LE SARI INDIEN

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LE SARI INDIEN
Ce jeudi 26 mai 2016, à la Maison de l’Architecture et du Patrimoine de Basse-Terre, Marie-Josée Mauranyapin-Druesne, surnommée Thykaï, a présenté une exposition et une conférence sur le sari
indien. Guadeloupéenne d’origine indienne, anthropologue et plasticienne, Marie-Josée Mauranyapin est une passionnée de la culture indienne. Partie s’installer en Inde, à Pondichéry, il y a vingt ans, elle revient tous les six mois en Guadeloupe, où elle fait découvrir l’Inde à travers des expositions, conférences, ateliers, … posant ainsi les jalons pour des rapports d’un type nouveau entre Inde et Guadeloupe, à travers une meilleure connaissance des traditions, croyances, rites et aspirations de ce pays dont est issu un cinquième de la population guadeloupéenne
● Histoire
Le Sari (saree) est sans aucun doute le vêtement féminin indien le plus connu et le plus ancien. Porté depuis plusieurs siècles, son histoire se confond presque avec celle de l’Inde. Le Sari est en effet mentionné dans la culture hindoue (littérature, peinture, …) dès 3000 av. J.-C. Il est également porté au Népal, au Bangladesh et au Sri Lanka. Bande de tissu non cousu de 1,20 m de large sur 4 à 9 m de long, et drapé sur le corps, le sari comprend différents styles selon les régions, les castes, les activités, la religion, … Le tissu peut être fait en coton, polyester brillant ou soie imprimée. Le Saree incarne l’essence de la philosophie indienne. C’est parce que le corps est considéré comme le produit central de la création et le symbole de la vie, que le saree participe à la manifestation de cette créativité et de cette vie. C’est parce que le corps est l’expression complète du principe créateur, que le sari, qui enveloppe le corps, participe à cette expression.

● Styles
Les styles de sari sont presque aussi nombreux que les régions de l’Inde. Le « Banarasis Saree » ou sari de Bénarès, la ville sainte de l’Inde, est considéré comme l’un des plus beaux saris en Inde, avec
ses travaux lourds de brocart en or et argent et ses broderies. Les saris de Bénarès ne sont pas seulement une tenue traditionnelle, mais un symbole de fierté, de bonheur, d’union et de célébration
pour les femmes indiennes. Les « Silk saree » (saris en soie), appelés « Paat » dans l’est de l’Inde, « Pattu » dans le sud et « Resham » en hindi, sont célèbres dans le monde entier pour leur design, leur texture, leurs dessins imprimés, leurs couleurs éclatantes et la qualité de leur broderie. Les plus célèbres de ces saris sont ceux fabriqués à Mysore, Kanchipuram et Bhagalpur. Le sari « Chanderi », petite ville située dans le district de Ashoknagar dans l’Etat du Madhya Pradesh, est le sari favori des femmes indiennes. Fait avec un mélange de soie et de coton, il a un poids léger et est très agréable à porter. Le sari « Tant » est celui de l’État du Bengale occidental. Célèbre pour sa légèreté, son confort et son large choix de motifs, couleurs et styles, il a l’avantage de pouvoir être porté dans toutes les occasions, ce qui en fait le sari préférés des femmes bengalies. Les saris « Sambalpuri » sont classés parmi les plus beaux saris en Inde. Produits initialement dans le district de Sambalpur dans l’Etat indien d’Orissa. ils sont tissés traditionnellement à la main, avec des motifs traditionnels tels le shanka (coquille), le chakra (roue), le phula (fleur), … Le sari « Kosa » est l’un des plus beaux saris. La soie Kosa est en effet produite en utilisant des fils d’un type spécial de ver à soie appelé Kosa, spécialement cultivé dans les arbres Arjun, Saja ou Sal des forêts du centre de l’Inde. Ils peuvent être tissés en combinaison avec des fils de coton ou de polyester et coûtent alors moins cher. Appréciés pour leur beauté, leur confort et leur robustesse, les saris Kosa sont portés pour les cérémonies importantes telles que les mariages, les fêtes et
célébrations. Le sari « Nauvari » est un sari traditionnel porté par les femmes dans le Maharashtra (Etat de Mumbai). Dans ce style de sari, le vêtement est drapé puis caché à l’arrière afin de créer l’illusion de
porter des pantalons. Ce type de saree utilise un seul tissu qui mesure 9 yards et, pour cela, est également connu comme le Nauvari (qui signifie neuf yards en marathi) Le « Chiffon Saree » (sari en mousseline de soie) est très populaire en raison de sa bonne qualité, la facilité des pliages, sa disponibilité en une très large variété de couleurs et de broderies. Le sari en mousseline de soie est fabriqué à partir de coton, de soie et de fibre synthétique. Le sari « Georgette » a de nombreux avantages. En soie ou en polyester, il est d’un prix
abordable, offre de nombreuses nuances et travaux ornementaux, est facile à laver et peut être porté dans tous les styles. Parmi sa large
gamme de modèles, on trouve « Jaal Embroidered Georgette », « Designer Georgette Sarees » et « Pure Georgette Sarees ». Le Sari « Net » a été introduit en Inde par les commerçants occidentaux. Contrairement aux saris de soie ou de coton, le sari nets est fait d’une matière ressemblant à un voile. Le tissu du Net comprend des fils noués aux intersections de façon à créer de minuscules trous dans le tissu. Initialement utilisé uniquement pour créer des voiles, il a ensuite servi à confectionner d’autres vêtements. Le sari « Bandhani » utilise une très vielle méthode de teinture du Gujarat, le « tie an dye » (teindre en nouant), largement pratiquées à travers l’Etat ainsi que dans les Etats voisins du Rajasthan et de l’Uttar Pradesh. Le sari « Bandhani » est et continue à rester l’un des vêtements les plus populaires. On le voit souvent dans les films et les spectacles télévisés, en particulier ceux centrés sur les traditions et les cultures de l’Ouest de l’Inde rurale. Les couleurs et les méthodes de teinture varient d’une région à une autre et lui donne un aspect bien distinct. Par exemple, un modèle de noeud unique est appelé « Ekdali », trois noeuds sont appelés « Trikunti » et quatre noeuds « Chaubandi ». Une combinaison de ces modèles de base peut être utilisée pour produire des saris de Bandhej avec des dessins exotiques comme « Dungar Shahi » (montagne), « Boond » (un petit point avec un
centre foncé), « Kodi » (larme) et « Laddu jalebi » (tourbillons). D’autres modèles existent, plus complexes et connus pour leur beauté artistique, comme Leheriya, Mothra et Shikari.
● Techniques de port
Dans l’antiquité, la plupart des drapés étaient des « dhoti », dont certaines formes sont encore portées aujourd’hui, surtout par les hommes. Ces saris sont d’abord noués au milieu de leur longueur
autour de la taille, puis enroulés de chaque côté sur chacune des jambes séparément. Chez les Dravidiens et les habitants de l’Est de l’Inde, la façon de se vêtir d’un sari est le « veshti » qui ne couvre que le bas du corps et est simplement enroulé une fois autour de la taille. Pour les saris Tamouls et les saris du Nord-Est de l’Inde (Bengale, Orissa), le bas est noué comme un « veshti », et le haut simplement rejeté une ou deux fois sur l’épaule, sans enroulement. Les femmes dites tribales préfèrent les saris noués au-dessus de la poitrine. Toutefois, la plupart de ces styles montrent l’influence locale des drapés non-tribaux. Le drapé moderne, celui qui se répand le plus au détriment des autres, fait partie de la famille des « nivi ». Ces saris sont enroulés en spirale du bas vers le haut et comportent un plissé important sur le devant. On remarque que les différents styles de saris correspondent très étroitement à l’appartenance ethnique. Dans un même lieu, on peut trouver des drapés portés par des castes différentes. Par exemple dans le Tamil Nadu, les femmes Brahmanes drapent leurs saris dans des styles apparentés au dhoti (enroulés autour des jambes) alors que les autres portent des saris qui ont évolué du veshti (droit) . Cette différence dans le vêtement permet de savoir de quelle caste est la personne, et donc quelle est sa place dans la hiérarchie sociale. C’est bien pour cette raison que ces drapés
traditionnels sont de moins en moins portés aujourd’hui.
● Industrie du sari
La fabrication du sari est un des métiers les plus anciens de l’Inde. Aujourd’hui, la survie de cet art est de plus en plus menacée par la
concurrence des machines et des importations. Le sari de Bénérès en est l’exemple type Benares. Depuis des siècles, les saris de Bénarès (connue aussi sous le nom de Vanasari) symbolisent l’élégance vestimentaire. Pourtant, l’existence des tisserands de Bénarès est en plus en plus précaire. Les artisans craignent en effet la disparition de leur artisanat d’ici une génération en raison de la fabrication industrielle et de la concurrence chinoise. Seule l’intervention de l’Etat peut protéger leur métier vieux de plusieurs siècles. Varanasi, ville sainte où des millions de visiteurs viennent chaque année se baigner dans les eaux sacrées du Gange, est également réputée pour la qualité de son sari en soie, fabriqué par des artisans qui peuvent passer 15 à 20 jours à confectionner un sari ou un foulard. Le sari de Bénarès est plus qu’un vêtement. C’est un art, une culture, un patrimoine, hélas menacé de disparition. Les ouvriers travaillant dans des usines peuvent gagner plus du double que les artisans, car leur revenu est fonction de la quantité fabriquée. A la main, on fabrique un mètre de tissu par jour contre environ 10 mètres avec une machine. Il y a dix ans, environ 100.000 métiers à tisser manuels tournaient chaque jour, mais leur nombre a aujourd’hui diminué de plus de la moitié. Inversement, quelque 30 000 métiers à tisser industriels étaient recensés dans la région de Varanasi en 2009 contre 2 000 dix ans plus tôt. L’artisanat séculaire du sari de Vénarès souffre en outre des importations de produits chinois pas chers. Le fil tissé chinois est en effet devenu l’épine dorsale de l’industrie de Varanasi. La soie indienne est de plus en plus un art destiné à un public restreint qui peut se l’offrir. Pour le grand public, il est remplacé par des produits chinois. Un foulard en soie tissé à la main peut valoir plusieurs milliers d’euros, une extravagance seuls quelques rares clients fortunés peuvent se permettre. Les produits industriels perdent leur forme et leur couleur parfois dès le premier lavage mais l’énorme différence de prix pousse les consommateurs à transiger sur la qualité. Les produits faits main sont de meilleure qualité, mais ils peuvent coûter 3.000 roupies là où un produit d’usine est vendu 300. Le sort des artisans du sari est au coeur des joutes électorales, chaque candidat promettant le soutien de l’Etat pour la survie de cet art séculaire.

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