Egypte 1/14 : Généralités

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La civilisation égyptienne occupe une place particulière dans l’histoire de l’humanité tant en raison de son exceptionnelle longueur (4 000 ans allant du 4è millénaire avant JC au 4è siècle après JC), que de la cohérence de sa cosmogonie religieuse et de la stabilité de son institution politique (le régime pharaonique ne sera jamais remis en cause, pas même par les invasions). Véritable épine dorsale du pays, le Nil a rythmé la vie quotidienne des égyptiens et façonné leur civilisation. En effet, la quasi-totalité de la population vivait (et continue de vivre) le long de la vallée du Nil qui représente 6 % du territoire, les 94 % restant étant désertiques. L’Egypte ancienne vivait sous la double loi du Nil et du pharaon, le premier apportant l’abondance grâce à ses crues, le second la gérant. Pharaon était roi du nord et surtout du sud, le Sud des origines, le Sud d’où provenaient les inondations qui déferlaient sur le pays à partir de juillet.

Avant 3 100 avant JC, l’Egypte est divisée en deux grands royaumes : le royaume du nord dont les insignes sont le papyrus, le cobra et la couronne rouge, et le royaume du sud dont les insignes sont la fleur de lotus, le faucon et la couronne blanche.
Vers 3 100 avant JC, le roi Narmer unifie les deux royaumes de Basse-Egypte (nord) et Haute-Egypte (sud) et choisit Memphis comme capitale. La 1ère et le 2ème dynasties (- 3 200 à – 2 800) sont composées par les rois tinites, originaires de Tanis. Trente dynasties vont alors se succéder, réparties entre l’ancien, le moyen, le nouvel et le bas empires. L’ancien empire (- 2 800 à -2 200) comprend les 3è (roi Djoser, dont le premier ministre Imhotep construira à la première pyramide à degré, faite de quatre gradins), la 4è dynastie (dont les pharaons Kheops, Kheprem et Mykerios construiront les pyramides de Gizeh) et les 5è et 6è dynasties (qui construiront les pyramides en calcaire). Le règne interminable de Pépi II (-2 278 à – 2 184) aggrave une économie affaiblie par des mauvaises récoltes et débouche sur la première période intermédiaire (- 2 200 à – 2 000) qui sera une période de guerres, de troubles, de déclin de l’autorité royale et d’anarchie.
Le Moyen Empire débute avec Montouhotep II (11è dynastie, 51 ans de règne) qui réunifie le pays, fait de Thèbes la nouvelle capitale et apporte une stabilité qui permet de reprendre les grands travaux (pyramides en briques). Le Moyen Empire est considéré comme la période classique par excellence de la civilisation égyptienne et celle qui produit les grandes œuvres littéraires (Maximes de Ptahhotep, Instructions pour Kagemni, Maximes de Djedefhor, Admonitions, Instructions pour Mérikaré, Kemit, Sature des Métiers, Contes de Sinouhé, …). Durant la deuxième période intermédiaire (18è au 15è siècle, 13è à 17è dynasties), l’Egypte cesse à nouveau d’être unifiée. Les envahisseurs Hyksos prennent le pouvoir et installent la capitale à Avaris. Amosis (17è dynastie) chassera les Hyksos et réunifiera le pays.
Le nouvel Empire (15è au 10è siècle, 18è à 20è dynastie) sera la période la plus prospère, avec onze Ramsès, quatre Thoutmosis et Toutankhamon. Cependant, la tentative de Akhenaton (nouveau nom de Aménophis IV, 18è dynastie, 1352-1336) de renverser l’ordre religieux traditionnel en remplaçant le culte d’Amon par celui d’Aton, déstabilise le pays et l’amène au bord de la ruine. Comme souvent, c’est un militaire, Horemheb (18è dynastie) qui restaure l’ordre et, après 27 ans  de règne, rend au pays sa grandeur passée.
La troisième période intermédiaire (10 au 4è siècle, 21 à 30è dynasties) sera un temps de désunion qui ouvrira la porte du pays aux Libyens, aux Assyriens et aux Perses (27è dynastie). Ces derniers seront chassés par Alexandre le Grand, arrivé en – 332 avec 30 000 soldats. Les Grecs (13 Ptolémées ayant régné de – 332 à – 30 avt JC), les Romains (7 Cléopâtres ayant régné de – 30 à + 392) et les Coptes (+ 392 à + 641) précèderont la conquête arabe qui surviendra en 641 et comprendra trois grandes dynasties : les Omeyades, les Abbassides et les Fatimides. Ce sera ensuite la période des Mamelouks (1250-1516) puis des Ottomans (1516-1650) puis encore des Mamelouks (1650-1798). Après la période française (1798-1802), puis anglaise (1802-1953), l’Egypte deviendra indépendante avec 5 présidents : le Général Mohammed Néguib (1953-1954), Gamal abd el-Nasser (1954-1970), Anouar el-Sadate (1970-1981), Hosni Moubarak (1981-2011) et Mohammed Morsi (2012-2013). Un régime militaire est depuis en place.

Pour comprendre la profondeur de la religion égyptienne, nous devons nous libérer des préjugés et stéréotypes  qui nous la décrivent comme un capharnaüm de dieux aux monstrueuses têtes d’animaux, détachés de toute réalité humaine. Cela équivaudrait à vouloir pénétrer l’essence de la religion chrétienne en la réduisant à des rites et des représentations imagées.
Nous devons au contraire tenter de comprendre les racines profondes qui ont engendré la religion égyptienne. La religion égyptienne était fondamentalement monothéiste, avec la présence d’un dieu unique, principe absolu et fin de toute chose visible et invisible, et dont les mille visages ne sont que les manifestations du même dieu, comme le sont toutes ses créatures.

Le support de toute la pensée religieuse et la droiture morale du peuple d’Egypte prend sa source dans le mythe d’Osiris, dont le contenu de très haute spiritualité est chargé d’une immense valeur éthique et religieuse, toujours valable pour notre mentalité occidentale sclérosée par le positivisme. A travers Osiris, l’Absolu se fait homme pour rejoindre l’humanité errant hors de l’Eden ; homme pour rendre les hommes conscients de leur propre être et responsables de leur propre vie.
Tué et dépecé par son propre frère, Osiris renaît à la vie éternelle grâce à l’amour infini qui unit le créateur à la créature et qu’incarne Isis.  Le corps d’Osiris restant inerte, Isis bat des ailes pour lui insuffler, grâce à ses pouvoirs magiques, la vie. Isis se fait féconder par Osiris et met au monde Horus qu’elle cachera, avec la complicité de la déesse Hathor, la vache nourricière, dans les fourrés de papyrus du delta pour le protéger de son oncle Seth. Horus, en dépit des violentes protestations de Seth, régnera sur les vivants à la place de son père.Osiris et Isis apportent le témoignage d’amour et de résurrection comme sens essentiel de tout le créé, témoignage donné par le créé lui-même, par le soleil qui disparaît et renaît chaque jour, toujours. Le profond amour qui lie Osiris et son épouse fera de la douce et pieuse Isis la déesse la plus proche du cœur égyptien et la créature la plus humaine et la plus passionnée qui ait été imaginée dans le monde antique. Des temples et des statues lui seront consacrés dans toute l’antiquité égyptienne et le monde gréco-romain.

Le cœur de la vie religieuse était le temple, dédié à un dieu et entretenu par les prêtres. C’était également un centre économique, politique et administratif qui employait un personnel nombreux (prêtres, médecins, professeurs, …). Le temple, qui est le siège du pouvoir divin, symbolise aussi les éléments de l’univers (eau, lumière, étoiles, forêt, et en son cœur, obscurité). Les éléments de l’architecture de base du temple sont :
–    le pylône, formant la façade du temple, est composé de deux môles fermés par une porte monumentale ;
–    la cour à ciel ouvert, partie publique du temple, est entourée de colonnades et de bas-reliefs ;
–    la salle hypostyle, avec ses hautes colonnes à bas reliefs, évoque une forêt et est réservée au clergé ;
–    le sanctuaire, situé tout au fond du temple, constitue le cœur du temple. Il comprend la salle-reposoir de la barque processionnelle et le naos où repose la statue du dieu, à laquelle les prêtres apportent plusieurs fois par jour des offrandes.

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