Colloque « La Route de l’esclave : réconcilier histoire et mémoire »

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COLLOQUE INTERNATIONAL “LA ROUTE DE L’ESCLAVE : DES ITINERAIRES POUR RECONCILIER HISTOIRE ET MEMOIRE”

Fort Fleur d’Epée, 12-13 décembre 2014

Compte rendu de Pascal Gbikpi

INTRODUCTION

Du 13 au 14 décembre 2014, le colloque international « La Route de l’esclave : des itinéraires pour réconcilier histoire et mémoire » a été organisé par la Direction des Affaires Culturelles du Conseil Général de la Guadeloupe, en collaboration avec l’Unesco. Durant ce colloque, tenu au Gosier (Fort Fleur d’Epée), une quarantaine d’historiens, chercheurs, enseignants, associations, spécialistes du patrimoine, gestionnaires de site, … venus d’Europe (France) et d’Amérique (Etats-Unis, Pérou, Brésil, Cuba, Haïti, St Kitts, Guadeloupe) ont réfléchi à la mise en place d’outils pour préserver les lieux de mémoire liés à la traite négrière. L’objectif est de constituer dans chaque pays un itinéraire consacré à la mémoire de l’esclavage et labellisé « Route de l’esclave » par l’Unesco, puis de rassembler l’ensemble de ces itinéraires en un réseau mémoriel reliant l’Afrique et ses diasporas dans le monde.

I. LA ROUTE DE L’ESCLAVE. Par ALI MOUSSA Iye, responsable du projet « La Route de l’Esclave » à l’UNESCO

Lancé en 1994 à Ouidah, au Bénin, le projet « La Route de l’Esclave » de l’Unesco poursuit un triple objectif : contribuer à une meilleure compréhension des causes, modalités d’opération, enjeux et conséquences de l’esclavage dans le monde (Afrique, Europe, Amériques, Caraïbes, l’océan Indien, Moyen Orient et Asie) ; mettre en lumière les transformations globales et les interactions culturelles issues de cette histoire ; contribuer à une culture de la paix en favorisant la réflexion sur le pluralisme culturel, le dialogue interculturel et la construction des nouvelles identités et citoyennetés. Le projet « La Route de l’Esclave » fait partie des Projets de Routes Interculturelles de l’Unesco (Routes de la Soie, Route de l’Esclave, Routes de la Foi, Routes Al Andalus, …).

Le projet « la Route de l’Esclave » s’organise autour de trois programmes : travaux d’éducation et d’enseignement, promotion du patrimoine commun immatériel des peuples africains, amérindiens et européens que la traite a forcé à vivre ensemble dans des sociétés plurielles ; mémoire de l’esclavage et de la diaspora.

II. HISTOIRE ET MEMOIRE DU CODE NOIR. Par Jean-François NIORT, maître de conférences, UAG.

Jean-François Niort est maître de conférences à la faculté de droit de l’UAG a mis au jour l’original du manuscrit de l’arrêté du 16 juillet 1802 de Bonaparte qui rétablit l’esclavage en Guadeloupe. Il s’est ensuite intéressé au Code noir et à ses différentes versions. Le Code noir est l’appellation qui a été donnée à l’édit de mars 1685, mais qui n’a été édité, pour la première fois, qu’en 1718 sous le titre « Code noir ». La toute première version enregistrée en Guadeloupe du Code noir date de décembre 1685. Ce texte est annoté, commenté et comparé avec les autres versions qui sont parfois différentes.Tout le monde connaît le texte de Louis Sala-Molins, qui a contribué à la vulgarisation d’un certain Code noir. Mais, d’une part, il ne s’est appuyé que sur une des versions anciennes de l’Edit et, d’autre part, n’étant pas historien, ni juriste, mais philosophe, Sala-Molins en a livré une  vision « philosophique » qui est aujourd’hui dépassée. La première mouture du Code Noir n’existe pas aux Archives Nationales. Elle est peut-être dans les papiers privés de la famille Colbert. Cela est probable puisque la rédaction de l’édit a été supervisée par Colbert père & fils. L’absence d’original est une anomalie, car un texte de cette importance aurait dû être conservé aux Archives.

JF Niort prépare une publication de tous les textes juridiques du 17ème siècle jusqu’à la loi Taubira, sur la traite et l’esclavage colonial. Autrement dit, tous les textes de référence depuis le début de la colonisation, jusqu’à nos jours. C’est un ouvrage qui doit sortir aux PUF (Presses Universitaires de France), il comprendra 4 millions de signes et plus de 1500 pages.

III. LES CIMETIERES D’ESCLAVES EN GUADELOUPE. Par Christian STOUVENOT, Service Régional de l’Archéologie (DAC Guadeloupe) et Jérôme ROUQUET, archéologue à l’Institut National de la Recherche Archéologique Préventive.

L’érosion marine sur le littoral de Saint-François, côte sud de la Grande-Terre, détruit progressivement un cimetière d’époque coloniale sur la plage des Raisins clairs. L’Inrap intervient du 13 janvier au 12 février 2014 sur une bande de 3 m de large, sur 60 m de long, directement en arrière du front d’érosion. Ce cimetière est connu depuis plusieurs années en raison de l’apparition régulière d’ossements humains et de clous de cercueil. Dans les années 1990, la découverte d’un crâne associé à un collier de servitude avait évoqué la présence d’un cimetière d’esclaves. Les sondages réalisés en 2013 ont permis de mettre au jour 48 inhumations individuelles, avec des indices de cercueil pour la plupart.


Les défunts sont déposés sur le dos selon un axe est-ouest parallèle au rivage, la tête le plus souvent à l’ouest. La présence de boutons en os montre que les défunts étaient vêtus. L’un d’entre eux a les incisives taillées, ce qui indiquerait, par analogie avec les découvertes effectuées sur le cimetière d’esclave de l’Anse Sainte-Marguerite, que cet individu serait né en Afrique. La population est constituée d’adultes et d’enfants des deux sexes. Les recoupements entre sépultures témoignent d’une utilisation relativement longue du lieu, probablement plus d’un siècle. La chronologie reste à préciser, mais les indices récoltés permettent de proposer une occupation allant de la fin du XVII
e au XIXe siècle. Entre 500 et 1 000 sépultures sont encore en place. Le statut de ce cimetière sera précisé, grâce à la fouille des vestiges menacés et à l’étude des sources historiques.


Une équipe d’archéologues de l’Inrap spécialisés en anthropologie va intervenir sur le terrain pour mettre au jour et inventorier l’ensemble des vestiges. Appliquée à l’archéologie, l’anthropologie s’intéresse aux restes humains et au contexte dans lequel ils sont découverts. Sur le terrain puis en laboratoire, l’anthropologue examine les vestiges du défunt pour identifier ses caractères biologiques, les circonstances de sa mort et les traumatismes et maladies auxquels il a, ou non, survécu. Il étudie également toutes les caractéristiques de la sépulture, enrichissant ainsi la connaissance des sociétés à travers leurs pratiques funéraires :
traitement du corps, type de tombe, mobilier…

IV. LE QUARTIER DES ESCLAVES DE L’HABITATION ARBOTTEAU-RODRIGUE A PORT-LOUIS. Par Nathalie SERRAND, archéologue à l’Institut National de la Recherche Archéologique Préventive

La fouille menée en 2013 par l’Inrap sur le lieu-dit La Piéta, en amont d’aménagements immobiliers, a mis au jour des vestiges historiques. Ce sont les restes de petites constructions sur poteaux et d’éléments de maçonnerie des XVIIIe et XIXe siècles qui s’étendent sur près d’un hectare et demi. Ces découvertes concordent avec les indications de la cartographie ancienne qui représente, à cet endroit, l’habitation-sucrerie Barbotteau et, notamment, le plan schématique des logements des esclaves. L’habitation Barbotteau, implantée au début du XVIIIe siècle a fonctionné jusqu’à la fin du XIXe siècle. Jusqu’à 300 esclaves travaillèrent sur ces terres mais les sources restent assez muettes en ce qui les concerne. L’étude en cours des vestiges – fosses dépotoirs, trous de poteaux des cases, mobilier – fournira de nouvelles connaissances sur les conditions de vie et d’habitat des esclaves, leur redonnant parole au-delà du silence des archives.

V. MISE EN VALEUR DES LIEUX DE MEMOIRE. Par Myriam Cottias, historienne, présidente du Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CNMHE).

Le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE) a pris la suite, par décret, en mai 2013 du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CPMHE 2009-2012) et du Comité pour la mémoire de l’esclavage (CPME 2004-2009), installés de manière permanente auprès du gouvernement en application de la loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité.

Le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, domicilié au ministère des Outre-mer (27 rue Oudinot, 75007 Paris), est chargé d’assister de ses avis et recommandations le Gouvernement sur les questions relatives à la recherche, l’enseignement, la conservation, la diffusion ou la transmission de l’histoire et des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, et de faire des propositions et des recommandations concernant les commémorations, les événements nationaux ou internationaux liés à l’histoire de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, l’identification des lieux de mémoire, des institutions, des musées, des centres d’interprétation et des structures de recherche relatifs à ces thèmes ainsi que leur mise en réseau, y compris avec leurs homologues étrangers, et le recueil d’éléments et les travaux de toute nature liés à la mémoire de la traite et de l’esclavage.

Le 10 mai est la « journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition » depuis 2006 et a été choisie sur proposition du comité pour la mémoire de l’esclavage (CPME).

Le CNMHE est composé de quinze personnalités qualifiées : M. Antonio de ALMEIDA MENDES, maître de conférences en histoire. Mme Charlotte de CASTELNAU L’ESTOILE, maître de conférences en histoire. Mme Audrey CELESTINE, maître de conférences en sciences politiques. M. François DURPAIRE, historien. Mme Annie FITTE-DUVAL, maître de conférences en droit public. M. Emmanuel GORDIEN, maître de conférences des universités-praticien hospitalier, vice-président du Comité Marche du 23 mai 1998. M. Gilles DESIRE DIT GOSSET, sous-directeur de l’accès aux archives et de la coordination du réseau service interministériel des Archives de France. M. Jean-Claude JUDITH DE SALINS, conseiller d’honneur de la société internationale des arts plastiques de l’UNESCO. Mme Stéphanie MELYON-REINETTE, consultante en entreprise. Mme Euzhan PALCY, réalisatrice. M. Philippe PICHOT, directeur de l’association Pays du Haut-Doubs, chef de projet « route des abolitions de l’esclavage ». M. Frédéric REGENT, maître de conférences en histoire. Mme Josy ROTEN, professeur d’anglais, responsable de l’association Mémoria. Mme Maboula SOUMAHORO, maître de conférences en lettres et langues.

Myriam COTTIAS, qui a succédé en 2013 à Maryse Condé puis Françoise Vergès à la présidence du CNMHE, est historienne, directrice de recherche au CNRS. Elle est également directrice du Centre International de Recherche sur les Esclavages et du Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe (Université des Antilles-Guyane). Elle a publié de nombreux travaux sur les Antilles et la question de l’esclavage.

Pour Myriam Cottias, il importe de transmettre la connaissance sur l’histoire de l’esclavage et de réfléchir sur la construction nationale. Ce ne sont pas seulement les villes de l’Afrique qui font partie de l’histoire de l’esclavage mais aussi celles de l’Europe. Pour cela, il faut recenser tous les lieux de mémoire et d’histoire en Afrique et en Europe.

VI. LES ANNEAUX DE LA MEMOIRE. Par Yvon CHOTARD, président de l’association “Les Anneaux de la Mémoire”

L’organisation des Anneaux de la Mémoire a pour objectif de mieux faire connaître au grand public l’histoire de la traite négrière, de l’esclavage et leurs conséquences actuelles. Elle opère dans la perspective de promouvoir de nouveaux échanges, équilibrés et équitables, entre les sociétés d’Afrique, d’Amérique et d’Europe.

Elle s’attache à revisiter et approfondir certains aspects de l’histoire de différentes villes et régions, partout dans le monde. Elle a commencé par s’intéresser à la ville de Nantes (France) et à sa région, liées depuis le 17e siècle à la traite négrière et à l’esclavage. Nantes fut au 18ème siècle un des principaux port négrier d’Europe. C’est ainsi que l‘exposition « Les Anneaux de la Mémoire » a été présentée au Château des Ducs de Bretagne de Nantes, entre décembre 1992 et mai 1994 et a accueilli plus de 400 000 visiteurs. Puis, en mars 2012, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage a été inauguré à Nantes. Consacré à la traite négrière à Nantes et dans le monde, à l’esclavage et à son abolition, le mémorial a été aménagé sous une promenade végétalisée de 7 000 m2. À l’intérieur, 2 000 plaques de verre gravées présentent l’histoire de l’esclavage et notamment celle des expéditions négrières des Nantais au 18è siècle.

Les Anneaux de la Mémoire viennent de lancer le programme TOSTEM (TOurisme autour des Sites de la Traite, de l’Esclavage et de leurs Mémoires), qui sera conduit en collaboration avec quatre partenaires : l’Association Touristique d’Haïti, l’African Slavery Memorial Society, à Antigua et Barbuda, la Route des Chefferies, au Cameroun, et la Fédération Nationale des Offices de Tourisme et Syndicats d’Initiatives Sénégalais, au Sénégal.

VII. LA ROUTE DES ABOLITIONS. Par Philippe PICHOT, coordonnateur de la Route des abolitions dans l’Est de la France.

La « Route des Abolitions » regroupe cinq lieux de mémoire autour de l’esclavage des Noirs : Champagney (dont les habitants, dans leur cahier de doléances du 19 mars 1789, lancèrent le premier appel du peuple contre la traite négrière et l’esclavage des Noirs), Emberménil (où fut curé l’Abbé Grégoire qui lutta pour l’abolition de l’esclavage), Joux (où Toussaint Louverture rendit l’âme le 7 avril 1803), Chamblanc (où naquit Anne-Marie Javouhey, missionnaire en Guyane où elle libéra de nombreux esclaves), et Fessenheim (où naquit Victor Schoelcher père, de l’abolition définitive de l’esclavage dans les colonies françaises le 27 avril 1848). Lancée en 2004, la « Route des abolitions de l’esclavage », s’inscrit dans le projet international de « la Route de l’esclave » soutenu par l’ONU et l’UNESCO sur le devoir de mémoire et se veut être la déclinaison de la Loi du 10 mai 2001 adoptée par la France tendant « à la reconnaissance de la traite négrière et de l’esclavage comme crime contre l’humanité »

VIII. TRACES ET MEMOIRES DE L’ESCLAVAGE. Par Marcel DORIGNY, maître de conférence à l’Université Paris VIII.

Historien, Marcel Dorigny est docteur de l’université de Paris et maître de conférences au département d’histoire de l’université de Paris VIII ? Saint-Denis. Sa recherche porte sur les courants du libéralisme français au XVIIIe siècle et dans la Révolution française, principalement dans les domaines coloniaux : la place de l’esclavage dans les doctrines libérales du XVIIIe siècle, les courants antiesclavagistes et abolitionnistes, les processus d’abolition de l’esclavage dans les colonies d’Amérique, notamment le cas de Saint-Domingue-Haïti, et leurs rapports avec les mouvements d’indépendance des colonies américaines. Il prépare actuellement un livre sur le Paris colonial : place des Victoires (1er et 2e arrondissements de Paris), où se réunissait à la fin du XVIIIe siècle la société des colons de Saint-Domingue ; rue Vivienne, où se trouvait le siège de la Compagnie des Indes qui, fondée en 1664, était l’un des acteurs du commerce esclavagiste dans l’océan Indien ; l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde ; la Caisse des dépôts et consignations, rue de Lille (7e arrondissement) qui avait été chargée d’encaisser les réparations imposées à Haïti à partir de 1825 en « dédommagement » du préjudice subi par les anciens colons après l’abolition de l’esclavage…

IX. SLAVERY, SLAVE TRADE AND REMEMBRANCE. Par Harvey BAKARI, Colonial Williamsburg Foundation.

Colonial Williamsburg Foundation est un musée qui représente, en grandeur nature, la ville de Williamsburg, en Virginie (Etats-Unis) à l’époque coloniale. Le domaine de 122 hectares comprend plusieurs bâtiments construits en 1699 à 1780 (période durant laquelle Williamsburg fut la capitale de la Virginie) et pendant la guerre d’indépendance. La vie des esclaves noirs est également reconstituée avec le quartier des esclaves.

X. ZANA, SITE DE LA MEMOIRE DE L’ESCLAVAGE AU PEROU. Par Luis Rocca Torres, directeur du musée afro-péruvien de Zana (Pérou)

Le conseil régional de Lambayeque (une des 24 régions du Pérou) a reconnu officiellement le district de Zana comme site de la mémoire de l’esclavage et d’héritage de la culture africaine (Sitio de la Memoria de la Esclavitud y Herencia Cultural Africana). Cet acte culturel important a pour objectif de revaloriser les afro-descendants de cette région. Zana est le premier site du Pérou à être déclaré comme site de la mémoire de l’esclavage. L’histoire relate qu’en 1563, lorsque Zana fut fondée comme ville espagnole, des milliers d’esclaves africains arrivèrent pour travailler dans les grandes exploitations agricoles (haciendas). L’esclavage dura près de trois siècles.

XI. LIEUX DE MEMOIRE ET EDUCATION DES RAPPORTS ETHO-SOCIAUX AU BRESIL. Par Mme Gonçalves e Silva Petronilha, Université Fédérale de Sao Carlos (Brésil).

La loi 10639/2003 du Brésil rend obligatoire l’enseignement de l’histoire et de la culture afro-brésilienne, dans toutes les écoles qui doivent ainsi valoriser les contributions des afro-brésiliens dans tous les domaines. Plusieurs institutions de mémoire afro-brésiliens ont été recensés : marché de Porto Alegre, construit il y a 200 ans ; Groupe d’études afro-brésiliennes, Université Fédérale de Sao Carlos ; Groupe d’études afro-brésiliennes, Université Fédérale de Rio Grande do Sul ; Projeto Instituto Cultural Colonia Africana, Porte Alegre ; Musée du Parcours, à Porto Alegre ; Parque Memorial Quilombo dos Palmares, Serra de Barrigo, Alagoos ; Cais do Valongo ; Museo afro-brasil de Sao Paolo ; Museu do Percurso do Negro em Porto Alegre ; Clubes negros, …

Aujourd’hui, les institutions afro-brésiliennes ont plusieurs objectifs : combattre le racisme et promouvoir le développement de la culture, de l’identité, de l’histoire enracinée dans la sagesse africaine et afro-brésilienne ; rééduquer les rapports ethno-sociaux ; promouvoir la décolonisation des corps et des pensées qui ont été et sont encore soumis à des processus d’assimilation ; étudier et diffuser des épistémologies du sud ; apprendre à dialoguer avec les mouvements noirs.

Les lieux de mémoire de l’esclavage au Brésil sont des lieux de résistance au silence et à la négation de la présence des afro-brésiliens dans la société brésilienne. Cette résistance veut donner aux afro-brésiliens les possibilités de bâtir leur destinée et poser plusieurs questions : Quels sont les espaces publics et privés qui mettent en évidence les cultures des esclaves et de leurs descendants, les afro-brésiliens ? Comment leurs cultures sont-elles représentées ? Qui réalise l’articulation de ces représentations ? Comment les afro-brésiliens veulent-ils être représentés ? Comment valoriser la spiritualité afro-brésilienne (candomble, umbanda, capoeira, tambor, …) ?

C’est l’ostracisation du candomblé qui a contribué au surgissement de l’umbanda en 1908. Encore plus métissé que le candomblé, l’umbanda marie orishas et christianisme. Moins afro-centré que le candomblé et excluant les sacrifices d’animaux, l’umbanda attire plus de blancs que le candomblé. Le candomblé a gardé un héritage très fort de l’Afrique, alors que l’umbanda donne un poids égal aux croyances indigènes, au spiritisme et au catholicisme. Il y aurait huit millions d’adeptes (et 600 000 centres) d’umbada au Brésil.

La capoeira est un autre élément du patrimoine afro-brésilien vivant. La capoeira est un art martial afro-brésilien qui puiserait ses racines dans les méthodes de combat et les danses des peuples africains du temps de l’esclavage au Brésil.

XII. SITES DE MEMOIRE AU BRESIL ET COLOMBIE. Par Solange BARBOSA.

Solange Barbosa a créé une agence de tourisme (Chitia Tours) centrée autour des sites mémoriels de l’esclavage au Brésil (Region del Vale del Paraiba del Sur em San Pablo) et en Colombie (Cartagena de los Indios). Plusieurs sites de mémoire de l’esclavage sont visités au Brésil : Oficina de Capoeira ; Centro de cultura afro « Zumbi dos Palmares » à Taubaté ; Santuario Nacional de Aperecida ; Jongo do Sudeste

XIII. LA ROUTE DE L’ESCLAVE A SAINT KITTS ET NEVIS. Par Blake Michael, Unesco National Commission of St Kitts.

Saint Kits est une petite île de 60 miles carrés et 50 000 habitants. On la considère comme la « mère » des Caraïbes car c’est à St Kits que les premiers européens s’installèrent avec l’arrivée de l’anglais Thomas Warner en 1623. Le français Pierre d’Esnambuc partira de St Kitts pour s’installer en Guadeloupe. En effet, en 1623, à la suite de l’échec de l’attaque contre un galion espagnol, le sieur d’Esnambuc se refugie sur l’Île Saint-Christophe où 400 colons britanniques venaient d’arriver eux aussi. Pierre Belain d’Esnambuc développe si bien cette île que Richelieu lui confie la colonisation d’autres îles. C’est ainsi que de 1625 à 1635, il occupe la Martinique (1635), la Tortue (1635), la Guadeloupe (1635), Saint Martin (1648), Saint Barthélémy (1648), Saint Croix (1650) et Marie-Galante. Il revient en 1635 à Saint-Christophe et y meurt en 1636. Quand aux anglais, ils partiront de St Kitts pour coloniser Nevis (1628), Antigua (1632), Montserrat (1632), Anguilla (1650) et Tortola (1672). En 1727, la capitale sera déplacée de Old Road Town à Basse Terre. Après avoir été disputée entre français et anglais, St Kits reviendra aux anglais par le traité de 1763. Le projet de la route de l’esclave a été lancé en 1984. Saint Kitts, peuplé à 98 % par des afrodescendants, voit dans ce projet le moyen de mieux prendre conscience de son identité.

XIV. LA ROUTE DE L’ESCLAVE A CUBA. Par Jesus Gaunche Perez. Chercheur à Fernando Ortiz Foundation et professeur à l’Université de la Havana et à l’Instituto Superior de Arte.

Jesus Perez est le coordinateur du Comité National Cubain pour la Route de l’Esclave. Il a beaucoup publié sur la traite et l’esclavage en Amérique Latine et dans les Caraibes. Il a été professeur temporaire dans plusieurs universités étrangères (Brésil, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, République Dominicaine, Nicaragua, Russie, Suisse, Norvège).

A Cuba, on a recensé près de 576 sites de mémoire de l’esclavage dont 16 cimetières. Parmi ces sites, les plus emblématiques sont : Cafetal Angerona, Asentamientos pobleciones reglo-guanabacoa, Castillo de San Severino, Ingenio la Demajagua, Cito Minero, y poblado del Cobre, Valle de Virales, Trinidad y el Valle de los Ingenios, Cafetales francesa,Tumba francesca, …

A La Havane, on trouve : Centro historico urbano de La Haban y su systema de fortificaciones, Casa de Africa de la Oficina del historiador de la ciudad, Casa natal de Jose Marti (1853-1895), Casa museo Juan Gualberto Gomez (1854-1933), Casa Humboldt (1769-1859), Monumento a Gabriel de la Conception Valdes (1809-1844), Plaza Vieja, Murallade Habana (1674 et 1697), l’endroit où 8 étudiants anti-esclavagistes furent fusillés, …

A Cienfuegos, fondé en 1819, on trouve les maisons de Bartolome Maximiliano More Benitez (1919-1963), Général Dionisio Gil de la Rosa, Général Antonio Maceo Grajules, Casa de Dinina Caridad, Casa Templo Santa Barbara, El Solar del Tata, …

A Camaguay, on trouve : Casa de la diversidad cultural, Conspiracion de Jose Antonio Aponte en Puerto Principe, Plaza Nicolas Guillen, Plazuela de Bedoya, Plaza del Cristo, Casa de Candita Batista Batista, Casa de Jorge Luis Betancourt Caballero, Ile Ocha Ifa del Babalawo Pablo Hernandez Gomez, Cabildo Carabali del Barrio del Cristo, …

Il faut aussi mentionner le Parque Nacional Alejandro de Humbold qui s’étend sur 70 680 ha et qui a abrité 51 palenques de cimarones (villages marrons) : Maluala, El Frijol, Bumba, Sigua, Todos Tenemos, …

Enfin, la rumba est à citer comme danse mêlant des éléments hispaniques et africains.

XV. LA ROUTE DE L’ESCLAVE A HAÏTI. Par Laennec HURBON, chercheur au CNRS et président du Comité national haïtien de la route de l’esclave.

La révolte des esclaves qui a éclaté à Haïti dans la nuit du 23 août 1791 à Bois Caïman et s’est achevée par l’indépendance de janvier 1804, a été le départ d’un embrasement qui s’est étendu aux Caraïbes et à l’Amérique du Sud. Ne se focalisant que sur la libération de la fin du 18è siècle, la société haïtienne a vécu dans un oubli délibéré de la période esclavagiste. Toutes les habitations ont été incendiées et un nouveau nom, Haïti, a été donné au pays. Ce n’est pas une vaine pensée que celle écrite sur la tombe du grand Dessalines : « Au premier coup de canon d’alarme, les villes disparaissent et la nation est debout ».

Le Comité National Haïtien de la Route de l’Esclave a également participé au Colloque sur l’insurrection d’août 1791 à Bois Caïman, à la Semaine du souvenir, aux Journées Portes Ouvertes sur les Grands Centres du Vaudou, au Festival Cinématographique de Port-au-Prince.

XVI. MISE EN VALEUR DE L’HISTOIRE D’HAÏTI. Par Mme Mireille FOMBRUN, directrice du musée Ogier-Fombrun.

L’Habitation Ogier construite en 1760 par le colon français Guillaume Ogier et abandonnée en 1799 durant la période révolutionnaire, est une des rares de son genre en Haïti à avoir subsisté à l’outrage du temps. Ses ruines furent découvertes en 1977 par l’architecte Gérard Fombrun qui se consacra pleinement à leur restauration. La bâtisse principale, ayant servi autrefois à la fabrication du sucre, héberge aujourd’hui le musée Ogier-Fombrun qui retrace cette tranche de l’histoire d’Haïti. Haïti, l’ancienne Saint-Domingue, était la plus riche et la plus florissante des colonies françaises, et fournissait à elle seule les trois quarts de la production mondiale de sucre. La force de travail pour accomplir cette tache provenait des esclaves importés d’Afrique. En janvier 1804, après un combat victorieux contre l’esclavage et le colonialisme,  Haïti est devenu la Première République Noire du monde. Le Musée Ogier-Fombrun veut être lieu de mémoire et de reconnaissance de notre singulière histoire de peuple et de ses héros. Elle veut honorer ces ancêtres, hommes et femmes, qui se sont battus pour l’abolition de l’esclavage et pour l’indépendance, et ont contribué à la liberté d’autres nations.

De nombreux autres témoins de la période coloniale existent : le Palais de la Belle-Rivière, le Fort de la Crête-à-Pierrot, le Fort Drouet, l’ habitation caféière Lamothe, l’habitation Dion, le Fort Décidé, les Forts Innocent, Madame, Doko, Fin-du-Monde et Culbuté, la Citadelle Henry, …

XVII. PROJET DU MEMORIAL ACTE. Par Thierry l’Etang, responsable scientifique du projet Memorial Acte.

Memorial Acte, le centre caribéen d’expression et de mémoire de la traite et de l’esclavage, fait suite au rapport d’Edouard Glissant sur un mémorial de l’esclavage commandité par Dominique de Villepin sous la présidence de Jacques Chirac. Au cœur du projet du Memorial Act, il y a la volonté de sensibiliser à une responsabilité et à une mémoire collectives de la souffrance d’une partie de la population française, noire ou d’origine africaine, mais aussi de montrer la participation pleine et entière de cette population au monde, au progrès et à la défense de la nation.

Memorial Acte est installé sur l’ancien site de l’usine Darboussier, sur un terrain de 11 ha racheté par la mairie de Pointe-à-Pitre et dont Memorial Acte occupera 4 ha. Il comprendra deux grands espaces (une salle d’exposition permanente de 1 700 m2 et une autre temporaire de 800 m2), un espace de congrès de 400 places, une bibliothèque et une médiathèque sur l’esclavage, un centre de recherche généalogique, …

XVIII. PRATIQUES MEMORIELLES DE LA GUADELOUPE. Par Diana REY-HULMAN, anthropologue et ethno-linguiste.

Des chercheurs, des artistes, … ont mis en valeur les héritages culturels de l’Afrique et de sa diaspora dans le monde. Geneviève Calame-Griaule, la fille de Marcel Griaule, accompagne son père chez les Dogons au Soudan français (actuel Mali) en 1946. À son retour, elle passe l’agrégation de grammaire et entre en 1951 au CNRS où elle fera partie du groupe de recherche « Langage et culture en Afrique de l’Ouest » dirigée par Pierre-Francis Lacroix. Dans les années 1970, elle voyage chez les Touareg et les Iswaghen du Niger. Elle est l’une des fondatrices de l’ethnolinguistique française. Geneviève Calame-Griaule a beaucoup travaillé sur les contes africains et sur leur force d’évocation de la parole du conte.

Du côté des afro-descendants, il faut citer Guy Konket et Roger Raspail, deux artistes qui ont rendu ses lettres de noblesse au gwo-ka.

XIX. PROJETS EDUCATIFS SUR LA ROUTE DE L’ESCLAVAGE. Par Karine SITCHAM, professeur d’histoire au lycée du Jardin d’Essai

Il faut tordre le cou à l’idée selon laquelle « dans les écoles de Guadeloupe, on n’enseigne pas l’histoire locale ». En classe de seconde, on enseigne l’esclavage et ses abolitions. Les écoles sont en relation avec un réseau d’associations partenaires qui portent cette mémoire de l’histoire et aident à donner aux élèves des clés d’ancrage autour de leur identité, un socle sur lequel ils vont se construire.

XX. ENSEIGNER LE PATRIMOINE DE L’ESCLAVAGE. Par Christelle POPOTTE, professeur d’histoire-géographie au collège Jules Michelet de Pointe-à-Pitre.

L’histoire de l’esclavage est enseignée dans les programmes de classe de 4è. Le thème « les traites négrières et l’esclavage » est inscrit dans l’enseignement comme parcours historique. Il vise à sortir l’élève de son espace classe pour qu’il s’approprie les lieux d’histoire de la traite. On constate que les élèves ont une méconnaissance de leur histoire. Il faut valoriser et promouvoir la pratique des lieux de mémoire (Musée Schoelcher, Fort Saint Charles, Habitation Vanibel, Cimetière colonial de Saint François, …). Pour cela, il faut couplet l’enseignement classique avec l’apport d’un savoir scientifique, dans une grande liberté pédagogique.

XXI. EDUCATION ET MEDIATION SUR LES SITS DE MEMOIRE DE L’ESCLAVAGE Par Elie TOUSSAINT, conseiller éducation artistique et culturelle, DAC Guadeloupe

La Direction des Affaires Culturelles (DAC) de la Guadeloupe met en œuvre, sous l’autorité du préfet, la politique culturelle définie par le ministère de la Culture et de la Communication. Elle exerce également une fonction de conseil et d’expertise auprès des partenaires culturels et est l’interlocuteur des collectivités territoriales dans tous les secteurs d’activité du ministère de la Culture et de la Communication : patrimoine, musées, archives, livre et lecture, musique, danse, théâtre et spectacles, culture scientifique et technique, arts plastiques, cinéma et audiovisuel, arts numériques, etc.

La DAC Guadeloupe assume trois grandes missions : la connaissance, la protection et la restauration du patrimoine ; le soutien à la création et à la diffusion ; la démocratisation culturelle par le développement culturel et l’éducation artistique. L’éducation artistique constitue l’une des principales priorités portée par la DAC. En partenariat avec le rectorat et l’inspection académique, la DAC encourage et soutient les projets culturels dans les établissements scolaires.

Outre le soutien aux projets, la DAC relaie en Guadeloupe deux manifestations nationales qui présentent un intérêt majeur du point de vue de l’éducation artistique et culturelle : les Rendez-vous aux jardins, qui ont lieu le 1er week-end de juin, et les Journées du patrimoine, le 3e week-end de septembre.

D’autres opérations existent : Chantiers « Jeunes Bénévoles », Opération « Les portes du temps », Convention « Culture et Justice », la « Nuit des musées », Musée Clerc, Musée Schoelcher, Maison du Patrimoine à Basse Terre, …

XXII. QUE NOUS ONT-ILS FAIT POUR MERITER UN TEL DEUEMENT ? Par Jean-Luc ROMANA, président de l’association Lanmou Ba Yo.

Créée au Moule en 2005, l’association « Lanmou Ba Yo » a décidé avec le soutien de la Ville du Moule, d’honorer leurs ancêtres au Cimetière de Sainte-Marguerite donnant naissance à un certain nombre de manifestations et de cérémonies organisées dans le cadre du « MAI DES AÏEUX ».
Elle s’est par ailleurs fixée comme objet de travailler à la mise en place d’un vrai projet mémoriel sur l’esclavage autour de trois axes prioritaires : gérer les cérémonies relatives à la mémoire de nos aïeux esclaves au Moule et organisées chaque année lors du « Mai des Aïeux » ; réhabiliter et valoriser les différents lieux de mémoire, supports de notre affiliation avec nos parents esclaves. (Cimetière de Sainte Margueritte, Moulins, Habitations…) ; travailler à la création de groupes de parole et de partage sur nos souffrances étape fondatrice à la mise en place d’un travail de généalogie (liannaj avec nos parents esclaves).

Il s’agit à travers cette manifestation « Le Mai des Aïeux » de rendre un hommage sacré à nos parents, à nos aïeux qui ont vécu le martyr de l’esclavage et qui sont tombés dans le gouffre de l’oubli.

Nous leur devons ce devoir de mémoire et d’amour pour les réinscrire dans notre filiation.LBY est un mouvement à vocation mémorielle, qui s’est donné comme objectifs d’interpeller les institutions publiques et les consciences individuelles, sur la nécessaire réhabilitation des mémoires enfouies, méconnues : celles des hommes et des femmes qui ont fait de nous ce que sous sommes. Lanmou Ba Yo Nul n’ignore pas l’importance que revêt le mois de Mai dans l’histoire de la Guadeloupe et de l’esclavage. C’est pourquoi, au delà de tout clivage, autour de cette période, Lanmou Ba Yo a souhaité rendre hommage à ses aïeux esclaves en leur consacrant plusieurs dates tout au long du mois de mai.

XXIII. LE VILLAGE INTERNATIONAL DU KA. Par Jacqueline JACQUERAY et Marie-Line DAHOMAY, Comité International des Peuples Noirs (CIPN) de la Guadeloupe.

Le CIPN, créé en 1997, a initié une démarche mémorielle, constatant qu’il n’y a pas de lieu en Guadeloupe où se recueillir et rendre hommage à nos ancêtres. Les 3 R (reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité, réparation, réconciliation) constituent la base de départ du CIPN. Luc Reinette, ancien président du CIPN, était présent à la paroi des droits de l’homme (La Défense) en 1997. Nos peuples réduits en esclavage n’ont en commun qu’un bien : le tambour. Le tambour, outil de culture, d’identité, de résistance et d’émancipation, a permis de surmonter les affres de l’esclavage, et permis aux afro-descendants d’affirmer une identité culturelle propre. Véhicule de messages qui parlent à l’inconscient, le tambour a permis à nos racines africaines de transcender les frontières géographiques. Il faut rendre hommage à ceux qui ont perpétué le tambour en dépit des railleries. Le ka est unique, instrument symbolique de tous les guadeloupéens.

Le CIPN a créé à Petit Canal un village du ka, qui veut être un lieu de transmission du savoir, de développement culturel, économique et touristique, autour du ka. Pour cela, l’habitation Duval a été réhabilitée sur 2 ha, avec sa chapelle, son moulin, son jardin créole, … Des pavillons (Afrique, Inde, Amérique, …) ont été équipés. Le « fondal ka », gros tambour de 3 m de haut, occupe le centre du village. En créant ce village, le CIPN veut valoriser le ka et devenir un lieu de rassemblement et de synthèse de ce que la Guadeloupe possède comme valeurs dans le domaine du ka. Encore récemment, les ouvriers de l’usine se rassemblait tous les quinze jours, au moment de la paie, pour un moment festif, autour du ka.

Le village du ka est un lieu neutre de militantisme culturel et artistique, pour réunifier le monde du Go Ka et recentrer le tambour au cœur des débats. Sachant que les peuples dominés ont tendance à retourner leur agressivité contre eux-mêmes, le village du ka veut être un lieu de fraternité autour du ka. Le 4 janvier 2014, une grande manifestation aura lieu sur le site, en hommage à quatre maîtres du ka : Gertru l’empoisonneuse, Hariet Tubman, Nani (Jamaïque) et Dulcis September.

XXIV. COMITE MARCHE DU 23 MAI 1998 (CM 98). Par Emmanuel GORDIEN, vice-président du CM 98.

Le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM 98) est une association créée le 29 novembre 1999 à la suite de la Marche silencieuse du 23 mai 1998. Cette marche, organisée par le Comité pour une commémoration unitaire du cent-cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage des nègres dans les colonies françaises, a rassemblé 40 000 personnes dans les rues de Paris, selon les organisateurs.

Le CM98 se fixe comme objectifs de défendre la mémoire des victimes de l’esclavage colonial, d’aider l’Antillais, le Guyanais et le Réunionnais vivant en France Hexagonale à assumer son identité de Français descendants d’esclaves et d’aider les Français descendants d’esclaves à s’insérer au sein de la République française en tant que citoyens concernés et actifs. Le CM 98 est à l’origine du choix de la date du 23 mai reconnue en 2008 par le Gouvernement français comme « date commémorative de l’esclavage en métropole par les associations regroupant les Français d’Outre-mer ».

CM 98 a publié le 23 mai 2010, « Non an Nou, le Livre des noms de familles guadeloupéennes » et le 23 mai 2012, « Non Nou, le Livre des noms de familles martiniquaises ». Il s’agit d’ouvrages racontant l’histoire de la nomination des nouveaux libres de Guadeloupe et de Martinique après l’abolition définitive de l’esclavage. CM 98 a retrouvé plus de 87 000 noms de Guadeloupéens et plus de 75 000 noms de Martiniquais, permettant ainsi à la grande majorité des Guadeloupéens et Martiniquais descendants d’esclaves, de connaître le « Premier » à qui a été attribué le nom patronymique qu’ils portent aujourd’hui. D

Depuis le 23 mai 2012, la totalité des noms des esclaves de Guadeloupe et de Martinique affranchis par le décret du 27 avril en 1848, est disponible sur le site Anchoukaj créé par le CM98 avec le concours de la région Guadeloupe.

XXV. LE PROJET « LA ROUTE DE L’ESCLAVE, TRACE-MEMOIRES EN GUADELOUPE ». Par Matthieu DESSAUGE, conservateur du patrimoine et responsable du projet (Conseil Général de la Guadeloupe)

Le circuit de « La route de l’esclave » est un projet porté par le Conseil Général de la Guadeloupe dans le cadre de sa politique culturelle et patrimoniale et qui s’inscrit dans le droit fil de la démarche initiée par l’UNESCO. C’est Dany BEBEL-GISLER qui, la première, a voulu étendre à la Guadeloupe, ce concept venu de l’UNESCO. Elle a livré, à l’époque, un combat sans relâche pour concrétiser ce projet. Ce circuit patrimonial et mémoriel est constitué de 18 sites sélectionnés pour leur lien avec l’histoire de l’esclavage en Guadeloupe.

1. Habitation Beausoleil

Elle appartient à la famille de Montéran depuis le dernier quart du XVIIe siècle. Une centaine d’esclaves y travaillent. Pendant la Révolution française, les propriétaires émigrent, l’habitation est séquestrée et son exploitation se poursuit avec 142 cultivateurs. En 1835, l’habitation, qui produit alors du sucre et du rhum, couvre 120 ha. Les 147 esclaves qui y travaillent sont logés dans 53 cases construites en maçonnerie pour les fondations, en planches pour les murs et en paille pour la couverture. Au moment de l’abolition en 1848, 163 esclaves émancipés choisissent de rester sur l’habitation et d’y travailler sous contrat. Ils ne sont plus que 55 en 1850 lorsque l’héritière du domaine, Mme Le Pelletier de Montéran, crée une société avec les travailleurs. Les neveux de Mme Le Pelletier de Montéran, décédée en 1878, héritent de l’habitation qu’ils vendent quelques années plus tard. La sucrerie fonctionnera jusqu’à la fin du XIXe siècle.

2. Fort Delgrès

Cette forteresse fut construite à partir du XVIIe siècle pour défendre la rade de la Basse-Terre contre les attaques anglaises. En 1802, le fort Saint-Charles, ainsi nommé à l’époque, joua un rôle important dans le conflit qui opposa le commandant Louis Delgrès au général Antoine Richepance, envoyé par Bonaparte pour rétablir l’esclavage. Les insurgés, conduits par Delgrès, lui opposèrent une forte résistance à Basse-Terre avant de quitter le fort, le 22 mai, pour gagner l’habitation Danglemont sur les hauteurs du Matouba où ils décidèrent de faire exploser l’habitation plutôt que de se rendre.

3. Habitation Vanibel

A la Révolution française, l’habitation-sucrerie est séquestrée. Après l’abolition de l’esclavage en 1794, 70 cultivateurs y travaillent. Après le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe en 1802, l’habitation Moulin à l’Eau est exploitée par 92 esclaves qui ne sont plus que 44 en 1822, logés dans 15 cases. Les cyclones de 1821 et de 1825 précipitent la chute de l’habitation qui est mise en vente en 1827. Le nouveau propriétaire, Charles Billery Richeplaine, agrandit la propriété en achetant des terres plantées en café, bananiers et manioc. Pratiquement tous les champs de cannes sont abandonnés après l’abolition définitive de l’esclavage en 1848 et la culture du café continue au début du XXe siècle.

4. Habitation La Grivelière

Cette habitation caféière, située dans la vallée de Grande-Rivière à 200 m d’altitude, a profité du développement de la culture du café en Guadeloupe vers 1726 sur les propriétés impropres à la culture de la canne. En 1788, l’habitation est une manufacture à café couvrant 47 hectares, et occupant 45 esclaves. En 1842, au moment de la crise du café, Auguste-Alexandre Perriolat, inventeur d’une machine industrielle à broyer le roucou, transforme l’habitation en roucouyère. Elle fonctionnera comme telle jusqu’en 1893. De 1893 à 1919, la Société Anonyme « La Grivelière » y exploite surtout le cacao et relance timidement la culture du café. François Pagésy en fait l’acquisition en 1919 et poursuit la culture du café. La Grivelière fonctionne jusqu’en 1983 et est rachetée par la Région en 1988.

5. Indigoterie de l’Anse à la Barque

La culture de l’indigotier à partir de laquelle est fabriquée une matière tinctoriale bleue connue sous le nom d’indigo, est introduite en Guadeloupe et Martinique dès le milieu du 16è siècle. L’Anse à la Barque présente des vestiges bien conservés de cette industrie : une succession de cuves maçonnées nécessaires au processus de fabrication. Les plants, cultivés à proximité, sont placés, une fois fauchés, dans la première grande cuve remplie d’eau douce appelée trempoire. Après plusieurs heures, le liquide issu de la macération s’écoule dans la seconde cuve appelée batterie. Il est alors vigoureusement battu manuellement afin de l’oxygéner. Par un processus physico-chimique, les particules d’indigo se forment alors et tombent au fond de la cuve. Par l’ouverture d’un conduit, on laisse s’écouler progressivement le liquide. L’indigo qui revêt l’aspect d’une bouillie bleue est piégé par une troisième petite cuve circulaire. Il est ensuite mis à sécher avant de prendre la direction de l’Europe dans les navires marchands. On compte en moyenne deux esclaves par hectare planté d’indigotiers. Le travail sur l’indigoterie s’avère pénible et l’odeur dégagée par la macération est extrêmement nauséabonde.

6. Cachot d’esclaves de l’habitation Belmont

Peu avant la Révolution, l’habitation compte 214 esclaves employés à la culture de la canne, du manioc, du maïs et de la banane. Le sucre est produit dans une sucrerie équipée de quatre chaudières. Parmi les quelques vestiges encore conservés aujourd’hui, figure un cachot datant du XVIIIe siècle destiné à enfermer les esclaves punis par le maître de l’habitation. Ce réduit voûté d’environ 4 m², construit en maçonnerie, ne comporte qu’une seule ouverture. La banquette maçonnée, seul mobilier accordé à l’esclave, est encore visible. Beaucoup d’habitations possédaient ce type de cachot, symbole du pouvoir de justice qu’exerçaient directement les maîtres sur leurs esclaves.

7. Musée Victor Schoelcher

En 1883, Victor Schœlcher offrit une partie de ses collections au Conseil Général de la Guadeloupe afin que soit fondé un musée. L’exposition permanente permet au public, outre les collections personnelles de Schoelcher, de découvrir l’histoire de l’esclavage à travers l’action abolitionniste de Victor Schœlcher.

8. Fort Fleur d’Epée

Cette forteresse fut construite pour défendre la rade de Pointe-à-Pitre contre les attaques anglaises et participa, en 1794, aux combats acharnés entre les troupes anglaises et françaises. Le général anglais Grey s’empara du fort Fleur-d’Epée et de Pointe-à-Pitre le 10 avril 1794 et en juin 1794, Victor Hugues, commissaire de la Convention Nationale chargé de faire appliquer l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, reprit le fort avec l’aide de 3000 esclaves libérés, devenus soldats. Cette victoire permit à la République française de redevenir maîtresse de la Guadeloupe.

9. Monument à l’abolition de l’esclavage de Petit Canal

Ce monument aurait été construit en 1848, année de l’abolition et serait, en Guadeloupe, le plus ancien monument commémoratif de l’abolition définitive de l’esclavage.

10. Canal des Rotours

Percé entre 1826 et 1829, le canal des Rotours part de la plaine de Grippon (centre de la Grande-Terre), traverse le bourg de Morne-à-l’Eau et se jette dans l’océan Atlantique à Vieux-Bourg. Le projet fut réalisé sous le gouvernorat de Jean-Julien Angot, baron des Rotours. Le creusement mobilisa une main d’œuvre composée de 200 à 400 hommes libres ou esclaves et coûta la vie à une trentaine d’entre eux. Les chalands chargés de sucre, produit d’abord par les habitations puis par l’usine Blanchet, l’empruntèrent jusqu’en 1979.

11. Habitation La Mahaudière

Vers 1770, la propriété d’Etienne Douillard Mahaudière est une grosse cotonnerie disposant d’un grand nombre de cases d’esclaves mais de très peu de bâtiments industriels. Il existait alors de très nombreuses cotonneries dans cette partie de la Grande-Terre. La propriété s’agrandit progressivement et se tourne vers la production de sucre jusqu’à la Révolution où elle est séquestrée. 200 cultivateurs travaillent alors sur l’habitation « Lahaut », telle qu’elle est alors nommée. En 1828, 147 esclaves y sont employés à valoriser les 465 ha de la propriété. Dans les années suivant l’abolition de l’esclavage, l’habitation périclite lentement. De la fin du XIXe siècle au début des années 1950, la transformation des installations font de l’habitation une distillerie fonctionnant à la vapeur.

12. Le cimetière de l’anse Sainte-Marguerite

Le cimetière de l’anse Sainte-Marguerite se situe sur le littoral nord-est de la Grande-Terre au Nord de la ville du Moule. Ce vaste cimetière d’époque coloniale a été mis au jour par une équipe d’archéo-anthropologues. L’étendue et la conservation exceptionnelles de cet ensemble funéraire de plusieurs centaines de tombes permirent d’étudier les pratiques funéraires et les traitements réservés aux défunts mais aussi de préciser, par des études biologiques, l’état sanitaire de la population. Utilisé entre la deuxième moitié du XVIIIe siècle et 1848, année de l’abolition de l’esclavage, il recevait les tombes de défunts provenant de plusieurs habitations. Les différentes études biologiques ont permis de mettre en évidence des atteintes dues à des stress mécaniques importants et une très forte présence des atteintes tuberculeuses. Les quelques mutilations dentaires volontaires (dents antérieures taillées en pointe), ainsi que les études morphologiques, s’accordent avec une origine africaine de la plupart des individus décédés. Ces différents indices suggèrent que cet ensemble funéraire regroupait une population d’esclaves qui constituait à cette époque plus de 80 % des habitants du Nord de la Grande-Terre. Ce cimetière est actuellement le mieux documenté de toutes les Antilles.

13. Habitation Néron

L’habitation sucrerie Néron date du milieu du XVIIIème siècle. Ses vestiges sont aujourd’hui regroupés, sur une dizaine d’hectares. François Néron, lieutenant des troupes de la Compagnie des Indes Occidentales, puis capitaine de milices à la Guadeloupe, est arrivé au début du 17è siècle. Son fils, Néron Beauclair Pierre, fonde sur sa propriété une première sucrerie en 1740. Trois décennies plus tard, l’habitation paraît prospère. Elle s’étend sur quelques 160 hectares et dispose d’une centaine d’esclaves qui sont logés dans des cases situées en contrebas du site.

14. Habitation Murat (Marie Galante)

Le fondateur de cette sucrerie est probablement Antoine Luce, un notaire d’origine champenoise arrivé à Marie-Galante en 1657. En 1665, l’habitation compte déjà 11 esclaves âgés de 9 à 36 ans. En 1807, Dominique Murat, originaire d’Aquitaine, époux d’une créole marie-galantaise, achète la propriété et la dote de nouveaux bâtiments. L’habitation sucrerie, désormais connue sous le nom de « Bellevue La Plaine », devient une puissante unité productrice. Le nombre d’esclaves passe de 114 en 1807 à 307 en 1839, ce qui en fait un des « ateliers » les plus importants de Guadeloupe quelques années avant l’abolition. Les «esclaves à talents», ouvriers, maçons, charpentiers, ont participé avec l’appoint d’artisans européens et de libres de couleur à la construction des bâtiments dont on voit aujourd’hui les vestiges, très fortement restaurés dans les années 1960. L’habitation comporte la maison des maîtres, de style néo-classique, les bâtiments usuels d’une sucrerie, le ou les moulins (ici un moulin à bêtes et un moulin à vent), la sucrerie proprement dite et ses annexes, les bâtiments domestiques.

15. Habitation Roussel-Trianon (Marie Galante)

Trianon était déjà probablement une habitation sucrerie à la fin du XVIIe siècle. Dans les années 1720-1740, elle appartient à Nicolas Bonhomme, un créole marie-galantais. Elle passe ensuite entre les mains des familles Fossecave puis Botreau-Roussel.. Avant l’abolition, les sucreries utilisent essentiellement les énergies naturelles pour le broyage de la canne : moulin à bêtes ou à vent à Marie-Galante. A partir de la période révolutionnaire, l’habitation passe progressivement à la vapeur à partir de 1845. En 1860, Victor Roussel, propriétaire de l’habitation Trianon, est le premier à introduire en Guadeloupe les appareils à triple effet Derosne et Cail pour les opérations de cuite, sans doute au moment où il achève la construction des nouveaux bâtiments qui constituent l’usine de Trianon. Après 1848, la main d’œuvre servile, devenue des « nouveaux libres », continue à faire fonctionner une usine performante, en fournissant les ouvriers pour la partie industrielle et les cultivateurs pour les champs de canne.

16. La mare au punch (Marie-Galante)

La tradition attribue à ce lieu des évènements dramatiques qui survinrent les 24 et 25 juin 1849 à l’occasion des premières élections législatives aux Antilles. L’opposition entre les partisans de Schœlcher et de Perrinon (républicains) dénonçant la fraude et les forces de l’ordre firent entre 50 et 100 morts. Lors de ces événements, d’anciens esclaves devenus libres auraient pillé et incendié l’habitation Pirogue puis déversé dans la mare située à proximité tout le rhum et le sucre de l’habitation.

17. Indigoteries de la côte Est de Marie-Galante

« Les Galets », vaste plaine littorale située à l’Est de Marie-Galante, a été au 17è et 18è siècles un secteur de choix pour la production de l’indigo, matière tinctoriale bleue obtenue à partir d’une plante arbustive connue sous le nom d’indigotier. La plaine des Galets possède en effet des conditions de relative sécheresse convenant à la croissance des indigotiers et, dans le sous-sol calcaire, de l’eau en abondance nécessaire au processus de fabrication. De nombreux vestiges de cuves maçonnées utilisées pour la production d’indigo sont conservés dans la plaine des galets. La mise en culture des champs d’indigotiers occupe l’essentiel de la main d’œuvre (engagés puis esclaves). On compte en moyenne deux esclaves par hectare planté d’indigotiers. Le travail sur l’indigoterie s’avère pénible et l’odeur dégagée par la macération est extrêmement nauséabonde.

18. Poterie Fidelin (Terre-de-Bas)

Cette poterie, dont de nombreux vestiges sont encore visibles, fut créée par Jean-Pierre Fidelin peu après 1760. Il acquiert avec son fils une deuxième poterie à Trois-Rivières en 1785. En cette fin de XVIIIe siècle, l’activité potière est tournée vers la fabrication de formes à sucre et de pots à raffinerie, afin de satisfaire la forte demande des sucreries. Chacune d’entre elles possède environ 3 000 formes à sucre et le renouvellement lié à la casse courante est important. Les formes à sucre de plus de 50 cm de haut sont cuites dans des fours de grandes dimensions. La terre est amenée de Terre-de-Haut puis travaillée sur le site de la poterie par des esclaves. En 1811, l’habitation en compte 121, puis 130 en 1837. Ils sont potiers, bien sûr, mais sont également chargés du transport de la terre et des poteries sur des pirogues à rames. Certains sont employés à couper le bois dont la poterie est très consommatrice, d’autres alimentent le four ou encore battent la terre. Les esclaves sont logés dans une trentaine de cases en bois ou en gaulettes recouvertes en paille. A partir de 1815, suite à l’effondrement du marché du sucre blanc, la poterie diversifie sa production. Des pots de fleurs, des jarres, des pots à anses mais aussi des carreaux sortent alors des fours de la poterie Fidelin. Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, le fonctionnement devient intermittent puis cesse définitivement à la fin du siècle.

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