).
Face aux divinités d’en haut (Inti, Viracocha, Inti Illapa), se trouve le monde d’en bas où règne la Pacha Mama, la divinité de la terre et de la fertilité.

Les empereurs Incas, considérés comme des descendants du dieu Soleil, étaient adorés comme des divinités. De même, l’or, symbole du dieu Soleil, était très utilisé pour la décoration des temples et les objets liturgiques. Sa signification était ainsi diamétralement opposée à celle des espagnols qui n’y verront qu’un métal précieux à valeur commerciale.

Les temples dédiés au soleil étaient le lieu principal du culte au soleil. Ils étaient présentas sur toute l’étendue de l’empire mais le plus connu d’entre eux est le Coricancha, le temple du Soleil de Cuzco.

Chaque centre administratif important comprenait un palais, un temple solaire servi par des prêtres liés à Cuzco et une maison pour les femmes choisies de l’Inca (acllahuasi).

En arrivant, les conquistadors ont détruits les sites incas et, avec les pierres des temples du soleil, de la lune, de la foudre, de l’arc-en-ciel, … y ont construit des églises dans le but d’évangéliser les incas. Forcés de se rendre dans les églises, les incas, loin d’arrêter le culte à leurs divinités, se servaient des églises pour prier leurs dieux.

Si les Incas ont imposé aux populations soumises, le culte du Soleil comme religion officielle, ils ont su respecter les croyances locales et en particulier les huacas. Les huacas étaient des fétiches, éléments naturels (montagne, colline, rocher, …), auxquels était prêtée une puissance surnaturelle et à qui on faisait .des offrandes.

Le calendrier Inca permettait de fixer les dates des fêtes religieuses et des travaux agricoles.

Le culte des ancêtres était très pratiqué, les corps des défunts étant conservés, non par momification, mais en les laissant se dessécher au vent sec des montagnes. Des offrandes leur étaient offertes.

E. Conquête espagnole

La question la plus communément posée est de savoir comment 200 espagnols ont pu effectuer aussi rapidement la conquête d’un empire de 15 millions de personnes. Le premier élément explicatif fut la guerre de succession qui suivit la mort de Huayna Capac en 1527 et qui affaiblit considérablement la cohésion de l’empire. Cette guerre prit place entre l’empereur légitime Túpac Kusi Wallpaq, encore appelé Huáscar, et son frère Atahualpa, qui voulut s’emparer du trône royal en se faisant couronner à Tumipampa (aujourd’hui Cuenca en l’Équateur). Les autres raisons de la facilité de la conquête par les espagnols furent leur supériorité militaire (chevaux, armures en métal, armes à feu), les soulèvements des populations locales qu’ils encouragèrent contre le pouvoir central, ainsi que l’assimilation par les Incas, des espagnols, à des dieux dont des prophéties leur avaient annoncé l’arrivée.

Ayant débarqué sur la côte pacifique du Pérou, les Espagnols arrivèrent à Cajamarca en novembre 1532 et capturèrent Atahualpa qu’ils exécutèrent le 29 août 1533, après qu’il leur eut livré tout son or, contre lequel ils lui avaient pourtant promis la vie sauve. Les Espagnols partirent alors pour Cuzco dont les habitants leur ouvrirent les portes, mais sans jamais leur révéler l’existence de Machu Picchu, centre religieux de l’empire.

Les espagnols commettent alors pillages et massacres et la colonisation qui soumet la population à un quasi esclavage conduit à sa destruction rapide, le nombre d’habitants passant en un siècle de 15 millions à moins d’un million.

Les Incas mèneront plusieurs rebellions contre les espagnols : en 1536 sous le commandement de Manco Inca, aux 17è et 18è siècles, mais surtout en 1780 avec Túpac Amaru II. Baptisé José Gabrile Condorcanqui Noguera, Túpac Amaru II, était cacique (chef) de Pampamarca, Surimana et Tungasuca. Considéré par les indigènes comme un descendant direct des empereurs Incas, il prit le nom de Tupac Amaru II. Riche commerçant, il fut lésé par les mesures économiques mises en place par les espagnols. En novembre 1780, Túpac Amaru fait saisir le représentant du pouvoir royal espagnol à Tinta puis le fait pendre.

Après avoir affronté les soldats espagnols avec une armée de plusieurs milliers de rebelles, il est trahi par deux de ses officiers et capturé en mars 1781. Après avoir assisté à l’exécution de toute sa famille (son épouse Micaela Bastidas et ses fils), il est écartelé sur la place principale de Cuzco le 18 mai 1781. Une des plus grandes revendications des indigènes était l’abolition de la mita (travail forcé) qui approvisionnait en particulier les mines de Potosi en mitayos (travailleurs dans les mines d’or et d’argent).
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