JACQUEVILLE, PRINCESSE TRES COURTISEE

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JACQUEVILLE, PRINCESSE TRES COURTISEE

Distante d’Abidjan de seulement 60 km, Jacqueville a longtemps été perçue comme étant le bout du monde, coincée qu’elle était entre la lagune Ebrié et l’océan Atlantique. La construction récente du pont en fait aujourd’hui une princesse très courtisée par les touristes abidjanais. 

  • Entre mer et lagune

Jacqueville est situé sur le littoral « alladian », cette bande de terre qui s’étend sur une centaine de kilomètres entre mer et lagune, à l’ouest d’Abidjan. Séparée du continent par le canal de Vridi à l’est et par l’estuaire du Bandama à l’ouest, cette île sablonneuse toute en longueur, couverte de plantations de cocotiers, est entrecoupée de quelques marécages et de restes de forêt. Ses habitants, les Alladians, ont été dès le XVIIè siècle, des intermédiaires entre les producteurs d’huile de palme et de coprah et la demande européenne. On peut encore voir en front de mer les ruines de quelques « palais » en pierre qui témoignent de cette splendeur passée. Grâce à ces échanges commerciaux, les parents ont pu très tôt scolariser leurs enfants, ce qui explique la présence importante des Alladians dans l’élite du pays, sans rapport avec leur modeste place dans la démographie nationale.

  •  Philippe Yacé, fils éminent du pays

Philippe Yacé figure en tête de l’élite alladian tôt apparue grâce à ses contacts avec les commerçants européens. Né à Jacqueville en janvier 1920, il y a grandi et son enfance a dû immanquablement être bercée par la vue et le bruit des rouleaux de vagues qui, après avoir franchi la barre, cette élévation de sable partant du fond de la mer, viennent inlassablement se briser sur le rivage. Sorti major de l’Ecole Normale Supérieure William Ponty (Sénégal), il fonde le Syndicat National des Enseignants (SYNE) dans la lignée du Syndicat Agricole Africain (SAA). Ami et collaborateur de la première heure de Félix Houphouët Boigny, ils se battent pour l’indépendance de la Côte d’Ivoire. En 1959, Philippe Yace devient le premier président de l’assemblée législative de Côte d’Ivoire puis, à l’indépendance, de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire. Compagnon de la première heure de Félix Houphouët-Boigny, leurs liens se distendent après le « faux complot » de 1963. Malgré cela, le congrès du PDCI de 1975 porte Grégoire Philippe Yacé au sommet de la vie politique en le couronnant dauphin constitutionnel. En 1980, il perd brutalement ses deux postes de président de l’Assemblée Nationale et de secrétaire général du PDCI-RDA. C’est un choc pour tout le pays qui le considérait comme le successeur ultime d’Houphouët-Boigny. Dès lors, il se consacre à sa terre natale de Jacqueville dont il est député et maire, ainsi qu’à la présidence du Conseil Économique et Social, avant de s’éteindre le 29 novembre 1998. 

  • Economie

L’économie de Jacqueville a toujours reposé sur sa production agricole, faite des cultures de rente (coco, palmier à huile, hévéa), des cultures vivrières (manioc), de l’élevage et de la pêche en mer. Presqu’île encadrée au nord par les eaux de la lagune et au sud par celles de l’Atlantique, Jacqueville a longtemps été enclavée, n’étant accessible que par un vieux bac qui traversait quotidiennement la lagune Ébrié depuis Songon pour rejoindre N’Djem, le premier village de la commune. Depuis l’inauguration en 2015 du pont Philippe-Grégoire-Yacé, la ville est en plein développement. Les plateformes des compagnies pétrolières et gazières, toutes situées au large des côtes de Jacqueville, la placent au cœur de la production d’hydrocarbures du pays. Fermée depuis le début des années 2000, la Société ivoirienne de coco râpé (Sicor), qui était la plus grande entreprise de la région, reprend ses activités. Mais c’est le tourisme qui connaît un véritable boom. 

  • Tourisme

Les plages de Jacqueville en font une sérieuse concurrente de Grand-Bassam, Assinie (le Saint-Tropez ivoirien) ou encore l’île Boulay. Aussi Jacqueville, qui a repris des couleurs, a-t-elle les allures d’une princesse très courtisée. Sa position stratégique, entre lagune et mer, fait d’elle un petit coin de paradis, devenue le lieu de villégiature de nombreux abidjanais. Des bars-restaurants à ciel ouvert ont fleuri dans tous les villages balnéaires alentour. D’une vingtaine avant l’inauguration du pont, ils sont aujourd’hui plus de deux cents, qui s’étalent sur quinze kilomètres. « La vie est vraiment belle ici ; il n’y a pas de pollution, contrairement à la capitale, l’air y est frais » entend-t-on dire en parlant de Jacqueville. Les hôtels affichent souvent complet le week-end. La ville se veut elle aussi festivalière. Ainsi a-t-elle instauré en avril le Festival des fruits de mer, et en août le Festival des villes côtières. Des voyagistes européens envisagent même la construction de grands complexes hôteliers afin d’attirer leurs touristes, lassés de la Thaïlande ou des Caraïbes.

 

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