Pétra
L’antique cité de Pétra, l’un des trésors nationaux de la Jordanie, est le site touristique le plus connu du pays. Située à environ trois heures de route au sud d’Amman, Pétra est l’oeuvre des Nabatéens, un peuple arabe qui s’installa dans la pointe méridionale de la Jordanie il y a plus de 2 000 ans. Réputée pour sa culture raffinée, son architecture massive et son système ingénieux de retenues et de canaux d’alimentation en eau, Pétra est désormais inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité dressée par l’UNESCO et reçoit les touristes du monde entier.
Pétra fut fondée vers le 6e siècle avant Jésus-Christ par les Nabatéens, un peuple arabe nomade qui s’installa à Pétra vers la fin du 6ème siècle avant JC, attiré par les abondantes réserves d’eau, la protection des canyons rocheux et la bienveillance des Edomites déjà installés dans la région et qui acceptèrent de cohabiter avec eux. A la fin du 2ème siècle avant JC, Pétra était devenu la capitale du royaume nabatéen, vaste empire commercial s’étendant jusqu’en Syrie. Pétra constituait un carrefour stratégique à la jonction des routes du commerce de la soie et des épices, reliant la Chine, l’Inde et l’Arabie méridionale à l’Egypte, la Syrie, la Grèce et Rome. En dépit des tentatives du roi séleucide Antigone, de l’empereur romain Pompée et du roi Hérode le Grand pour soumettre Pétra au contrôle de leur empire, la cité resta sous la domination des Nabatéens jusqu’en l’an 100 ap. J.-C. avant de tomber aux mains des Romains. Les Croisés y bâtirent un fort au 12e siècle, puis abandonnèrent peu après Pétra à la merci des populations locales. Pétra fut redécouverte par l’explorateur suisse Johann Ludwig Burckhardt en 1812.
Le monument principal de Pétra est le Trésor ou « Al-Khazneh, tombeau d’un roi nabatéen, taillé à même le roc au début du 1er siècle et dont l’imposante façade rose mesure 30 m de large sur 43 m de haut, taillée à même le roc. Pour atteindre le Trésor, il faut emprunter une gorge désertique étroite (ou siq), d’un kilomètre de long, dont les parois atteignent 200 mètres de haut. Dans « Coke en Stock » (1956), une partie des aventures de Tintin se déroule dans Pétra, devant le Khazneh. Le Khazneh est l’une des plus belles tombes de la nécropole de Petra et probablement une sépulture royale. Cet édifice est constitué de 2 structures indépendantes : le Tombeau aux Obélisques en haut (les obélisques représentaient l’âme des défunts) et le Triclinium de Bab el-Siq en bas (il servait à accueillir les banquets qui se tenaient tous les ans en l’honneur des défunts…)
Le Siq, long canyon creusé par l’érosion dans la paroi rocheuse, est l’ancien lit du Wadi Moussa (rivière de Moïse). Le Siq était l’entrée principale de la ville antique et en garantissait la sécurité. Tout au long de ses 1,2 km, se trouvent un système sophistiqué de canalisations creusées dans les parois, des sculptures, des niches où étaient rangées des objets de culte, des arbustes poussant en hauteur et à l’horizontale… On peut également les puits de lumière percés dans les parois rocheuses à la hauteur vertigineuse et colorées par une infinité de tons allant du jaune au marron en passant par le rose, le bleu et le carmin, et changeant selon les heures de la journée et l’éclairage ou non par le soleil. Le Siq avait à la fois une fonction sacrée et un rôle commercial puisqu’il constituait une voie empruntée par les caravanes sur la route de la soie, comme le montre le relief de la caravane, sculpture représentant deux hommes revêtus d’habits grecs et conduisant chacun deux dromadaires. En effet, Pétra occupait une position commerciale stratégique au carrefour des routes reliant la Chine à Rome. Les caravanes chargées d’encens, de soieries et d’épices faisaient halte à Pétra où elles trouvaient de l’eau en abondance et une protection contre les brigands. En échange de leur hospitalité, les Nabatéens prélevaient une taxe sur tous les produits transitant par leur cité, ce qui créa leur prospérité.
La façade du Trésor n’est qu’un exemple parmi d’autres des merveilles architecturales à découvrir à Pétra. Plusieurs itinéraires et sentiers grimpant le long des parois révèlent des centaines de bâtisses, de tombes, de bains, de salles funéraires, de temples, de portes archées, de rues bordées de colonnes et de surprenants dessins sur la roche, ainsi qu’un théâtre en plein air de 3 000 places et un gigantesque monastère du premier siècle. Un musée archéologique moderne peut aussi être visité. Pétra est en réalité une ville troglodyte qui s’étend sur 10km2 avec une nécropole de 800 tombeaux, des habitations, des temples et constructions construits dans un style architectural qui empreinte à l’Egypte, la Perse, la Grèce et Rome.
Les cavités creusées dans la montagne étaient à l’origine des tombes de notables nabatéens. Elles ont ensuite été habitées par des tribus bédouines sédentarisées qui ont été expulsées quand Petra est devenu un site touristique. Ces populations troglodytes ont été relogées dans des villages construits dans les environs de Petra et vivent actuellement du tourisme (marchands de souvenir, promenades à cheval, guides..)
Cette cité autrefois resplendissante, annexée par les romains puis habitée par les chrétiens fut détournée des voies commerciales et, après les Croisades et 2 tremblements de terre, tomba dans l’oubli jusqu’à ce qu’un voyageur suisse, Johann Ludwig Burckhardt, déguisé en cheik arabe, la redécouvre en août 1812.