I. Géographie
Situé sur les côtes orientales de la Méditerranée et encadré par la Syrie au nord et à l’est, et par Israël au sud, le Liban a une superficie de 10 452 km², s’étendant sur environ 200 km du nord au sud et sur 50 km de l’ouest à l’est. Malgré sa taille modeste, il comporte des zones géographiques extrêmement diverses.
Le territoire libanais se compose de quatre axes parallèles orientés nord-sud :
– une plaine côtière où se trouvent la majorité des grandes villes (du Nord au Sud : Tripoli, Beyrouth, Saïda et Tyr) ;
– une chaîne montagneuse verte et peuplée qui borde la côte (le Mont Liban) ;
– une plaine inférieure fertile (la Bekaa, irriguée par l’Oronte et le Litani) ;
– une seconde chaîne montagneuse aride (l’Anti-Liban).
La zone côtière, très étroite et découpée, s’étend du nord au sud et se caractérise par des falaises et des plages de graviers. Elle rassemble les villes principales.
La chaîne du Mont Liban culmine à 3 089 mètres au Qurnat as Sawda.
La plaine intérieure de la Bekaa, d’une largeur allant de 3 à 7 km, se situe entre la chaîne du mont Liban et celle de l’Anti-Liban. La plaine est parcourue par deux fleuves, l’Oronte, qui se dirige vers le Nord, et le Litani qui coule vers le Sud. C’est une importante région de production agricole et vinicole. Les pentes de cette vallée sont très douces, avec une crête située près de Baalbeck à 1 100 m, où la plaine se mêle aux contreforts de l’Anti-Liban.
La chaîne montagneuse de l’Anti-Liban, située à l’est du pays et marquant la frontière avec la Syrie, est un plateau désertique culminant à 2 300 m d’altitude.
La population du Liban est estimée à 4 millions d’habitants, répartis entre chrétiens (42 %) et musulmans (57 %). Les principales villes du pays sont Beyrouth (1 500 000 habitants), Tripoli (250 000 habitants), Sidon (170 000 habitants), Tyr (150 000 habitants) et Nabatieh (100 000 habitants).
II. Histoire
1. Antiquité et Moyen-Âge
Le Liban sera successivement occupé par les Phéniciens (à partir du XVème siècle avant Jésus-Christ), les Assyriens (à partir du VIIème siècle avant J.-C), les Egyptiens, et enfin armées d’Alexandre le Grand (au IVème siècle avant J-C). Durant la période hellénistique, la Phénicie est gouvernée par les Séleucides. En – 64, Pompée s’empare de la grande Syrie (composée du Liban, de la Syrie, de la Palestine et de la Jordanie) qui devient une province de l’Empire romain pendant quatre siècles. De 395 (partage de l’Empire romain) à 634, le Liban est sous domination byzantine. A la suite de la conquête arabe et de la prise de Damas en 635, le Liban est gouverné par les dynasties omeyyade (660 à 750), abbasside (749-1258) et fâtimide (909-1171).
Après avoir pris Jérusalem en juillet 1099, les croisés occupent les villes de la côte libanaise, mais en sont chassés par Saladin après qu’il eut pris Jérusalem en 1187.
Les Mamelouks dominent jusqu’en 1516, date à laquelle ils sont écrasés par les Ottomans. Pendant toute la période ottomane (1516 à 1918), le Liban est une partie de la province syrienne de l’Empire ottoman qui comprend la Syrie, le Liban et la Palestine, partagés en trois vilayet : Damas (constitué de Sidon, Beyrouth, Jérusalem, Gaza et Palmyre), Alep (constitué du nord syrien) et Tripoli (constitué de Hama et de Homs). Ce découpage est maintenu jusqu’en 1861.
Le Mont-Liban est gouverné par les émirs Maan, druzes installés depuis le XIème siècle dans le Chouf, dont le chef, Fakhreddine, fait allégeance aux Ottomans. Fakhreddine 1er est l’émir druze le plus puissant du Liban. En 1590, son petit fils Fakhreddine II devient à son tour émir du Chouf et étend ses possessions territoriales au Liban nord, à la plaine de la Bekaa, à Beyrouth, à Sidon et Tyr, étant ainsi considéré comme le créateur du Liban moderne. Ensuite, les émirs du Liban seront Maan (Melhem, neveu de Fakhreddine II puis son fils Ahmed), puis de la famille Chehab (Béchir Chehab, Haidar, Melhem, Youssef, Béchir II). Arrivé à Alexandrie le 1er juillet 1798, Bonaparte entrent en Syrie en 1899, puis à Jaffa en Palestine, mais échoue devant Acre. Béchir III sera le dernier gouverneur de la famille Chehab.
L’éducation des maronites par les missionnaires français et américains creuse un écart entre eux et les autres communautés et explique le déclenchement en octobre 1841 des combats armés entre druzes et maronites. Les Ottomans interviennent et décident d’administrer directement le Liban.
Le régime du double Caïmacanat (le caïmacanat du nord est administré par un maronite et celui du sud par un druze) perdure jusqu’en 1860, date du massacre des chrétiens par les druzes, lequel déclenche l’envoi d’un corps expéditionnaire français de 7000 soldats. Une convention entre ottomans et puissances européennes précise le nouveau statut du Liban. Beyrouth, le Nord Liban, le Sud Liban et la Bekaa demeurent sous domination turque.
2. Guerres mondiales
Le traité d’alliance du 2 août 1914 entre l’Allemagne et l’Empire ottoman entraîne ce dernier dans la guerre contre la Triple Entente. La fin de la guerre débouche sur l’accord de San Remo du 25 avril 1920 qui attribue à la France et à la Grande-Bretagne des mandats sur la province arabe de l’Empire ottoman et le traité de Sèvres du 10 août 1920 qui détache la province de Syrie de l’Empire ottoman. La création du Grand Liban, proclamée le 1er septembre 1920 par le général Gouraud (haut-commissaire français nommé depuis le 8 octobre 1919), est confirmée par la SDN le 24 juillet 1922. Ce grand Liban est constitué de cinq mohafazats ou départements : ceux de Beyrouth, du Mont-Liban, du Liban Nord, de la Békaa et du Liban Sud.
La France met progressivement en place son administration mandataire et élabore le système institutionnel du Liban : élections au suffrage universel, sénat et chambre des députés, répartition des postes entre les différentes communautés (président chrétien, premier ministre sunnite, président de la chambre chiite).
Le traité franco-libanais du 13 novembre 1936 garantit pour les chrétiens l’indépendance du Liban dans ses frontières de 1920 mais est perçu par les musulmans comme un frein à la réalisation de l’unité syrienne.
Durant la seconde guerre mondiale, les troupes de Vichy s’opposent aux troupes britanniques et aux troupes de la France libre. Les deux parties signent l’armistice de Saint-Jean-d’Acre le 14 juillet 1941.
En septembre 1943, après que les français eurent rétabli la constitution, Bécharra el-Khoury est élu président de la République et Riad es-Solh nommé président du Conseil. Ils créent les deux ministères qui marquent la souveraineté et l’indépendance du pays : celui des Affaires étrangères et celui de la Défense nationale.
Le 7 octobre 1947, le Liban adopte le Pacte national qui partage le pouvoir entre les différentes communautés : les chrétiens maronites obtiennent la présidence de la République, les musulmans sunnites la direction du gouvernement et les chiites la présidence de l’Assemblée.
Le problème palestinien est consécutif à la guerre israélo-arabe de 1948-1949. 100 000 réfugiés palestiniens sont accueillis au Liban, et sont répartis dans environ quinze camps près des grandes villes. Le nombre des réfugiés augmente après la guerre des six jours (1967) et après Septembre noir (1970) à 250 000. Les camps, où sont recrées les organisations politiques et paramilitaires palestiniennes (notamment l’OLP), servent également de base d’entraînement militaire. Des opérations sont ainsi lancées, à partir du Liban, contre Israël, qui attaque le territoire libanais en représailles. Le but israélien est double : lutter contre les Palestiniens et forcer l’Etat libanais à combattre ces derniers. L’accord du Caire de novembre 1969 reconnaît la présence militaire palestinienne au Liban, en échange de quoi l’OLP reconnaît la souveraineté libanaise. Néanmoins, les répercussions liées à la présence palestinienne sont nombreuses pour le Liban : le pays est touché dans sa souveraineté par les actions des Palestiniens et des Israéliens ; la fracture entre les communautés libanaises s’aggrave, les chrétiens (Camille Chamoun, Pierre Gemayel, le président de la République Suleiman Frangié) souhaitant le départ de fedayins soutenus par les musulmans (le druze Kamal Joumblatt).
3. Guerre du Liban
C’est dans ce conteste politique et social très lourd que la guerre du Liban éclate le 13 avril 1975, à la suite de l’assassinat d’un garde du corps de Pierre Gemayel, suivi, en représailles, par le massacre de 27 palestiniens à Aï Remmaneh. Le territoire se partage rapidement entre deux camps : les phalanges armées maronites (Kataëb) créées par Gemayel en 1936, et les nationalistes et progressistes arabes.
La paix ne surviendra qu’en octobre 1989 (accord de Taëf) après que plusieurs épisodes se soient déroulés : conférence de la paix de Riyad en octobre 1976, intervention de l’armée syrienne (dont le pays craint une alliance entre un petit Liban chrétien et Israël) à l’appel du président libanais Frangié, occupation le 14 mars 1978 par Israël du sud Liban (opération Litani), assassinat le 13 juin 1978 du fils de l’ancien président Soleiman Frangié par des phalangistes de Pierre Gemayel, création le 18 avril 1979 par le général chrétien Saad Haddad de l’Etat libre du Liban-Sud en collaboration avec Israël, fondation en juin 1982 du Hezbollah, organisation militaire chiite de résistance à Israël, déclenchement le 6 juin 1982 de l’opération israélienne « Paix en Galilée » contre la présence palestinienne au Liban, ce qui aboutira au départ de l’OLP pour la Tunisie, assassinat le14 septembre 1982 de Bechir Gemayel, suivi du massacre de 3 000 palestiniens de Sabra et Chatila le 16 septembre 1982, accord de paix israélo-libanais le 17 mai 1983, qui sera annulé par le gouvernement libanais le 5 mars 1984, départ en février 1984 des troupes américaines et françaises, à la suite de la mort de 241 soldats américains et 58 soldats français le 23 octobre 1983, guerre de libération de Michel Aoun contre la Syrie.
Le retrait israélien de la zone de sécurité située au Sud Liban le 24 mai 2000 ainsi que la mort du président syrien Hafez al-Assad le 10 juin 2000 (son fils Bachar al-Assad lui succède) modifient la donne au Liban. La contestation populaire dénonce les difficultés économiques, les abus électoraux et la présence syrienne.
Le 12 février 2005, le chef de la sécurité du Hezbollah, Imad Moughnieh, est assassiné à Damas. Le Hezbollah met en cause l’implication d’Israël. Le 14 février 2005, Rafic Hariri et 21 autres personnes meurent lors d’un attentat à la voiture piégée. La communauté internationale qui pointe du doigt la Syrie demande le départ des troupes syriennes du Liban, ce qui se fera en avril 2005. L’enlèvement le 12 juillet 2006 de deux soldats israéliens par le Hezbollah, déclenche un conflit israélo-libanais qui ravagera les deux territoires et les populations civiles.
4. Guerre en Syrie
La guerre en Syrie, déclenchée en mars 2011, entraîne un regain des tensions au Liban entre les communautés chiites et les sunnites à Tripoli et dans la banlieue sud de Beyrouth, ainsi qu’entre les communautés alaouites du nord du pays et les groupes islamistes sunnites qui soutiennent l’insurrection. Le Liban, qui abrite près d’un million de réfugiés syriens, a de plus en plus de mal à gérer les conséquences de la crise syrienne. En effet, le pays sert de base à des groupes insurgés de l’Armée syrienne libre tandis que des unités combattantes du Hezbollah, favorable au régime de Damas, sont intervenues en territoire syrien en 2013. Cependant, les principales forces politiques, qu’elles soient favorables ou non au régime syrien, s’efforcent de limiter les retombées au Liban.