« RECONCILIER L’AFRIQUE AVEC ELLE-MÊME »
CONFERENCE DU PROFESSEUR BWEMBA BONG
Le 22 mai 2014 à l’Auditorium de Basse-Terre
1. Esclavage des slaves
Depuis le 15è siècle, l’histoire de l’humanité est basée sur la force avec le génocide et l’extermination des indiens d’Amérique et le mythe selon lequel les fondateurs de l’Amérique sont des juifs et non des amérindiens. Puis c’est l’arrivée des européens en Afrique en 1441 et le début des razzas négrières. (filamento). Auparavant, les Slaves furent victimes de la traite et de la servitude : ceux d’Europe centrale jusqu’à leur conversion au catholicisme (les actuels Slovènes, Croates, Tchèques, Moraves, Slovaques et Polonais) et ceux d’Europe centrale et orientale restés chrétiens orthodoxes et considérés comme hérétiques, donc dépourvus d’«âme» (les actuels Serbes, Bulgares, Roumains, Moldaves, Biélorusses, Ukrainiens et Russes). Cette traite, qui a concerné des centaines de milliers de captifs du 7e au 12e siècle, fut le fait des trafiquants francs ou Scandinaves (les Varègues) vers le monde musulman. La conquête mongole, responsable d’un million de morts, a poursuivi la traite soit directement, soit par l’intermédiaire des Génois du XIIIe au XVe siècle ; enfin, près de deux millions et demi d’habitants d’Ukraine, de Biélorussie et de Moscovie furent razziés par les Tatars de Crimée, de 1482 à 1760, pour le compte de l’Empire ottoman.
2. Esclavage des Africains
La bulle de Nicolas V (206è pape), datée du 8 janvier 1454, autorise le souverain du Portugal Alphonse V à réduire en esclavage les noirs de Guinée et les païens : « Nous avions jadis, par de précédentes lettres, concédé au Roi Alphonse du Portugal, entre autres choses, la faculté pleine et entière d’attaquer, de conquérir, de vaincre, de réduire et de soumettre tous les sarrasins (c’est-à-dire les Africains), païens et autres ennemis du Christ où qu’ils soient, avec leurs royaumes, duchés, principautés, domaines, propriétés, meubles et immeubles, tous les biens par eux détenus et possédés, de réduire leurs personnes en servitude perpétuelle, (…) de s’attribuer et faire servir à usage et utilité ces dits royaumes, duchés, contrés, principautés, propriétés, possessions et biens de ces infidèles sarrasins (Africains) et païens ».
3. Arguments pour l’esclavage
Les arguments avancés pour justifier l’esclavage des Africains sont qu’ils n’avaient pas de civilisation, qu’ils étaient cannibales, que leurs rois étaient des despotes, et qu’ils se faisaient la guerre. Une autre raison était que les Africains faisaient de la sorcellerie. Les européens avaient en effet transformé le mot « zabe » qui désignait Dieu chez les Africains, en « zombis ».Le Roi africain avait un pouvoir total car il était en même temps grand prêtre, c’est-à-dire chef religieux. En effet, chez les Africains, rien n’est dissociable dans la royauté. Le spirituel est lié au temporel. Le roi refusait le pouvoir car il était avant tout au service de son peuple et devait le protéger. L’esclavage n’existait pas en Afrique. Lorsque les juifs arrivent en Egypte, on ne construit plus de pyramides depuis près de mille ans. Ils n’ont pas pu être réduits en esclavage pour construire des pyramides. C’était donc pour « sauver les africains du despotisme de leurs rois », que les européens les ont mis en esclavage dans les plantations. Il faut prendre conscience de cette contradiction et ne pas « avaler » l’histoire telle qu’elle est travestie et déformée.
4. Guerre du Cameroun
La France a livré au Cameroun, de 1955 à 1962, une guerre totale aux indépendantistes loin du regard d’une opinion fascinée par les « événements » d’Algérie. Et pourtant, cette vraie boucherie s’inscrit dans la lignée des pires conflits coloniaux, Algérie et Indochine. Cette guerre, qui a fait plus de 600 000 morts, s’est faite loin du regard d’une opinion mondiale toute occupée par les « événements » d’Algérie. Et pourtant, cette vraie boucherie s’inscrit dans la lignée des pires conflits coloniaux, Algérie et Indochine. Pendant sept ans, les mêmes techniques que celles employées en Algérie seront appliquées : quadrillage de la population, regroupement forcé de villages, action psychologique à grande échelle, chasse aux maquis clandestins, exécution ciblée des dirigeants de la rébellion, torture érigée en arme de terreur massive, bombardement au napalm. On ne parle jamais de cette guerre. C’est une autre falsification de l’histoire.
5. Monnaie
La guerre de 1997 au Congo est née du refus de Lissouba de brader son pétrole. C’est la même raison qui explique la chute de Gbagbo qui ne voulait pas livrer le pétrole et la cacao de la Côte d’Ivoire à la France. Lorsque la Côte d’Ivoire vend pour 50 milliards de $ de cacao, ses devises vont au trésor public français qui ne reverse que 20 millions $ de FCFA à la Côte d’Ivoire. Défendant ce système, Ouattara a affirmé récemment que, sans le FCFA, les africains seraient deux fois plus pauvres. Or, aujourd’hui, la zone la plus sinistrée économiquement de toute la planète est l’Afrique francophone. On ne peut se développer sans sa propre monnaie. Le FCFA n’appartient pas aux Africains. Une preuve en est qu’il a été dévalué en 1994 sans leur consentement. Le FCFA s’inspire du même principe qui avait été imposé par les nazis aux français. Créé par le Général de Gaulle le 25 décembre 1945 conformément à l’article 3 du décret 45- 0136, le Franc CFA (ou franc des colonies françaises d’Afrique) est sous l’inspiration du nazisme monétaire de l’Allemand Adolphe Hitler qui l’a inventé et appliqué effectivement contre tous les pays européens qu’il a conquis. Le nazisme monétaire se manifeste par la présence institutionnalisée des Allemands nazis au cœur du système financier des pays occupés ou vassalisés comme la France. Le 9 mai 1941,l’ambassadeur plénipotentiaire allemand Hemmenn annonce à Wiesbaden (en Allemagne ) l’accord qu’il a obtenu à Paris pour installer les nazis allemands au cœur des finances de la France: « L’amiral Darlan avait approuvé l’établissement des commissaires allemands nazis à la Banque de France, aux devises et au commerce extérieur et l’institution d’un contrôle douanier aux frontières ». La monnaie est un bien régalien et battre monnaie est un droit régalien. Les pays d’Afrique francophone en sont dépourvus puisque ils ne sont pas maître de leur monnaie.
6. Diviser pour régner
William Lynch, un esclavagiste américain, a prononcé un discours en 1712, où il présentait à ses collègues une nouvelle technique de contrôle des esclaves noirs se révoltaient chaque jour, et mettaient ainsi à mal leurs « affaires ». William Lynch de par sa compétence et l’expertise qu’il avait développé, était devenu un « consultant » en ce domaine. Le but de William Lynch était de soumettre l’homme noir ad vitam aeternam à l’homme blanc : « L’esclave noir, après avoir reçu ce lavage de cerveau, perpétuera de lui-même et développera ces sentiments qui influenceront son comportement pendant des centaines voire des milliers d’années, sans que nous (les colons blancs esclavagistes) n’avions plus besoin d’intervenir. Leur soumission à nous et à notre civilisation sera non seulement totale mais également profonde et durable. » Le principe de la soumission du noir était de le dresser contre son frère et contre sa sœur. La mayonnaise a bien pris et l’aliénation de l’homme noir est profonde. En être conscient, est déjà un début. plus qu’une guerre ordinaire, l’esclavage a agenouillé ce continent qui jadis était le berceau de l’humanité. Nous sommes toujours victimes du syndrome de Lynch. Ainsi,
quand on dit au noir que c’est son frère qui l’a vendu, il y croit et le déteste. L’esclavage aux Etats-Unis n’a jamais véritablement cessé, puisqu’on. enlevait les noirs dans le nord et on les vendait comme esclave dans le sud. C’est le thème du film « 12 years a slave » de Steve Mc Queen, qui retrace l’histoire de Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, enlevé et vendu comme esclave dans le sud.
7. Femme noire
Dans l’Egypte pharaonique, la femme était sacrée. Dans les plantations, beaucoup de femmes noires se sont suicidées car elles ne pouvaient supporter d’avoir été violées, et donc souillées, par le maître blanc. Mias en se suicidant, c’est toute la famille qui est ébranlée car la femme était le centre de la famille. En Afrique, l’homme (ou la femme) n’a pas le droit de se suicider car il (elle) est fait à l’image de Dieu et donc se tuer c’est tuer Dieu.
8. Réconciliation avec l’Afrique
Nous sommes entrés dans un gouffre qui nous a privés de notre personnalité. Tant que nous ne serons pas réconciliés avec notre mère patrie, l’Afrique, nous ne pourrons pas guérir. Tant que nous dirons que nous ne sommes pas africains, nous ne sortirons pas du statut d’esclave. L’Afrique s’est effondrée quand on a détruit son soubassement spirituel. L’Afrique avait une médecine, sacrée et spirituelle, au contraire de l’Occident où la médecine est commerciale. Actuellement, les occidentaux étudient les hôpitaux africains pour voir comment les malades mentaux guérissent. Car l’Afrique est une société de sociabilité, où l’esclavage ne pouvait exister. Chacun était responsable de l’autre. Un enfant qui ne dit pas bonjour est corrigé par n’importe quel adulte et l’enfant a peur de la rapporter à ses parents car ceux-ci le corrigeront une seconde fois. En Afrique, le devoir d’hospitalité était sacré. C’est ce qui perdu l’africain qui a reçu chez lui des gens qui l’ont ensuite détruit. Il faut sortir des mensonges de l’Occident et se prendre en charge. Tout africain né en déportation doit avoir les mêmes droits que l’africain né en Afrique. Tout noir doit savoir que son vrai pays est l’Afrique. Il faut réparer ce qu’on a fait à nos ancêtres et revenir au système matriarcal. Les noirs avaient compris que le centre de la vie est la femme. Akhenaton (10è dynastie) déclare que toute l’humanité est frère. La plupart des préceptes de la bible vient de l’Egypte.
9. Spiritualité
L’Afrique doit revenir à sa vraie spiritualité et ne pas tomber dans les divisions selon la religion ou l’ethnie. Si les africains s’occupaient du développement de leur continent, ils ne s’occuperaient pas des faux problèmes que sont les ethnies ou les religions. Dans sa tradition, l’africain n’avait pas le droit de verser le sang. Les guerres ethniques sont des guerres politiques. On risque malheureusement d’avoir de plus en plus de guerres en Afrique car la Chine s’y installe alors que les occidentaux considèrent que l’Afrique leur appartient. Les guerres ne sont pas des évènements gratuits ou fortuits. Ce sont des évènements sciemment planifiés afin de répondre aux intérêts de certains.
10. BRICS
Le monde est entrain d’échapper aux occidentaux. A Durban, en mars 2013, les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont décidé de se doter d’une force de frappe financière, une banque de développement, concurrente de la Banque mondiale. Réunis pour leur cinquième sommet à Durban, les dirigeants du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud se sont mis d’accord pour créer une banque de développement commune pour financer en priorité les projets d’infrastructure. Le but est de se passer de la Banque Mondiale et aussi de se prémunir contre les dommages collatéraux des crises financières en Europe ou aux Etats-Unis. Par ailleurs, les BRICS sont à la recherche d’une monnaie alternative pour régler leurs transactions et prônent la refonte du système monétaire mondial.. Il faut que l’Afrique s’organise. Les africains ont trop souffert des calamités de la planète. 400 millions d’africains ont été tués durant la traite et l’esclavage. Auparavant, l’Afrique était le continent le plus peuplé. L’Afrique serait aujourd’hui la première puissance mondiale si elle n’avait pas été vidée de ses énergies humaines, spirituelles et matérielles. Si on mettait 35 %
du budget dans l’éducation, l’Afrique serait la première puissance mondiale.
11. Nzinga Mwemba
En 1490, une importante ambassade portugaise accompagnée de missionnaires catholiques s’établit à Mbanza Kongo, la capitale du Congo, où elle reçoit un accueil favorable du roi Nzinga a Nkuwu. Celui-ci se convertit au catholicisme et prend le nom de João (Ier tandis que sa capitale est rebaptisée « São Salvador ». À la fin du siècle, devant la résistance du peuple, Nzinga a Nkuwu et son fils Mpanzu a Nzinga reviennent à l’animisme mais se heurtent à la reine mère baptisée sous le nom de « Léonor » et de son autre fils Nzinga a les deux frères aboutira à la guerre civile dès la disparition de Nzinga a Nkuwu en juin 1506. Nzinga Mwemba monte sur le trône après avoir vaincu et tué son frère Mpanzu a Nzinga et prend comme nom de baptême Alphonso Ier. Nzinga Mwemba envoie ses enfants au Portugal pour leur éducation. En pleinen mer, on les a renvoyés au Brésil.
12. Antoine Glaser
Antoine Glaser, fondateur et rédacteur en chef durant 26 ans de La Lettre du Continent, dit que l’Afrique sera la première puissance du monde dans cinquante ans. Dans son dernier livre, AfricaFrance, Glaser dit que, à l’issue de la guerre froide, les dirigeants africains ont totalement inversé les rapports de dépendance. Ce sont désormais eux les vrais patrons. Ils imposer désormais leurs exigences à leurs interlocuteurs français.
13. Dogons
Les Dogons savaient que Sirius était en réalité une étoile double. En 1931, on découvrit une toute petite étoile qui tournait autour de Sirius. On les appela « Sirius A » et « Sirius B ». Les Dogons ont toujours connu « Sirius B » sous le nom de « Fon« , qui est aussi le nom d’une céréale. Pour les Dogons, l’étoile « Fon » ( Sirius B ) est le lieu d’origine des dieux Amma et Nommo ; il est dit que Nommo reviendra sur Terre à la fin des temps. Les anciens Egyptians connaissaient eux aussi Sirius et Orion, étoiles qu’ils appelaient respectivement « Sept »et « Sah« . Les étoiles Sirius et Orion peuvent correspondre au couple divin Isis et Osiris. La déesse Neftis, soeur d’Isis, peut être identifiée au « Fon » des Dogons. Les Dogons sont les descendants de l’ancien peuple des Garamantes de Libye et auraient migré au sud du fleuve Niger, où ils se mélangèrent aux populations locales. Les Garamantes descendraient des Pélasges, anciens habitants de la Grèce pré-hellénique.
14. Ghana
Le président du Ghana, John Dramani Mahama, n’envisage pas d’entrer dans un programme du FMI pour gérer son économie mais recherche «des solutions maisons». C’est intéressant, mais il faut s’attendre aux nombreux coup bas des maîtres du monde face aux efforts que le Ghana conjuguera afin de redynamiser son économie.
15. Berlin
La conférence de Berlin a consisté de Berlin à partager l’Afrique afin de l’affaiblir. C’était la suite logique des razzias négrières. A la suite de l’abolition de l’esclavage en 1804, on a découpé les nations pour qu’il n’y ait pas d’unité africaine. RCI et Ghana sont le même pays.
16. Changer de vision
Le livre des morts, qui est la bible des égyptiens, dit « l’œil d’Horus m’accompagne dans mon voyage ». Il faut que nous aussi, nous changions notre vision du monde. Nous ne sommes plus comme les kémites qui vivaient dans un grand état de spiritualité. Ptah Hotep disait que l’Egyptien doit faire le bien toute sa vie. Nous sommes les descendants des égyptiens :
c’est notre peuple, notre culture. Dans l’Egypte antique, la science était intimement liée à la spiritualité et on ne pouvait la laisser aux mains de n’importe qui. Les Egyptiens avaient maîtrisé les sciences les plus redoutables, comme savoir tailler et graver des obélisques. Quand Akhenation a permis aux juifs de rentrer dans les temples d’Egypte, ceux-ci ont pillé beaucoup de documents. De même, Champollion a livré beaucoup de secrets scientifiques aux occidentaux.
17. Vase canope au Congo
C’est après le sac de Thèbes en – 665 par Assurbanipal, que les africains quitteront l’Egypte. De nombreux prêtres de l’Egypte se réfugieront dans le Kasai. En novembre 2009, le congolais Mohamed Betu Abba a découvert un vase canope dans une mine d’or à Kakulu, près d’un village situé dans les environs de la localité de Kabemba et Konyi au Kasaï. Au nombre de quatre, ces vases offerts par le Pharaon Khâemoset à la Reine Tiyi sous le règne de Ramses II (19 ème dynastie) étaient très recherchés et c’est l’un d’entre eux (Amset) qui a été retrouvé sur le sol congolais (RD). Ces vases représentent les quatre âmes d’Horus, eux-mêmes secondés par une déesse. Ces quatre vases étaient jadis utilisés dans l’Egypte antique pour conserver les organes internes des pharaons notamment le foie, les poumons, l’estomac et les intestins. Une première découverte en 1918 avait déjà été faite sur la rivière Luaba, d’un Osiris en or.
Pascal Gbikpi