VIVRE AVEC SON VOLCAN
Le mercredi 3 décembre 2014, l’OVSG (Observatoire Volcanologique et Sismologique de la Guadeloupe) et le projet de Recherche CASAVA Compréhension et Analyse des Scénarios, Aléas, et risques Volcaniques aux Antilles – Implications pour l’aide à la décision, la gestion de crise, et le développement raisonné) ont organisé, à l’URMA (Université Régionale des Métiers et de l’Artisanat) à Saint-Claude, une soirée intitulée « Vivre avec son volcan » avec la projection du film « Gens de la Soufrière » de M. Chenet et F. Geyer (2014) ayant pour sujet l’éruption en 1976 de la Soufrière et l’évacuation de la population. Même si rien n’a été détruit, il en est resté un traumatisme et une région délaissée.
Le débat entre la salle et les scientifiques de l’OVSG et du projet CASAVA a porté sur les nouveaux modèles mis en place pour la compréhension et l’analyse des aléas et risques volcaniques aux Antilles, ainsi que les implications pour l’aide à la décision, la gestion de crise, et le développement raisonné.
A la suite de la crise sismo-volcanique de la Soufrière débutée en juillet 1975 et culminant début juillet 1976, la population du sud Basse Terre part spontanément le 8 juillet 1976, effrayée par les événements. Il y a unanimité des experts sur l’analyse scientifique de cette première crise (Feuillard, Tazieff et Brousse). Au vu du pronostic alarmant des experts (augmentation de certains phénomènes observés par rapport à juillet, notamment la sismicité et la présence de « verre frais »), une évacuation forcée est décidée par les autorités administratives le 15 août 1976.
La polémique naît véritablement lorsque Tazieff, de retour d’une mission en Équateur, se rend sur le terrain et conteste le bien-fondé de l’évacuation du 15 août 1976. Brousse, Allègre et Feuillard maintiennent la solution de l’évacuation. En octobre 1976, Tazieff est démis de sa fonction de chef du service de volcanologie par Allègre, directeur de l’IPG (Institut de Physique du Globe). Par la suite, Tazieff fera appel contre cette décision auprès du tribunal administratif qui lui donnera raison en annulant la décision de l’IPG. La décision des autorités de permettre le retour des populations sera perçu comme une validation de la position de Tazieff. La polémique entre les deux camps continuera au travers des ouvrages, médias, recours, …
Avec le recul des années, on peut dire que les avis scientifiques multiples et contradictoires, et le manque de dialogue entre la population, les autorités et les médias ont empêché une bonne gestion de la crise volcanique de 1976.
Les événements de 1976 démontrent la nécessité d’établir une relation de confiance entre la population, les scientifiques et les autorités, ainsi qu’une compréhension des divers risques par l’ensemble des acteurs de la crise.
Pascal Gbikpi