Géographie
Le Royaume Hachémite de Jordanie a une superficie de 92 300 km2 et une population de 6 millions d’habitants. Peuplé originellement de bédouins, le pays a accueilli un nombre important de palestiniens qui dépassent aujourd’hui 60 % de la population totale. L’islam est la religion majoritaire (92 % de la population), les chrétiens (grecs-orthodoxes surtout) constituants les 8 % restants. Le roi est Abdallah II et son premier ministre Nader al-Dahabi.
La Jordanie est composée essentiellement d’un plateau désertique aride à l’est, et d’une région montagneuse à l’ouest. La Vallée du grand rift et le Jourdain séparent la Jordanie d’Israël. Le point culminant du pays est le Jabal Ramm (1 754 m), le point le plus bas étant la Mer Morte (417 m sous la mer).
Histoire
De l’Assyrie aux Ottomans
A partir de la fin du néolithique (vers 3 300), la Jordanie connaîtra plusieurs influences successives : palestinienne, égyptienne, hébraïque (- 1 200), assyrienne (- 734), babylonienne (- 586), mède (- 559 à – 404), hélénistique (conquête par Alexandre le Grand en – 330), romaine (conquête par Pompée en 64), byzantine (à partir de + 395, à la suite du partage de l’Empire romain en Empire d’Occident et Empire d’Orient), sassanide (+ 614 à + 629) et arabe (prise de Pétra en 631 et d’Amman en 635). La Jordanie est alors gouvernée par les dynasties omeyyade (660 à 750) et abbasside (750-1258). Après avoir pris Antioche en 1098 puis Jérusalem en juillet 1099, les croisés entrent en Jordanie et s’installent de 1115 à 1189 dans la région de Moab, où ils créent un royaume franc. Des châteaux sont édifiés, comme celui de Kérak. Mais la prise de Jérusalem par Saladin en 1187 entraîne le déclin progressif des Francs. En 1260, les Tatars mongols envahissent la Jordanie, puis les Mamelouks conduits par le sultan Baïbars dominent la région de 1290 jusqu’au début du XVIème siècle. En 1516, les Mamelouks sont écrasés par les Ottomans, qui conquièrent la Jordanie, la Syrie, le Liban et la Palestine actuels. La Mecque est conquise par les ottomans en 1517, faisant de la Jordanie une étape importante pour les caravanes de pèlerins, surtout lorsque le chemin de fer reliant Constantinople au Hedjaz sera mis en service en 1907.
Première guerre mondiale
Durant la première guerre mondiale, les pays occidentaux jouent un jeu double : alors que la correspondance Hussein-MacMahon de 1915 assure les Britanniques de la participation armée des Hachémites du Hedjaz en échange de la création d’un royaume arabe, en parallèle, les accords Sykes-Picot consacrent le partage, entre la Grande-Bretagne et la France, de la province arabe de l’Empire ottoman. La révolte arabe est déclenchée le 10 juin 1916 par Hussein de La Mecque, et les troupes Hachémites, commandée par ses deux fils, Abdallah et Fayçal, remportent plusieurs victoires : prise d’Akaba le 6 juillet 1917, de Jérusalem le 11 décembre 1917, de Damas le 1er octobre 1918, et de Beyrouth le 7 octobre 1918. Ces victoires libèrent la province arabe de la domination ottomane. Contrairement aux promesses faites à Hussein qui, lui, a tenu la sienne (aider à chasser les Ottomans), la conférence de San Remo (avril 1920) attribue la Syrie et le Liban à la France, la Palestine, la Transjordanie et l’Irak à la Grande Bretagne. En juillet 1920, les français mettent définitivement fin, par les armes, à l’éphémère royaume arabe de Fayçal qui doit quitter la Syrie. En compensation, les britanniques installent Abdallah sur le trône de Transjordanie (mars 1921) et Fayçal sur celui d’Irak (août 1921).
Mandat britannique
L’émirat de Transjordanie est placé sous mandat britannique par la SDN le 16 septembre 1922 et doit se défendre contre les Saoud, qui en 1924 ont arraché le Hedjaz aux Hachémites. Après la seconde guerre mondiale, durant laquelle la Jordanie a soutenu la Grande-Bretagne, la Transjordanie obtient son indépendance (27 juin 1945) et devient le royaume de Transjordanie. Le 15 mai 1948, les Britanniques mettent fin à leur mandat en Palestine. Le jour même, la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël est lue par le président de l’Agence juive, David Ben Gourion, qui devient le premier Premier ministre du nouvel État. Immédiatement, l’Egypte, la Syrie, le Liban, l’Irak et la Jordanie déclarent la guerre à Israël. Les combats s’achèveront le 7 janvier 1949 avec le transfert à la Transjordanie de la Cisjordanie et de la partie arabe de Jérusalem. Ceci suscite le mécontentement des nationalistes palestiniens qui, le 20 juillet 1951, assassinent Abdallah à la mosquée al-Aksa de Jérusalem. Son fils ainé Talal devient roi le 5 septembre 1951 mais est écarté moins d’un an après en raison de ses troubles psychiques. Son fils Hussein, qui le remplace, règnera 46 ans (1953- 1999).
Guerre de 6 jours
Le 5 juin 1967, éclate la guerre des Six jours, à l’issue de laquelle la Jordanie perd Jérusalem-Est et la Cisjordanie et voit arriver chez elle 200 000 réfugiés palestiniens, en provenance de Cisjordanie, portant ainsi la part des palestiniens à 60 % de la population de la Jordanie. En 1974, à l’occasion de « Septembre noir », l’armée jordanienne mène une terrible répression contre les camps de réfugiés, ce qui pousse la résistance palestinienne à s’installer au Liban. Durant la guerre Iran-Irak (1980-1990), puis la guerre du Golfe (janvier 1991), le roi Hussein soutient l’Irak. Il accueille 600 000 réfugiés ayant fui l’Irak et le Koweït, ainsi que les émigrés palestiniens, yéménites et jordaniens chassés des Etats du Golfe de soutenir l’Irak. Hussein meurt le 7 février 1999. Son fils Abdallah lui succède.