YAMOUSSOUKRO, BRASILIA DE LA CÔTE D’IVOIRE
Jadis petit village situé dans une plaine arborée, traversée par la Marahoué et le N’Zi, deux affluents du Bandama, Yamoussoukro est aujourd’hui devenu dans le monde entier synonyme de la Côte d’Ivoire
- Un symbole universel
Créée ex nihilo au centre du pays à partir des années soixante, Yamoussoukro a été un événement majeur dans l’histoire de l’urbanisme de la Côte d’Ivoire. Félix Houphouët-Boigny et ses architectes (Pierre Fakhoury et Patrick d’Hauthuile pour la Basilique, Olivier Clément Cacoub pour la Fondation FHB, …) ont voulu que tout, depuis le plan général des quartiers administratifs et résidentiels jusqu’à la symétrie des bâtiments eux-mêmes, reflète la conception harmonieuse de la ville et l’aspect novateur de ses édifices. L’expérience de Yamoussoukro est remarquable par la grandeur du projet, mais aussi par la stratégie de développement ambitieuse que Félix Houphouët-Boigny a voulu affirmer aux yeux du monde. Quel symbole plus fort que la construction de Yamoussoukro pour exprimer les ambitions du père de la nation ivoirienne pour son pays ? Avec son design urbain fait de grandes avenues et ses créations architecturales spectaculaires (basilique ND de la Paix, Fondation pour la Paix, Hôtels Président et des Parlementaires, grandes écoles, …), Yamoussoukro a pour le pays, pour l’Afrique et pour le monde, une valeur universelle d’algèbre urbain et de géométrie créée sur 360° d’horizon. Utopie jaillie de la pensée du père-fondateur de la Côte d’Ivoire et de ses architectes, la ville n’a aucune peine à convaincre les curieux de venir lui rendre visite. Aujourd’hui, Yamoussoukro a presque cinquante ans mais il semble qu’elle ait été conçue pour ne jamais vieillir.
- De N’Gokro à Yamoussoukro
Yamoussoukro, dont la population est estimée à 300 000 habitants, est située à 240 kilomètres au nord d’Abidjan. Déclarée en 1983 capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire, la capitale économique du pays étant Abidjan, Yamoussoukro est la 5e ville la plus peuplée de Côte d’Ivoire, après Abidjan, Bouaké, Daloa et Korhogo. Le peuplement initial de Yamoussoukro résulterait, comme celui de tous les villages Baoulé, de la migration au 18è siècle de la Reine Pokou et de sa sœur Akwa Boni, parties du Ghana. Au début du 20è siècle, N’Gokro, petit village d’à peine 500 habitants, sera rebaptisé Yamoussoukro, en hommage à la reine baoulé Yamoussou, qui dirigeait le village. Aux alentours, on dénombrait 129 villages de peuplement Akouè. En 1939, Félix Houphouët-Boigny, petit-neveu de la reine Yamousso et du chef Kouassi N’Go, devint le nouveau chef de village. Cependant, durant de longues années, Yamoussoukro restera encore une petite ville dans l’ombre, tournée vers l’agriculture. Ce n’est qu’avec l’ascension politique de Félix Houphouët-Boigny (président-fondateur du Syndicat Agricole Africain en 1944, député à l’assemblée nationale française en 1945 et 1956, ministre français de 1956 à 1961, premier président de la Côte d’Ivoire indépendante en août 1960, puis en 1965, 1970, 1975, 1980, 1985 et 1990) que Yamoussoukro se fera connaître.
- Grandes Ecoles
Yamoussoukro abrite l’Institut National Polytechnique Houphouët Boigny (INPHB) né en 1996 et comprenant aujourd’hui l’École Supérieure d’Agronomie (ESA), l’École Supérieure d’Industrie (ESI), l’École Supérieure des Mines et Géologie (ESMG), l’École Supérieure des Travaux Publics (ESTP), l’École de Formation Continue et de Perfectionnement des Cadres (EFCPC), et l’École Supérieure de Commerce et d’Administration des Entreprises (ESCAE). Avec son architecture futuriste, l’INPHB abrite également trois classes préparatoires aux grandes écoles (biologique, technologique, commerciale) qui préparent les bacheliers aux concours nationaux et internationaux.Yamoussoukro compte aussi deux établissements de réputation nationale : le Lycée de Jeunes Filles, rebaptisé Lycée Mamie-Adjoua en 1988, en hommage à une sœur de l’ancien président Félix Houphouët-Boigny, et le Lycée Scientifique, lycée d’excellence qui a préparé nombre de bacheliers à de brillantes études supérieures.
- Notre Dame de la Paix
De tous les points de la ville, on peut apercevoir sa coupole blanche et majestueuse, et des centaines de personnes venues des quatre coins de la Côte d’Ivoire viennent s’y recueillir chaque jour. La basilique Notre Dame de la Paix rassemble tous les superlatifs : une hauteur dépassant de 17 m celle de Saint Pierre de Rome, la plus grande surface de vitraux (8 400 m2 réalisés en 18 mois à Nanterre), le plus grand volume intérieur sonorisé et climatisé (600 000 m3), une surface de 700 000 m2 recouverte de marbres venus d’Italie, d’Espagne et du Portugal, 48 colonnes doriques et 12 colonnes ioniques de 30 m de haut représentant les douze apôtres, certaines de ces colonnes intégrant des ascenseurs et des escaliers pour accéder au toit, d’autres équipées d’un système de drainage des eaux de pluie, … Yamoussoukro compte également un temple protestant et une mosquée, construits aussi à l’initiative de Félix Houphouët-Boigny, désireux de faire de son village natal un symbole de la cohabitation des religions.
- Musées et fondations
La ville de Yamoussoukro comporte le musée Adja Swa, le plus important du pays après le musée national d’Abidjan. Les masques et statues baloué qu’on peut y voir montrent combien les civilisations africaines ont toujours privilégié la fonction à la forme, la beauté n’étant pas recherchée en soi. Ces objets, désacralisés ou inutilisés aujourd’hui, sont recherchés par les musées et les collectionneurs, qui en font des sujets d’inspiration pour l’art contemporain. Fondée en 1973, la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix de Yamoussoukro abrite des amphithéâtres, salles de réunion, salons et bureaux, aux murs recouverts de bois africains et accueillant de multiples rencontres et évènements, de dimension nationale et internationale. Ces salles de réunions sont les plus belles et les plus confortables du pays, avec des murs embellis par des tapis et des bois précieux africains.
- Logbakro
A quelques kilomètres de Yamoussokro, le petit village de Logbakro abrite, depuis 1999, une communauté de Carmélites. Dans le silence et la prière, elles aident les croyants à redécouvrir la beauté et la joie de la foi, chemin où chacun rencontre ce que l’homme a de plus personnel et de plus intime, à savoir son coeur, son intelligence et sa liberté, dans un rapport secret avec ce Dieu qui oeuvre en lui. Elles veulent ainsi apporter un remède à la société moderne, qui réduit l’intelligence humaine à une simple raison calculatrice et fonctionnelle, étouffant le sens religieux inscrit au plus profond de la nature humaine, rongeant les liens les plus sacrés et les sentiments les plus dignes de l’homme, et créant entre les personnes des liens précaires et instables.